Jeyne et moi parlions des promesses faites à McKnight. Elle devait ne plus se laisser faire et je devais trouver quelque chose à faire de ma vie. Vaste projet pour l’une comme pour l’autre. Surtout pour moi en fait. Elle semblait plus proche de réussir que moi… mais au fond, elle savait ce qu’elle était depuis plus longtemps sans doute.
-C’est ce que tout le monde essaye de faire non ? Donner un sens à sa vie, ce genre de truc.
Je lui souris parce que je trouvais le résumé excellent. Au fond nous étions des mutantes mais nous avions nous aussi toutes sortes de rêves, d’aspirations, d’espoirs, d’envie. Nous n’étions pas réduite à notre particularité. En venir au sens de l’existence, voilà qui avait tendance à faire relativiser les petits accidents de parcours.
-Oui.. je pense que tu as raison, répondis-je tout sourire.
Finalement Jeyne proposa d’aller à la plage. Un jour avant cela m’aurait parut totalement incongru. Moi ? Aller à la plage ? Comme ça pour rien ? Juste pour passer un bon moment ? Dans mon ancienne vie comme dans la nouvelle cela aurait été tout simplement inconcevable. Mais aujourd’hui, je découvrais que finalement ce genre de choses était à ma portée, si j’étais accompagnée d’une personne bienveillante.
Nous allâmes donc sur la plage bondée, chose dont je ne me serais jamais crue capable. Mais j’étais au dessus, enfin, je surnageais, j’avais la tête hors de l’eau, au dessus de la mer j’étais bien. Avec pour m’aider à résister aux profondeurs son esprit tranquille et joyeux comme un soleil de vacances.
Il y eut quelques deuils qui me mordirent les flancs, de la colère, l’inquiétude des parents confrontés aux enfants qui veulent jouer dans l’eau qui soudain ne semble plus si amusante.
Mais ce n’était pas à moi, pas mon histoire même si je sentais tout. J’étais juste avec elle. J’avais tout aussi étrangement oublié comment me sentir mal à l’aise, ou avoir peur de dire une bêtise. J’étais juste bien. On avait marché dans le sable, un peu dans l’eau aussi. On avait rit, parlé, et encore parlé, de tout et de rien, de la mutation mais pas seulement et brusquement je comprenais qu’il existait tout un univers de choses dont je n’avais rien pu apprendre en restant cloîtrée chez moi, un univers où il était permis d’être soi-même. Et de dire quelques bêtises aussi.
Je ne voulais pas que la journée prenne fin, mais il fallut bien s’y résoudre pourtant. Nous échâmes nos numéros de téléphone, et sur le chemin du retour, le cœur en joie, je constatais combien il était facile et doux de se lier avec les gens en réalité.
HJ: ça me va très bien du coup^^