Je résumais rapidement ma vie à  JJ. Le café. Mon père. Sa maladie. Une mère inconnue. Fils unique. Un grand classique. On aurait presque pu croire que c'était l'une de ces histoires que j'inventais sans cesse. Je lui expliquais que j'avais compris que j'étais hors norme lors de la conférence pour le lancement du Projet Chimère.

-T'auras sans doute l'occasion de me trouver casse-pied également...

Mon sourire se fit plus franc. J'aimais quand les gens avaient du caractère. C'était distrayant. Je lui proposais mon aide pour trouver son ami, sans demander rétribution, juste une reconnaissance de dette. Un coup de main futur, si jamais il y en avait besoin. Elle me fixa un instant avant de me serrer la main, avec un rien d'hésitation dans le comportement.

-Je te fais confiance... Si tu trouves Jamie je te serrai redevable et disons que vu l'offre de la chambre, si t'a besoin de quelqu'un dans ton café, pour bosser, je peux faire des heures gratos pour te dépanner, mais fait gaffe je suis pas une esclave et je vais pas me gêner pour t'envoyer te faire foutre si nécéssaire.
- T'inquiètes, j'ai des commis pour jouer le rôle d'esclave.

Moi, moqueur ? Si peu.

- Vendredi soir, il y a un concert. J'aurais peut-être besoin d'extras pour servir.

M'envoyer me faire foutre. Ah, sacré caractère visiblement. Appréciablement changeant de la plupart des gens à ma connaissance.

-Sinon c'est quoi cette Academie donc j'ai cru entendre parler ? C'est un truc pour les "comme nous" ?
- Ouais. Dirigé conjointement - et j'insiste sur le "con" - par le Sénateur Hewitt en personne, le plus grand sympathisant à notre cause. Et par le Commandant McKnight. Le stéréotype du bon soldat loyal à sa patrie qui se reconvertit en flic et en protecteur des nobles causes.

Pouah ! Dans le fond l'idée était bonne, mais que le gouvernement s'en mêle, moi, ça me hérissait totalement.

- Officiellement, c'est pour accueillir les gens comme nous, les aider à se maîtriser et à comprendre que ce sont pas des monstres de foire. La routine.

Personnellement, je n'avais pas eu besoin d'aide. Et ça m'aurait arraché la gueule d'en demander.

-Y a quoi à faire dans le coin? Mis à part le croco-deal ?Si tu me dis que c'est le seul truc branché je me casse d'ici ... Sans vouloir te vexer...
- T'as le O'Sullivan, mon principal concurrent. Ambiance Irish garantie. Bien sur t'as le circuit, mais pas d'évènements avant un petit bout de temps, il me semble. Le Spirit of Saint Louis, si t'aime le genre brasserie. L'habituelle clique de commerces, cinoches, restos, boites de nuit. Le port, la plage, la Tiger Bay State Forest. Plus tu dois avoir les casinos en bord de mer. La fête foraine. Daytona Beach dans toute sa splendeur.

Une grande ville comme tant d'autres. Un subtil - ou pas - mélange de Las Vegas et Miami - Horacio Caine (les experts xD) en moins.

-Oh et puis si tu me montrais mon nouveau logis 5 étoiles ?
- Si pour toi un 5 étoiles c'est la baraque d'un célibataire,  bouge ton cul, on est partis !

Je m'embarrasse rarement de cette chose qu'on appelle diplomatie. Surtout que je doutais que JJ soit du genre à apprécier les grosses tournures de phrases mondaines. Une chance pour moi, j'étais à pieds, mais je ne vivais pas trop loin. En "sentimental" j'avais gardé le pavillon dans lequel j'avais grandi, malgré l'absence de mon père. J'aimais cet endroit. Et les souvenirs qui l'imprégnait. Nous y fûmes en une dizaine de minutes. J'ouvris la porte et laissais passer Jordana.

- Au fond du couloir, t'as la salle de bains, la porte à gauche c'est la chambre d'amis, donc, tes quartiers. Les deux autres portes, ma chambre et mon bureau. Et ce dernier est zone interdite.

En vérité, c'était plus le bureau de mon père, mais c'était sacré. Personne n'y allait en dehors de moi. Et la porte était toujours verrouillée. Parano moi ? Seulement pour certaines choses.

- Tu veux boire un truc ? Bière, coca, café, eau ?

Pour ma part, j'allais me prendre un soda. Paradoxalement, pour un patron de bar, je ne buvais pas des masses d'alcool. Je n'aimais pas trop baisser la garde.

- Oh, tant qu'on y est... Compte pas sur moi pour faire le ménage derrière toi. Chacun sa merde, pas vrai ?

Après m'avoir bien fait comprendre sur le fait d'être une esclave, il me fit savoir qu'il avait déjà des comis pour ce rôle ce qui m'arrâcha un sourire. Pour répondre à ma question suivante qui était à savoir si des trucs un peu plus "vivant" que le champs des oiseaux se déroulaient en ville, y'avait déjà un concert ce vendredi où il aimerait bien que je bosse un peu. Il m'expliqua ce qu'était "L'académie", ce qui me semblait potentiellement un truc politique presque tout droit tiré de X-men. Encore un peu et il me sortait que le bras droit d'Obama c'était Mr.Boule de poil... puis j'eus droit à la liste en règle des choses à faire dans le bled. Un pub Irish et d'autre truc douteux que j'étais pas convaincu de kiffer. Je lui demandai donc narquoisement de me montrer mon nouveau palace 5 étoiles.
- Si pour toi un 5 étoiles c'est la baraque d'un célibataire, bouge ton cul, on est partis !

Je me levai et me fis craquer la nuque et m'étirai. Baraque d'un célibataire ou bien celle d'un pauvre père de famille ... Tout pouvait me parraitre 5 étoiles.

-Bah ... Si y a pas de rat et qui nous mouille pas sur la tête les jours de pluie ce sera 5 étoiles pour moi. dis -je en riant.

Je riais, mais c'était tristement ce que je connaissais depuis plusieurs années,mais ça ne m'enmerdais pas. Une dizaine de minutes plus tard nous arrivâmes. Il ouvrit la porte et me laissa passé. Je restai stoïque derrière lui, alors qu'il me dirigeait à vue de nez.

- Au fond du couloir, t'as la salle de bains, la porte à gauche c'est la chambre d'amis, donc, tes quartiers. Les deux autres portes, ma chambre et mon bureau. Et ce dernier est zone interdite.

-Mes quartiers.. repris-je en pouffant de rire. Tu chie pas plus haut que ton cul là ? ... Ma chambre aurait suffis tu sais.

Disons que le langugae modeste sortie du cul de sa majesté la reine,m'avait légèrement pas croisée à l'apprentissage de la langue. Il se tourna vers moi.

- Tu veux boire un truc ? Bière, coca, café, eau ?

Je hochai négativement de la tête alors qu'il se prit un soda.

- Oh, tant qu'on y est... Compte pas sur moi pour faire le ménage derrière toi. Chacun sa merde, pas vrai ?

J'haussai un sourcil, affichant une fausse moue déçue et haussai les épaules.

-Je suis déçue là ! Je t'offre des heures gratos et t'es pas foutue de faire 2 ou 3 brassée de linge semaine, un peu de vaisselle chaque soir ?

Je soupirai et roulâmes des yeux.

-Moi qui croyait que tu allais me torcher quand j'allais finir de faire poop au chiottes...

Je tentai de gardai mon sérieux un peu, mais je fini par éclater de rire.

-T'inquiète pas va ! Je suis pas trop du genre à m'éparpiller. J'aime bien tout avoir à porter de main, surtout quand je ne sais jamais pour combien de temps je reste. C'est plus, disons... pratique ...

Quand ta l'habitude de te faire la malle à chaque levé de soleil, t'es pas la personnes qui se balade avec le plus de truc en ville. Je repris un air un peu plus sérieux.

-Merci pour tout ! Ce sera parfait .

Je le laissai derrière un peu pour aller voir de quoi cette fameuse chambre avait l'air. C'était que curiosité. J'ouvris donc la porte et déposâmes mon sac dans un coin. C'était simple, unisexe et sans artifice. Ça me plaisait bien. De la fenêtre on avait la vue sur la mer et il n'y avait pas de voiture vraiment passante donc le bruit était absent. Ça allait être le plus génial. Je fis comme chez moi quelques instant et me sortit des fringues propres, puis me dirigeai vers la salle de bain. Je verrouillai derrière moi avant d'enlever mes vêtements de second ordre, puis je fis coullai l'eau chaude et me glissai sous la douche. Ça c'était la grande classe. Une fois propre je sortis ,mais restai un peu l'air con en cherchant les serviettes. J'ouvris donc l'armoire fasse à moi, la logique quoi. Après m'être enroulé d'une serviette sec et propre, parce que vous avez pas idées de l'importance de ses dex petits mots. Je ne puis m'empêcher d'ouvrir le flacon qui se trouvait devant moi et en renifler un peu . L'odeur du parfum des hommes me rendaient dingue . Je replaçai le tout et passai des vêtements. Un débardeur blanc, un capri militaire noir et blanc et les cheveux lissé vers l'arrière. Je laissai le reste de mes effets sur la commodes de ma chambre avant de retourner le voir dans le salon.

-Désolé, mais t'a pas idée ça fait combien de temps que je n'ai pas pu me doucher sans devoir compter jusqu'à 60 pour savoir mon temps d'eau chaude.

Vivre en cavale c'était pas la mort, mais c'était pas non plus le luxe , même loins de là.

-Alors, t'a grandis ici ? demandais-je en regardant autour de moi.

C'était chouette comme endroit. Le genre d'endroit que je n'aurais pas voulu quitter non plus.

-Si ça te gêne pas ... Il est arrivé quoi à tes vieux pour que t'en parle au passé ?

Je regardai autour de nous et vîmes un cendrier. Je jugeai donc que je pouvais fumer à l'intérieur. Je sortis mon paquet et lui tandis à savoir s'il en voulait une, puis je m'allumai... à main nue. D'un sourire espiègle, je laissai surgir une flamme du bout de mon doigt pour l'allumer également. (attend je sais même pas si tu fumes ... au pire t'efface ce bout lol) Je me callai ensuite dans le sofa.

-Alors ...Baraque de célibataire, donc pas de mômes, pas de mademoiselle Chad et visiblement aucune touche féminine dans les parages... Y' a une raison ou ce n'est qu'un choix ?

J'avais prévenue que j'étais casse-pieds, mais je préferais poser des questions et connaître mon nouveau coloc, plutôt que d'être le souffle qui coupe un silence de mort en deux.

-Mes quartiers... Tu chie pas plus haut que ton cul là ? ... Ma chambre aurait suffis tu sais.

Je levais les yeux au ciel.

- Je suis un artiste, j'ai besoin d'emphase.

Je lui proposais donc, bien plus sobrement quelque chose à boire. Elle me répondit d'un hochement de tête négatif et je sortis donc un unique soda. Avant de lui sortir que j'étais pas la bonniche de service non plus. Elle mima un air déçu.

-Je suis déçue là ! Je t'offre des heures gratos et t'es pas foutue de faire 2 ou 3 brassée de linge semaine, un peu de vaisselle chaque soir ?
- T'as tout compris.

Elle soupira et roula des yeux.

-Moi qui croyait que tu allais me torcher quand j'allais finir de faire poop au chiottes...

Je levai les yeux au ciel. Elle finit par rire.

-T'inquiète pas va ! Je suis pas trop du genre à m'éparpiller. J'aime bien tout avoir à porter de main, surtout quand je ne sais jamais pour combien de temps je reste. C'est plus, disons... pratique ...

Optimisé, en effet.

-Merci pour tout ! Ce sera parfait .

Je haussais légèrement les épaules. Ce n'était pas grand chose. Et je n'étais pas un bon samaritain pour autant. Elle alla ensuite explorer la maison. Je bus tranquilement mon soda. J'entendis la douche couler. J'en profitais pour aller relever le courrier. Pubs. Factures. Rien d'intéressants, pour changer. Je feuillerais rapidement les pubs avant de les jeter. Pour les factures... Bah, c'était pour ça qu'on avait inventé les prélèvements automatiques, non ? JJ finit par revenir, vêtue de propre, les cheveux lissés en arrière.

-Désolé, mais t'a pas idée ça fait combien de temps que je n'ai pas pu me doucher sans devoir compter jusqu'à 60 pour savoir mon temps d'eau chaude.

Non, effectivmeent. Et je m'en foutais un peu aussi. Une douche ça restait une douche, non ?

-Alors, t'a grandis ici ?
- Entre ces mêmes murs, ouais.

Je n'avais changé que peu de choses. Ma chambre, pour l'essentiel. Rafraichis les peintures, changé de vaisselle - je brise les assiettes plus vite que mon ombre -, mais guère plus. Ce qui faisait que la maison avait un petit côté old school, qui me convenait très bien d'ailleurs. L'âme de la maison était intacte, en quelque sorte.

-Si ça te gêne pas ... Il est arrivé quoi à tes vieux pour que t'en parle au passé ?
- AVC. Il est pas mort, mais ça aurait peut-être mieux valut. Je me suis occupé de lui un moment, en même temps que je reprenais le Croco'... Mais il s'est vite révélé que je ne pouvais pas faire les deux. Il a choisi de retourner dans son Montana natal, près de sa famille... Je pense surtout qu'il avait honte que je le vois comme ça. Il était venu ici pour ma mère... Parce qu'elle voulait vivre au soleil... Mais ça n'a pas vraiment servi...

Elle regarda autour de nous et sortis une cigarette après avoir repéré le cendrier. Elle m'en proposa une, que j'acceptais. c'est fou, je vois bien Hook fumer le cigare lol. Elle se cala sur le canapé après avoir allumé les cigarettes. En frimant un poil, bien entendu.

-Alors ...Baraque de célibataire, donc pas de mômes, pas de mademoiselle Chad et visiblement aucune touche féminine dans les parages... Y' a une raison ou ce n'est qu'un choix ?

J'eus un demi sourire. Sans aucune joie pour autant.

- J'ai hérité de la capacité de ma mère à se fixer avec quelqu'un.

Sans rire, s'il faut, j'avais peut-être un demi-frère et un beau-père quelque part ici à Daytona Beach. Pas sur que ce soit réjouissant, tiens.

- Et il y a peut-être un ou deux mini-Chad qui se trimballent quelque part (like des Mini Kieran xD)

Je m'en inquièterai le jour où quelqu'un viendrait frapper à ma porte (ou sur ma gueule) en disant "tu te souviens de cette nuit-là ? Ben, voilà ton fils." Je prierais presque pour que ce jour n'arrive jamais. Presque, parce que je ne croyais pas en un dieu quelconque.

- Je te retourne pas la question, vu que t'as passé ton temps à courir, la réponse s'impose d'elle-même. Par contre... Je viens de repenser à un truc... Tu as bien parlé de traqueurs, non ? C'est typique de l'Australie ? Parce que ici personne n'a essayé de me chopper... Et je ne fais pas dans la finesse, niveau utilisation de mon don.

Ou comment détourner la conversation...