Tout a commencé à Detroit, dans le Michigan. Mes parents n’avaient pas prévu d’avoir des jumeaux. Comme je suis né le premier, j’ai hérité du nom de mon père, accolé d’un « junior », mon frère, lui a eu droit aux prénoms des grands-parents, la famille ayant un petit côté traditionnaliste. Marshall et moi sommes de vrais jumeaux, on a pas vraiment de « lien particulier » comme le voudrait la légende. En revanche, nous sommes du genre plutôt proche et ce, depuis notre naissance. Depuis la fin du primaire, les gens ne m’appellent que Billy. Enfin, sauf mon père qui se contente la plupart du temps de gueuler « Junior ». L’horreur.

L’éducation traditionnaliste, la messe les dimanches… J’ai toujours détesté ça. Je n’étais pas du tout croyant et, pour être honnête, se lever aux aurores le dimanche matin, ça n’a jamais été mon fort. Mais bon, il fallait bien que je fasse pénitence pour toutes les bêtises que je pouvais faire et dans lesquelles j’entrainais mon frère… Je crois bien avoir fait toutes les bêtises qu’il était possible de faire et Marshall se contentait de me suivre, voire même de me couvrir de temps en temps. A l’école, j’étais plutôt dans les élèves moyens – surtout dans les dissipés – quelques fois avec Marshall nous échangions nos places, pour le plaisir de faire tourner en bourrique les professeurs. Cependant, mon frère et moi nous trainions rarement ensemble à l’école.

Nos dons se sont fait connaître vers nos treize ans. Marsh’ jouait avec notre chien – quand je parle de famille cliché… – et moi j’étais en train de jouer avec des pétards. Le briquet que j’avais fauché à William Senior avait des ratés, il était sans doute vide. Et tout d’un coup, une flamme a fusé. Je m’en suis cramé les doigts, même. Marsh’ a toujours pensé que mon don était lié à mon foutu caractère… C’est sans doute pas faux. On a gardé ça pour nous et on a appris à se gérer tous seuls, comme des grands. Bien sûr il y a eu des dérapages, surtout moi, mais jamais rien de dramatique. Quand on s’entrainait sur un terrain vague… Marsh’ se faisait toujours un malin plaisir de m’éteindre à grands coups de seau rempli de flotte.

Je n’ai pas poussé mes études très loin. Si j’en avais (peut-être) les capacités, je n’en avais absolument pas l’envie. C’est comme ça que j’ai commencé une formation en mécanique. J’ai toujours été doué dans ce genre de bricolage là. Quand je commençais à avoir un « coup de sang », le seul à réussir à me tempérer était bien mon frère. Il s’arrangeait toujours pour passer me voir au boulot, ce genre de trucs. Il n’appréciait pas certaines de mes fréquentations, mais il savait très bien qu’il ne risquait pas de m’empêcher de voir qui que ce soit.

Cependant, quand on a entendu parler de l’Academy, Marsh’ a voulu y aller, comme ça, sans chercher à en savoir plus. Moi, déjà le concept d’Académie me faisait l’effet d’une foutue douche froide. Hors de question pour moi d’y mettre les pieds comme ça sans en savoir plus. Et pourtant, j’allais pas laisser Marsh’ aller s’y paumer tout seul ! Après tout, nous sommes frères, et de toute façon, je n’avais pas vraiment envie de finir mes jours à Detroit. C’est comme ça qu’on a débarqué à Daytona Beach. Le changement de climat était plutôt radical. Le froid du nord, contre la chaleur du sud et surtout de la Floride. Et puis, la plage aussi. Pendant que Marsh’ se cherchait un boulot de son coté, je fis le tour des garages pour me trouver une place de mécano. Ce ne fut pas compliqué. Mon frère et moi-même prîmes un appart pas trop loin de la plage. Le défaut en tant que mécano mutant, c’était qu’il me fallait me tenir assez éloigné de la concession de Rover, surtout depuis une rencontre plutôt fracassante… entre mon poing et la petite gueule arrogante du fils à papa... Heureusement j’avais un patron plutôt compréhensif.

J’ai rencontré Matterson par hasard, un soir où je trainais au O’Sullivan. Il se fondait plutôt pas mal dans le décor, c’est vrai, mais il avait quand même l’air un peu décalé par rapport au lieu. Un peu paradoxal, à vrai dire. Mais comme une certaine partie de la clientèle se trouvait être quelque peu … surhumaine… sa présence ne jurait pas trop. Au fil de la soirée, on s’est retrouvé à discuter autour d’une bière, de tout et de rien, mais pas mal de l’Academy. Et il me convainquit de ne jamais y mettre les pieds – déjà qu’à la base je n’en avais pas vraiment envie. Depuis, quand je ne bosse pas au garage, j’aide James à récupérer les mutants avant l’Academy. Il m’arrive parfois de me prendre le crâne avec certains des « Super héros », mais j’essaye d’éviter un max, pour ne pas mettre mon frère dans l’embarras.

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