A vos marques ! Prêts ? Partez !

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

Le volant vibrait sous mes doigts crispés, le rugissement du moteur résonnait dans l'habitacle, l'odeur du vieux cuir des sièges se mêlait à celle de l'essence, le paysage devenait flou à travers le pare-brise. Les pneus avalaient le bitume à toute allure, l'engin semblait sur le point de décoller. Le souffle court, le cœur battant, je savourais l'instant. De la pure adrénaline. La puissance de la mécanique. La jouissance de la vitesse. Tous les plaisirs que pouvaient offrir une course automobile.

Et l'avantage, quand on était le directeur de la plus grande concession automobile de la région, et personnage publique non-négligeable, c'est qu'on pouvait facilement accéder au circuit auto pour une petite heure de folie.

Il n'y a rien de comparable aux sensations que procurent l'accélération d'un bolide sur une piste de goudron. C'est grisant, exaltant. Le cœur qui bats à cents à l'heure, le flot d'adrénaline qui déferle dans les veines. L'effluve diffuse du danger qui rôde à chaque virage trop serré, à chaque freinage de dernière minute. Mais c'est justement ce danger sans visage, qui attends au tournant, qui est le plus palpitant, le plus fascinant, le plus addictif. Comme une drogue.

Dans une manœuvre osée, je dépassais mon adversaire – pour ce tour de piste – et écrasais la pédale de l'accélérateur avec une ardeur de conquérant. Le moteur hurla, la voiture bondit en avant et traversais la ligne d'arrivée dans un gémissement de pneus brûlants. Sourire aux lèvres, je ralentis progressivement, savourant ma victoire, même si la course n'est qu'amicale. Il est assez rare que je parvienne à avoir le dessus sur Gregory Campbell. Le manque de pratique, certainement, mais mon emploi du temps ne me permettait pas de venir sur la piste aussi souvent que je ne le voudrais.

Je revins tranquillement jusqu'à l'écurie et coupais le moteur avant de laisser l'engin entre les bonnes mains de Harley McQueen, un vrai génie de l'automobile qui n'était d'autre que mon mécanicien en chef. J'ôtai mon casque et m'avançais vers Gregory, qui était déjà arrivé.

- Jolie course ! Fis-je avec un signe de tête.

Je ne fis pas étalage de ma victoire, comme il m'arrivait de le faire. Je n'avais ni le besoin, ni l'envie de notifier ma supériorité devant lui.

- Que dirais-tu d'aller boire un verre dans la loge ?

Nous fîmes un rapide passage par les vestiaires. Je troquais mon uniforme de coureur contre un pantalon de costume noir et une chemise blanche. Un brin de toilette, puis je remontais en compagnie de Gregory jusqu'à la loge VIP, où nous attendait quelques amuses-gueules, en plus de l'habituel petit bar.

- Whisky ? Proposai-je en sortant des verres.

Je nous servis. Par la large baie-vitrée, nous pouvions voir, en contre-bas, deux nouveaux coureurs s'affronter sur la piste. Deux de mes poulains. Nous discutâmes un moment de notre passion commune, jugeant des capacités, des forces et des faiblesses des deux pilotes qui crevaient le bitume en bas. Puis, au bout d'un moment, je finis par demander.

- Qu'est-ce qui te tracasse, Gregory ?

Il eut l'air surpris. Ou voulut paraître surpris.

- Tu as quelque chose en tête. Je le sens. Je l'ai vu à ta façon de piloter. Quelque chose te tracasse.

C'était une affirmation, pas une interrogation. Je croisais son regard.

- Tu peux me parler. Qu'est-ce qui ne va pas ?

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

Après avoir aidé Lyra et une fois assuré qu'elle irait bien si je la laissais, j'avais pris la direction du circuit. Sur ma route, j'avais reçu un message d'Harley qui me prévenait que pour une fois, j'allais pouvoir rouler avec Matthew, ce qui me fit sourire. C'était toujours un plaisir de se mesurer à un adversaire plutôt que de tourner sur une piste comme un poisson dans son bocal. Une fois au circuit, j'étais allé enfiler ma combinaison, puis j'avais pris mes gants et mon casque. Matthew était déjà dans sa voiture alors je le saluais avant de prendre place dans la mienne. Harley vint me dire d'y aller mollo sur la transmission dans les premiers tours, il venait de la recalibrer et préférai que je ne sois pas brusque. J'acquiesçais avant d'enfiler mes gants.

Là, j'étais à ma place. A l'arrêt, le volant vibrait légèrement entre mes mains et le moteur se contentait de ronronner. Les feux nous annoncèrent le départ. Je démarrais en trombe et poussais le moteur dans ses retranchements, pour gagner de la puissance. La vitesse augmentait tandis que l'aiguille des tours moteurs commençait à voir rouge. L'asphalte défilait, avalé par les roues. J'étais dans mon élément mais pourtant je fis des erreurs de conduites qui auraient pu me coûter cher en cours ou même sur un essai. Je jurais dans mon casque. Matthew me talonnait, ce qui était assez épisodique. La sueur me coulait dans les yeux et me démangeait, n'aidant pas à ma concentration. Sur le dernier tour, alors que Matthew me talonnait plus que jamais il tenta une de ces manœuvres qui, si elles ne sont pas exécutées de main de maître, peuvent être plus que dangereuses. J'appuyais un peu trop sur le frein et je sentis l'arrière de ma voiture chasser un peu. Je débrayais, laissant la voiture se réaligner d'elle-même avant de changer de vitesse, puis je pris la direction des stands, m'arrêtant pile à mon emplacement. J'étais déjà sortis et avais ôté gants et casques lorsque Matthew arriva, un sourire satisfait aux lèvres.

- Jolie course !
- Jolie manœuvre.

C'était bien joué, quoi que assez risqué.

- Que dirais-tu d'aller boire un verre dans la loge ?

J'acquiesçai. Nous priment la direction des vestiaires. Une toilette rapide et je me séchais avec la serviette que j'avais laissée dans mon casier et troquais ma combinaison contre mon jeans et ma chemise. Nous prîmes ensuite la direction de la loge VIP.

- Whisky ?
- Avec plaisir.

La piste donnait toujours soif. Le propriétaire de la concession la plus prisée de la ville nous servit. Nous nous postâmes devant l'immense baie vitrée pour regarder les deux pilotes qui se disputaient à présent la piste et discutâmes de leurs capacités. Rodriguez avait la fougue des jeunes inexpérimentés et comblaient ses lacunes par son agressivité, Jefferson était plus posé et plus calculateur. Les deux étaient de féroces pilotes promis à une brillante carrière. Matthew ne laissait rien au hasard.

- Qu'est-ce qui te tracasse, Gregory ?

Je le fixais, faussement surpris : je savais qu'il finirait par me poser une question comme ça, j'ignorais seulement quand.

- Tu as quelque chose en tête. Je le sens. Je l'ai vu à ta façon de piloter. Quelque chose te tracasse.

Il me fixa droit dans les yeux. Imparable.

- Tu peux me parler. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je soupirais avant de prendre une gorgée de mon verre. Un vieil alcool de grande qualité. Rover ne se refusait rien.

- J'ai rencontré une fille. Une jeune mutante. Une empathe.

Je posais mon verre sur une des tables de la loge.

- Elle n'avait pas l'air dangereuse, Matthew. Juste paumée, comme n'importe quelle ado ! Et si on se trompait ? Et si ça n'était que des gens comme nous avec leurs points forts et leurs points faibles et non pas des monstres ?

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

Je sentais que quelque chose tracassait Gregory. Non pas que ce soit clairement visible, après tout, il s'efforçait de masquer son trouble, il était avocat et pilote amateur dans mon écurie. Il avait donc de bons nerfs, c'était un fait. Mais pour qui à l'habitude des intrigues, quelles soit commerciales ou politiques, chaque détail à son importance. Et l'instinct fait le reste.

- J'ai rencontré une fille. Une jeune mutante. Une empathe.

Il avait assez vite répondu, se contentant d'un bref soupir d'hésitation et d'une gorgée d'alcool pour gagner une ou deux seconde de temps. C'est dire que son tracas devait être conséquent pour abaisser ses barrières et se confier aussi tôt. Ou alors c'est que sa confiance en moi suffisait. Après tout, j'étais en grande partie celui qui lui avait ouvert les yeux sur la menace mutante. Et comme bien souvent ces dernières années, ce sujet était le cœur de tout.

Gregory posa son verre et se tourna vers moi.

- Elle n'avait pas l'air dangereuse, Matthew. Juste paumée, comme n'importe quelle ado ! Et si on se trompait ? Et si ça n'était que des gens comme nous avec leurs points forts et leurs points faibles et non pas des monstres ?

Je ne m'attendais pas à cela. Même si, bien évidemment, je n'en montrais rien.

- Bien sûr que les mutants ont leurs points faibles. Ce sont des monstres, pas des dieux. Ils ne sont pas invincibles. Sinon l'humanité n'aurait plus qu'à se tirer une balle en pleine tête.

Je portais mon verre à mes lèvres et laissai glisser l'alcool dans ma gorge. En fait, j'aurais du m'en douter. Gregory était jeune et surtout, inexpérimenté. Il était normal, logique même, qu'il doute. Le doute fait parti de l'apprentissage. Et c'est quand vous cessiez de douter que vous pouvez être sûr de vous tromper, d'être sur la mauvaise voie.

- Cette fille t'as dit être une empathe. A-t-elle développé ? Donné plus de précisions ? Qu'est-ce qu'est vraiment l'empathie ? "La capacité à percevoir les émotions d'autrui" est certainement la première définition qui te viens à l'esprit. Mais il faut chercher plus loin. Ne perçoit-elle que les émotions, ou est-elle capable de saisir le fonctionnement de ton esprit, les réflexes internes qui régissent ton raisonnement ?

J'étendis la main devant moi, comme pour démontrer une évidence.

- Et on arrive à un premier méfait. De quel droit cette personne se permet-elle de fouiller dans ta tête ? Et elle ne se contente pas de violer tes pensées conscientes - qu'avec un peu de volonté et de travail, tu pourrais contrôler et donc protéger - non, cette personne plonge directement dans tes pensées inconscientes, dans tes émotions les plus profondes et les plus personnelles.

Je marquais une pause, pour éteindre le feu de la colère qui commençait à couver en moi. C'était exactement à cause de ce genre de choses que je m'opposai aussi farouchement aux mutants. Mais je ne devais pas me laisser contrôler par ma colère. Je suis le maître de mes émotions et non pas le contraire.

- Nous portons tous un masque, Gregory. Parce que nous le voulons, parce que nous le devons. C'est la société que veut ça. Or cette personne se permet de regarder dessous, sans ton autorisation.

Nouvelle pause.

- Or, je ne peux imaginer un viol plus cruel de ton intimité.

Je me raclai la gorge et une but une nouvelle gorgée d'alcool.

- Mais ça ne s'arrête pas là. Qui te dit que cette personne, cette empathe, n'est pas aussi capable d'influencer les émotions d'autrui ? Or influencer les émotions revient à influencer nos jugements. Ne t'es-t-il pas venu à l'esprit que cette fille avait pu te manipuler ?

Je laissai mes mots résonner dans la pièce, porteurs de toute la menace qu'ils sous-entendaient. Puis un léger sourire déforma mes lèvres et je repris, d'une voix douce :

- Rassures-toi, je doute que cette adolescente ait pu altérer ta personnalité. S'il doit y avoir un seul point sur lequel je suis en accord avec McKnight et ces idiots du gouvernement, c'est que la mutation provoque l'apparition d'une capacité anormale, et non pas d'un super-pouvoir. Un super-pouvoir est spontané, on l'utilise comme on respire. Un capacité, anormale ou non, doit être travaillée avant d'être maîtrisée. Cette fille, si elle est aussi jeune que tu sembles le sous-entendre, n'est sans doute pas encore capable d'utiliser son empathie ainsi, même si on ne peut être sûr de rien.

Je m'avançai vers la baie vitrée, où les pilotes avaient cessé de tourner sur le circuit. Je pouvais les apercevoir, petites silhouettes, qui discutaient avec McQueen.

- Cette fille que tu as rencontré n'est peut-être pas encore dangereuse. Mais elle le deviendra. Ou peut-être l'est-elle déjà, sans qu'elle le sache.

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

J'avais tout déballé d'un coup, après une simple gorgée de whisky. Il n'y avait pas grand chose à dire, je n'étais pas non plus entré dans les détails. J'étais... perplexe. Il y avait tant de choses qui se bousculait dans ma tête depuis que j'avais rencontré Lyra. En parler à Matthew me semblait une bonne chose.

- Bien sûr que les mutants ont leurs points faibles. Ce sont des monstres, pas des dieux. Ils ne sont pas invincibles. Sinon l'humanité n'aurait plus qu'à se tirer une balle en pleine tête.

Je n'avais rien vu de monstrueux chez Lyra... Bien au contraire. J'avais plutôt eu l'impression que c'était l'humanité qui était monstrueuse. Une fois de plus, je me trouvais à ... chercher mes mots. Il but à son tour et je restais muet, ne sachant quoi dire.

- Cette fille t'as dit être une empathe. A-t-elle développé ? Donné plus de précisions ? Qu'est-ce qu'est vraiment l'empathie ? "La capacité à percevoir les émotions d'autrui" est certainement la première définition qui te viens à l'esprit. Mais il faut chercher plus loin. Ne perçoit-elle que les émotions, ou est-elle capable de saisir le fonctionnement de ton esprit, les réflexes internes qui régissent ton raisonnement ?

J'acquiesçais.

- Elle a... su que je... compartimentais les choses. Que je ne laissais rien ou presque au hasard. Elle a apprécié le fait que mon esprit ne soit pas chaotique.

Je trouvais étrange d'expliquer cela. Ce n'était pas comme exposer un cas devant la cour, ou encore parler mécanique... Enfin, si, mais c'était une mécanique particulière, si on pouvait dire ça comme ça. Matt tendit la main devant lui.

- Et on arrive à un premier méfait. De quel droit cette personne se permet-elle de fouiller dans ta tête ? Et elle ne se contente pas de violer tes pensées conscientes - qu'avec un peu de volonté et de travail, tu pourrais contrôler et donc protéger - non, cette personne plonge directement dans tes pensées inconscientes, dans tes émotions les plus profondes et les plus personnelles.

Je fronçais légèrement les sourcils, je n'avais pas vraiment envisagé les choses sous cet angle-là. Il marqua une pause.

- Nous portons tous un masque, Gregory. Parce que nous le voulons, parce que nous le devons. C'est la société que veut ça. Or cette personne se permet de regarder dessous, sans ton autorisation.

Je bus une nouvelle gorgée de mon verre. Un masque. Oui, j'en avais l'habitude. Celui-là même qui faisait que Jay me traitait de vieux coincé, ou de barbon moralisateur...

- Or, je ne peux imaginer un viol plus cruel de ton intimité.

Je fus tenté un instant de protester, mais au moment de parler, aucun mot ne vint. Juridiquement parlant, il avait tapé en plein dans le mille. A aucun moment, Lyra n'avait demandé. Elle avait même avoué qu'elle ne pouvait s'en empêcher. Il se racla la gorge et but.

- Mais ça ne s'arrête pas là. Qui te dit que cette personne, cette empathe, n'est pas aussi capable d'influencer les émotions d'autrui ? Or influencer les émotions revient à influencer nos jugements. Ne t'es-t-il pas venu à l'esprit que cette fille avait pu te manipuler ?
- Elle ne pourrait pas, protestai-je faiblement.

Elle m'avait dit vouloir aider les gens. Faire des choses biens. Elle avait juste eu besoin de mon aide pour ne pas perdre pied...

- Rassures-toi, je doute que cette adolescente ait pu altérer ta personnalité. S'il doit y avoir un seul point sur lequel je suis en accord avec McKnight et ces idiots du gouvernement, c'est que la mutation provoque l'apparition d'une capacité anormale, et non pas d'un super-pouvoir. Un super-pouvoir est spontané, on l'utilise comme on respire. Un capacité, anormale ou non, doit être travaillée avant d'être maîtrisée. Cette fille, si elle est aussi jeune que tu sembles le sous-entendre, n'est sans doute pas encore capable d'utiliser son empathie ainsi, même si on ne peut être sûr de rien.

Il s'avança vers la baie vitrée.

- Cette fille que tu as rencontré n'est peut-être pas encore dangereuse. Mais elle le deviendra. Ou peut-être l'est-elle déjà, sans qu'elle le sache.
- Elle l'est pour elle... Elle ne sait se détacher des émotions des autres.

Je me passais la main dans les cheveux. Avais-je été manipulé ? Je n'en avais pas l'impression.

- J'ai l'impression d'endosser le rôle du méchant. Je n'aime pas ça.

J'étais un homme de justice et quoi qu'on en dise, je ne me perdais pas lorsque je défendais des criminels. Parce que je compartimentais. Parce que je savais ce qui était bien et ce qui était mal. Enfin, je n'en avais plus l'impression.

- Cette ado a condamné l'acte des mutants qui s'en étaient pris à moi. Elle avait l'air sincère.

Ou elle m'avait berné. Mais je peinais à y croire. Je me passais de nouveau la main dans les cheveux. Encore un nouveau tic. Ce n'était qu'une gamine. J'étais un habitué du barreau, je savais reconnaitre quand les gens mentaient... Du moins, c'était ce que je croyais. Un bulldozer était en train de s'attaquer aux fondations de mes perceptions. Si je ne faisais pas gaffe, le monument mental Campbell allait se foutre par terre.

- Comment savoir ce qui est juste ?

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

Après avoir rencontré une jeune empathe qui se donnait des airs de victimes, Gregory doutait de l'authenticité de la menace mutante. Je m'étais donc employé à lui ouvrir les yeux sur les dangers que représentait un tel pouvoir et sur le risque qu'il ait pu être manipulé par cette fille. Je terminai en affirmant qu'une personne comme elle ne pouvait qu'être dangereuse.

- Elle l'est pour elle... Elle ne sait se détacher des émotions des autres.

Il se passa la main dans les cheveux, en un tic nerveux. Le doute emplissait son regard et je pouvais presque sentir ses pensées s'égarer. Il semblait si différent de l'avocat sûr de lui qui était venu me défendre devant la Cour, il n'y a pas si longtemps. Gregory avait du talent, mais il avait encore une part de naïveté en lui.

- Ce n'est pas une excuse. Un pédophile qui ne sait pas contrôler ses pulsions viole des gamins, et c'est mal. C'est puni par la loi. Une empathe qui ne sait pas contrôler son esprit viole la plus profonde intimité de chaque personne qu'elle croise. Le Mal est le même sauf que cette fois-ci, la loi y reste sourde.

À mes yeux, c'était clair comme de l'eau de roche. Logique. Imparable. Mais cela faisait longtemps déjà que je me penchais sur la question des mutants, que j'en débattais jusque tard le soir avec Mila.

- J'ai l'impression d'endosser le rôle du méchant. Je n'aime pas ça.
- « Le rôle du méchant », répétai-je doucement.

Je le fixai un bref instant avant de reprendre.

- Toi-même tu n'y crois pas. Le « rôle ». Il n'y a pas de méchant, ni de gentils dans la vraie vie. Tu as assisté et participé à suffisamment de procès pour le savoir. Il n'y a que des hommes, avec leurs forces et leurs faiblesses. Et il y a les mutants. Eux aussi ont leurs forces et leurs faiblesses, je l'ai déjà dit. Mais ils sont dangereux. Ils ne le font peut-être pas exprès, mais c'est dans leur nature.
- Cette ado a condamné l'acte des mutants qui s'en étaient pris à moi. Elle avait l'air sincère.

Il se passa à nouveau la main dans les cheveux.
Je repris une gorgée d'alcool, le temps de décider par quel angle d'attaque commencer.

- Elle avait l'air sincère, mais tu n'en es pas sûr.

Un simple constat. Il était impossible de juger de la sincérité de quelqu'un, même avec les humains. Mais, avec les empathes...

- Tu as dit toi-même qu'elle ne savait pas se détacher des émotions des autres. Ce qui veut dire qu'elle a simplement lu en toi, qu'elle s'est appropriée tes sentiments et qu'elle en a déduit qu'elle devait compatir à ton malheur. Et le jour où elle rencontrera ton agresseur, elle lira en lui que tu es un petit merdeux d'avocat qui hait les mutants, et elle le félicitera de t'avoir cogné jusqu'à ce que tu sois presque mort. Les empathes sont des éponges. On ne peut pas faire confiance à leurs jugements.

Je croisai son regard.

- Comment savoir ce qui est juste ?

J'hésitai sur la conduite à tenir. Gregory était assez mature pour comprendre que rien n'est tout noir ou tout blanc, que la réalité se décline dans une multitude de teintes grises. Mais il croyait fermement en la justice, en la loi. C'était son monde, son univers, sa vie. Or la loi n'est pas toujours juste. Et la justice n'est pas souvent couverte par la loi. Lui faire comprendre ça, lui ouvrir les yeux à ce sujet remettrait en question certaines de ses croyances, de ses certitudes. Et cela lui ferait mal. Cela fait toujours mal de comprendre que ses croyances sont fausses.

D'un autre côté, je ne voulais pas lui mentir. Gregory était certainement ce qui se rapprochait le plus d'un ami pour moi. Je parle d'un véritable ami. Pas d'un collègue, d'une connaissance ou d'un vague copain.

- Je ne sais pas, finis-je par dire à voix basse. Il n'y a pas de formule magique pour décider qu'une telle chose est juste ou injuste. La notion même de justice peut parfois être subjective. La loi est là pour aider, mais...

Je haussai les épaules.

- Au final, tu es le seul à même de décider de ce qui est juste, en te basant sur des faits, sur tes réflexions et sur ton code de moralité.

PS : Lyra, si tu passes par là, je n'ai rien contre toi, c'est juste mon perso qui est comme ça Wink

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

J'étais un peu, beaucoup, perdu avec cette histoire. Je ne savais pas trop ce que je devais penser. J'avais l'impression d'endosser le rôle du méchant. Je ne voyais pas en quoi Lyra pouvait être dangereuse. Elle semblait si fragile !

- Ce n'est pas une excuse. Un pédophile qui ne sait pas contrôler ses pulsions viole des gamins, et c'est mal. C'est puni par la loi. Une empathe qui ne sait pas contrôler son esprit viole la plus profonde intimité de chaque personne qu'elle croise. Le Mal est le même sauf que cette fois-ci, la loi y reste sourde.

Je soupirais avant de dire que j'avais l'impression d'endosser le rôle du méchant. Matthew répéta doucement les derniers mots de ma phrase, ce qui m'interpella un peu. Ce n'était pas trop son genre de reprendre le discours des autres, comme ça.

- Toi-même tu n'y crois pas. Le « rôle ». Il n'y a pas de méchant, ni de gentils dans la vraie vie. Tu as assisté et participé à suffisamment de procès pour le savoir. Il n'y a que des hommes, avec leurs forces et leurs faiblesses. Et il y a les mutants. Eux aussi ont leurs forces et leurs faiblesses, je l'ai déjà dit. Mais ils sont dangereux. Ils ne le font peut-être pas exprès, mais c'est dans leur nature.
- Cette ado a condamné l'acte des mutants qui s'en étaient pris à moi. Elle avait l'air sincère.

Je me passais la main dans les cheveux et il prit une gorgée de son verre avant de reprendre la parole. Tu as dit toi-même qu'elle ne savait pas se détacher des émotions des autres. Ce qui veut dire qu'elle a simplement lu en toi, qu'elle s'est appropriée tes sentiments et qu'elle en a déduit qu'elle devait compatir à ton malheur. Et le jour où elle rencontrera ton agresseur, elle lira en lui que tu es un petit merdeux d'avocat qui hait les mutants, et elle le félicitera de t'avoir cogné jusqu'à ce que tu sois presque mort. Les empathes sont des éponges. On ne peut pas faire confiance à leurs jugements.

Je restais muet. Son discours était sensé. Mais je n'arrivais pas à voir Lyra en "méchante". Pas avec ce qu'elle avait dit. Etait-ce cela que je voulais entendre ? Réellement ? Qu'elle ne voulait pas cautionner les agissements des autres mutants ? Plus pour moi même que pour Matt, je demandais ce qui était juste.

- Je ne sais pas. Il n'y a pas de formule magique pour décider qu'une telle chose est juste ou injuste. La notion même de justice peut parfois être subjective. La loi est là pour aider, mais...

Il haussa les épaules.

- Au final, tu es le seul à même de décider de ce qui est juste, en te basant sur des faits, sur tes réflexions et sur ton code de moralité.

J'eus un petit sourire.

- Les faits me font dire qu'il y a du bon et du mauvais en chacun d'entre nous. Que ce qui compte c'est ce que nous faisons. Mes réflexions et mon code moral me font dire qu'il faut faire ce qui est juste et qu'aucun crime ne devrait rester impuni. Mais je suis un avocat, pas un juge, ni un magistrat d'aucune sorte, donc, révolutionner le monde... Ce sera sans doute sans moi, fis-je avec un petit sourire amusé.

C'était un peu plus clair dans mon esprit à présent. Matthew était doué pour ça. Et dire que ce gars se contentait de vendre des voitures ! C'était dingue ! Il aurait sans doute pu embrasser une carrière politique et s'en tirer haut la main.

- Je crois qu'il ne devrait pas y avoir de traitement de faveur pour les minorités. Un crime reste un crime, qu'on lui colle une étiquette de "bonne cause" au cul ou non. Personne n'a le droit de lire nos pensées sans notre accord, c'est peut-être la seule chose qu'il nous reste - merci la NSA au passage.

Je terminais mon verre et soupirais, mais cette fois-ci c'était un "bon" soupir.

- J'espère juste que les autorités compétentes s'en rendront compte assez vite. Je ne crois pas que faire justice soi-même soit une solution.

Même si ça pouvait être tentant. Mais je croyais peut-être trop en la loi. C'était mon éducation et ma vie. Je pourrais peut-être en toucher deux mots à mon père, d'ailleurs. Il était plutôt influent dans le milieu. ça faisait du bien d'avoir quelqu'un avec qui parler de choses aussi sérieuse. Jay s'esquivait toujours d'une pirouette. Harley n'était pas un grand débatteur.

- Eh bien, j'imagine qu'il va falloir apprendre à se blinder l'esprit contre les mutants. En attendant que la machine grippée de la justice se mette en route.

Apparemment, je savais déjà à peu près faire. C'était un peu comme un mur mental. Ben voyons, après le mur facebook, le mur dans ta tête. Question crédibilité, on repassera... (tentative de blague, indeed).

- J'espère parvenir à avoir ne serait-ce que la moitié de ta sagesse un jour, l'ami. Et ce jour-là, je pense que le monde n'aura pas fini d'entendre parler de nous.

Ou peut-être pas. Mais les conversations seraient prometteuses.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

Nous en étions venus à parler de justice. Seulement ce qui est vraiment juste n'est par forcément ce qui est statué par la loi. La justice est le plus souvent subjective, elle se plie aux réflexions et au code moral de chacun.

- Les faits me font dire qu'il y a du bon et du mauvais en chacun d'entre nous. Que ce qui compte c'est ce que nous faisons. Mes réflexions et mon code moral me font dire qu'il faut faire ce qui est juste et qu'aucun crime ne devrait rester impuni. Mais je suis un avocat, pas un juge, ni un magistrat d'aucune sorte, donc, révolutionner le monde... Ce sera sans doute sans moi.

Gregory avait un petit sourire amusé. Je le laissai poursuivre sans rien dire, souhaitant connaître la suite de son raisonnement.

- Je crois qu'il ne devrait pas y avoir de traitement de faveur pour les minorités. Un crime reste un crime, qu'on lui colle une étiquette de "bonne cause" au cul ou non. Personne n'a le droit de lire nos pensées sans notre accord, c'est peut-être la seule chose qu'il nous reste - merci la NSA au passage.

J'acquiesçai d'un air entendu. Nous étions déjà tellement surveillés au sein de notre société. Et voilà que les mutants s'en mêlaient. La menace qu'ils représentaient était réelle. Gregory termina son verre avant de reprendre.

- J'espère juste que les autorités compétentes s'en rendront compte assez vite. Je ne crois pas que faire justice soi-même soit une solution.

J'avais envie de répondre que cela dépendait des circonstances. Mais Gregory était trop accroché à la loi pour accepter un tel raisonnement.

- Ce n'est certes pas cela qui résoudra véritablement le problème. Seulement les autorités ne sont pas prêtes à reconnaître la réalité de la menace mutante. C'est même tout le contraire. Depuis qu'ils ont ouvert cette foire aux monstres, l'Academy comme ils l'appellent, tout le monde vénère les mutants, occultant volontairement le danger qu'ils représentent.

J'attrapai la bouteille de Whisky et proposai d'un geste de le resservir.

- Eh bien, j'imagine qu'il va falloir apprendre à se blinder l'esprit contre les mutants. En attendant que la machine grippée de la justice se mette en route.

Je haussai les sourcils.

- J'espère parvenir à avoir ne serait-ce que la moitié de ta sagesse un jour, l'ami. Et ce jour-là, je pense que le monde n'aura pas fini d'entendre parler de nous.

Je ris.

- Ne me prends pas pour plus sage que je ne suis, Gregory. Et nous n'avons pas besoin de cela pour que le monde parle de nous, ajoutai-je en plaisantant.

Je secouai la tête avant de reprendre.

- Je doute qu'apprendre à se "blinder l'esprit", comme tu dis, suffise. Nous sommes démunis face aux capacités des mutants. Et attendre... Attendre ne me suffit pas. Je veux agir.

Je croisai son regard.

- Rassures-toi, je n'ai pas l'intention de me lancer dans une révolution sanglante et insensée. Mais on peut agir autrement, pour essayer de faire changer les choses. C'est à ça que sert la nouvelle fondation de Mila. Je t'en avais peut-être déjà parlé ? White Lullaby n'est officielle que depuis peu.

Je repris une gorgée d'alcool.

- Il y a régulièrement des "incidents" avec les mutants, tu le sais aussi bien que moi. Et la plupart du temps, lorsque les autorités interviennent, c'est pour venir en aide au mutant, plaider qu'il n'est pas responsable et l'emmener dans leur Academy pour en faire des êtres en pleine possession de leurs moyens, et donc encore plus dangereux. Mais le pire est que les véritables victimes, et leurs familles, sont laissées à l'abandon. Ils ne reçoivent aucune aide, aucun dédommagement alors que la plupart en ressortent marqués, troublés, voire même mutilés... White Lullaby s'occupe de ces gens. Les retrouve et leur apporte l'aide et le soutien dont ils ont besoin.

J'écartai les bras.

- Ce n'est pas grand chose, mais c'est un début.

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

// LE LOUP ! LE LOUP ! LE LOUP ! *sort*

Je fis part de mes réflexions à Matt, sur mon interprétation des faits, et mon avis personnel sur la question - grosso modo, on était pas prêt de se sortir le cul des ronces.

- Ce n'est certes pas cela qui résoudra véritablement le problème. Seulement les autorités ne sont pas prêtes à reconnaître la réalité de la m
enace mutante. C'est même tout le contraire. Depuis qu'ils ont ouvert cette foire aux monstres, l'Academy comme ils l'appellent, tout le monde vénère les mutants, occultant volontairement le danger qu'ils représentent.

Il attrapa la bouteille de Whisky et me proposa de me resservir. J'acquiesçai et lui tendis mon verre avant de reprendre la parole. Il avait raison. Les mutants étaient idéalisés. La faute aux Comics j'imaginais. Il rit lorsque j’évoquais sa sagesse.

- Ne me prends pas pour plus sage que je ne suis, Gregory. Et nous n'avons pas besoin de cela pour que le monde parle de nous

J'eus un petit sourire. Il secoua ensuite la tête.

- Je doute qu'apprendre à se "blinder l'esprit", comme tu dis, suffise. Nous sommes démunis face aux capacités des mutants. Et attendre... Attendre ne me suffit pas. Je veux agir.

Je haussais les sourcils. Agir... ça pouvait tout dire et je n'étais pas certain du sens que Matt lui prêtait, même si je doutais que le concessionnaire le plus en vogue de la ville soit un adepte de l'ultra violence.

- Rassures-toi, je n'ai pas l'intention de me lancer dans une révolution sanglante et insensée. Mais on peut agir autrement, pour essayer de faire changer les choses. C'est à ça que sert la nouvelle fondation de Mila. Je t'en avais peut-être déjà parlé ? White Lullaby n'est officielle que depuis peu.
- Il me semble que tu l'avais évoqué, oui.

Pas dans les détail, mais le nom me paraissait familier. Si on excluait ma fatigue, je pense qu'effectivement, il m'en avait parlé. Mais là, mon esprit n'était pas assez performant.

- Il y a régulièrement des "incidents" avec les mutants, tu le sais aussi bien que moi. Et la plupart du temps, lorsque les autorités interviennent, c'est pour venir en aide au mutant, plaider qu'il n'est pas responsable et l'emmener dans leur Academy pour en faire des êtres en pleine possession de leurs moyens, et donc encore plus dangereux. Mais le pire est que les véritables victimes, et leurs familles, sont laissées à l'abandon. Ils ne reçoivent aucune aide, aucun dédommagement alors que la plupart en ressortent marqués, troublés, voire même mutilés... White Lullaby s'occupe de ces gens. Les retrouve et leur apporte l'aide et le soutien dont ils ont besoin.

J'en connaissais un qui avait pris sur la gueule, par rapport aux mutants... Il écarta les bras, un geste un peu dépité.

- Ce n'est pas grand chose, mais c'est un début.
- C'est un bon début même.

C'était même brillant. Ah, Mila... En plus d'être une très belle femme, elle était aussi très intelligente. Je bus une gorgée de mon verre.

- C'est peut-être une question un peu indiscrète, mais... combien y a-t-il eu de personnes retrouvées depuis la création de White Lullaby ?

C'était une curiosité malsaine, certes, mais avoir des chiffres pouvait donner une idée du phénomène, même si on ne pouvait clairement pas retrouver toutes les victimes.

- Si je peux être utile en quoi que ce soit, surtout n'hésite pas.

Mmh... qui sait, peut-être en rouvrant mes livres de droits et en étant attentifs, je trouverais bien quelque chose d'utile !

- Et les pro-Academy n'ont pas fait part de leur mécontentement à ce jour ?

J'imaginais que de toutes façons, ils avaient dû prévoir le coup. Matthew était du genre à ne pas poser une carte sur la table sans être sur d'avoir au moins deux coups d'avances.

- Je rectifie ce que je viens de dire. Je souhaite faire partie de la fondation, si possible. Apporter mon aide et mon expérience, aussi insignifiantes qu'elles soient.

Après tout, que ce soit dans la vie courante ou dans le boulot, je n'étais pas vraiment un vieux sage que l'on allait consulter. Non, j'étais plutôt encore le jeune loup fougueux qui ne savait pas trop comment se canaliser.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

// AAAHHHHOOOOUUUUUUUUUUU !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

J'avais brièvement expliqué à Greg l'existence et la fonction de la nouvelle fondation de Mila, White Lullaby. Le mouvement n'en était qu'à ses débuts, mais c'était déjà ça.

- C'est un bon début même.

Je ne pus m'empêcher de sourire. J'étais fier de Mila sur ce coup-là. J'étais toujours fier d'elle. Elle était juste... fantastique. Toute ma vie. Sincèrement, je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Comme à chaque fois que mes pensées s'égaraient vers Mila, mes yeux pétillaient et mon visage s'éclairait. Je l'aimais comme il n'était pas permis d'aimer.

- C'est peut-être une question un peu indiscrète, mais... combien y a-t-il eu de personnes retrouvées depuis la création de White Lullaby ?

Je balayai ses craintes d'un geste de la main.

- Il n'y a aucune indiscrétion, Gregory. Depuis le début, nous sommes venus en aide à deux familles, ce qui représente cinq à six personnes environ. Mais White Lullaby n'existe que depuis un mois ou deux et il ne nous est pas toujours facile de retrouver les familles en question. Cependant Mila est bien décidée à faire augmenter ces chiffres. Et moi aussi. Car nous savons que les victimes sont bien plus nombreuses.
- Si je peux être utile en quoi que ce soit, surtout n'hésite pas.
- Ce sera avec plaisir, Gregory.

Aucune aide n'était superflue.

- Et les pro-Academy n'ont pas fait part de leur mécontentement à ce jour ?

Je laissais échapper un rire amusé.

- Leur mécontentement à quel sujet ? fis-je en m'installant sur un fauteuil. La question était rhétorique. White Lullaby est une fondation à but non-lucratif qui fonctionne grâce à un système de donations volontaires. Et nous ne faisons aucun mal. Que pourraient-ils nous reprocher ? D'aider des personnes en difficulté ? S'ils avaient la stupidité - l'inconscience ! - de le faire, il suffirait de mêler les médias à l'affaire pour qu'ils se couvrent de ridicule. Je vais même te dire... qu'ils le fassent, ce sera plus bénéfique pour nous que pour eux.

Je repris une gorgée d'alcool.

- De plus, nous prenons toujours soin de ne pas critiquer ouvertement l'Academy - du moins pour l'instant. Nous nous contentons de passer derrière eux et de réparer les dégâts. Dans notre position actuelle, nous sommes intouchables.

Avec Mila, nous avions tout prévu. Nous ne pouvions pas nous permettre d'échouer.

- Je rectifie ce que je viens de dire. Je souhaite faire partie de la fondation, si possible. Apporter mon aide et mon expérience, aussi insignifiantes qu'elles soient.

Je souris, heureux de sa décision. J'avais prévu de lui demander de l'aide. Pas forcément maintenant, plus tard, lorsque la machine serait en marche, oui. Mais j'étais heureux, satisfait, qu'il se propose de lui-même. Et puisqu'il en parlait... J'hésitai une fraction de seconde. Devais-je lui en parler maintenant ? Ou attendre encore un peu ? Mais je pris rapidement ma décision. J'avais confiance en Gregory. Et je n'aurais véritablement besoin de son aide que dans quelques temps. Alors autant le mettre dans la confidence maintenant.

- Ton aide sera précieuse, Gregory. Tes connaissances juridiques pourront nous être utiles.

Je reposai mon verre sur la table basse, et l'invitai à s'asseoir en face de moi.

- Je te demanderai de ne pas ébruiter ce que je vais de dire. Personne, hormis Mila et moi-même, n'est au courant pour le moment. L'objectif final de White Lullaby est de recueillir assez de témoignages et de preuves pour intenter un procès au Gouvernement Américain, ou du moins à l'Academy, pour non-assistance à personne à danger.

Je marquai une brève pause, plongeant mon regard dans le sien. Cette information, c'était une vraie bombe. Et cela devait restait secret, pour le moment.

- J'insistes pour que tu ne parles de cela à personne, du moins pour le moment. Je ne veux pas me lancer dans une affaire comme celle-ci sans avoir un dossier béton. La situation médiatique actuelle ne nous permet pas d'échouer. Si ce projet se réalise, ce ne sera pas dans l'immédiat. Mais dans l'intervalle, si tu pouvais jeter de temps à autre un œil au dossier et nous donner ton avis d'avocat...

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

Cinq à six personnes. Pour l'instant, la fondation de Mila avait aidé six personnes en deux mois. Mais à mon avis, ce chiffre connaitrait une croissance exponentielle au fil du temps. Augmenter les chiffres... ça partait d'une bonne intention, mais le mieux aurait été de ne pas avoir de chiffres du tout, non pas parce que les gens auraient peur, mais parce qu'il n'y aurait aucune raison d'avoir besoin d'une fondation comme White Lullaby. Je proposais mon aide à Matt et il l'accepta. Je lui demandais s'il n'y allait pas avoir de problème avec les pro-Academy. Matthew laissa échapper un petit rire.

- Leur mécontentement à quel sujet ? La question était rhétorique. White Lullaby est une fondation à but non-lucratif qui fonctionne grâce à un système de donations volontaires. Et nous ne faisons aucun mal. Que pourraient-ils nous reprocher ? D'aider des personnes en difficulté ? S'ils avaient la stupidité - l'inconscience ! - de le faire, il suffirait de mêler les médias à l'affaire pour qu'ils se couvrent de ridicule. Je vais même te dire... qu'ils le fassent, ce sera plus bénéfique pour nous que pour eux.

Il prit une gorgée de son verre.

- De plus, nous prenons toujours soin de ne pas critiquer ouvertement l'Academy - du moins pour l'instant. Nous nous contentons de passer derrière eux et de réparer les dégâts. Dans notre position actuelle, nous sommes intouchables.

Un travail de sape, donc. Je changeais finalement d'avis et dis à Matt que je souhaitais participer au travail de la fondation. Il sourit. Pas surpris pour deux sous, mais sans doute heureux de la situation.

- Ton aide sera précieuse, Gregory. Tes connaissances juridiques pourront nous être utiles.

Il posa son verre et me fit signe de venir m'installer en face de lui. J'obtempérais.

- Je te demanderai de ne pas ébruiter ce que je vais de dire. Personne, hormis Mila et moi-même, n'est au courant pour le moment. L'objectif final de White Lullaby est de recueillir assez de témoignages et de preuves pour intenter un procès au Gouvernement Américain, ou du moins à l'Academy, pour non-assistance à personne à danger.

Il me fixa droit dans les yeux, j'étais un peu sur le cul.

- J'insistes pour que tu ne parles de cela à personne, du moins pour le moment. Je ne veux pas me lancer dans une affaire comme celle-ci sans avoir un dossier béton. La situation médiatique actuelle ne nous permet pas d'échouer. Si ce projet se réalise, ce ne sera pas dans l'immédiat. Mais dans l'intervalle, si tu pouvais jeter de temps à autre un œil au dossier et nous donner ton avis d'avocat...
- Je... Je garderais ça pour moi.

Il me demandait ça à moi ? Un jeune avocat qui n'avait pas vraiment de réputation. Sérieusement ? Remarque, je n'avais pas une carrière à discréditer. Il me plaçait sur un fil infime, une affaire qui pourrait me propulser au devant de la scène, faire de moi une "rockstar" du barreau... ou tout aussi bien me précipiter au fond du gouffre et détruire à jamais ma réputation.

- Je vais chercher, il y aura peut-être des cas dont on pourrait se servir, même s'ils ne sont pas directement reliés au cas mutant.

J'avais limite l'impression d'être de retour à la fac, avec un TD à réaliser. Et ça m'enthousiasmait. Bien plus que le contentieux entre la boucherie et la supérette.

- En revanche, le fait que j'ai moi-même été agressé par des mutants pourraient nous porter préjudice, je pourrais être considéré comme trop partial.

Bien que quiconque m'ayant vu plaider comprendrait que ce n'était pas le cas.

- Néanmoins, je peux servir de consultant et donner un point de vue sur la constitution du dossier.

Mais son idée... C'était une bombe à retardement. Mais elle était sensée. Justifiée. Nécessaire. Il ne fallait pas que les gens restent aveugle à ce qu'il se passait à côté de chez eux.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

- Je... Je garderais ça pour moi.

J'avais conscience de faire peser une grande responsabilité sur ses épaules en lui confiant ce secret. Mais j'avais confiance en lui. Et même si la plus grande discrétion devait entourer cette entreprise, Mila et moi devions bien partager la confidence avec nos alliés pour réaliser ce projet.

- Je vais chercher, il y aura peut-être des cas dont on pourrait se servir, même s'ils ne sont pas directement reliés au cas mutant.

Je hochai la tête, appréciateur.

- J'ai effectivement l'intention d'utiliser la jurisprudence. Mais présenter des cas non-reliés à la question mutante... C'est une idée encore meilleure !

Gregory semblait enthousiaste. Cela me fit plaisir. Nous n'étions pas seuls, Mila et moi. Nous pouvions réussir.

- En revanche, le fait que j'ai moi-même été agressé par des mutants pourraient nous porter préjudice, je pourrais être considéré comme trop partial.
- Je sais, acquiesçai-je. Bien que je ne doute pas de ton impartialité, Gregory. Mais nous ne pouvons prendre un tel risque.
- Néanmoins, je peux servir de consultant et donner un point de vue sur la constitution du dossier.
- C'est exactement ce à quoi je pensais.

J'eus un sourire. Je repris une gorgée d'alcool avant de reprendre.

- La question de savoir qui choisir pour présenter un tel dossier devant un juge est épineuse. Comme tu l'as fait remarqué, nous ne pouvons nous adresser à quelqu'un ayant déjà eu un tord avec les mutants. Ce serait ouvrir en grand une porte de sortie à nos réfractaires. On pourrait penser que l'idéal serait de trouver un avocat pro-mutant, mais il faudrait le convaincre de changer de bord. Et même si nous y parvenions, l'opinion publique penserait que nous l'avons soudoyé pour avoir une meilleure image médiatique et nous serions complètement discrédités.

Je soupirai.

- Dans un monde parfait, il nous faudrait une personne médiatiquement neutre, ni pro, ni anti-mutant. Mais dans la situation actuelle, ce sera difficile, voire même impossible. La question mutante est sur toutes les lèvres, alors la neutralité n'est pas tenable. Ou alors, elle est feinte. Nous avons retourné le problème dans tous les sens avec Mila. En vain, pour le moment.

Je croisai son regard.

- Nous avons le temps, mais tu pourrais également nous aider sur ce point. J'ai des relations, mais le monde du barreau peut être assez fermé par moments. Tu pourrais éventuellement nous conseiller sur les personnages juridiques. A qui faire confiance ? De qui se méfier ? C'est vrai que tu es nouveau dans le métier, mais tout avis est bon à prendre en considération.

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

Je fis part à Matt d'une idée qui venait de m'apparaitre. Se servir de la jurisprudence.

- J'ai effectivement l'intention d'utiliser la jurisprudence. Mais présenter des cas non-reliés à la question mutante... C'est une idée encore meilleure !
- Ce serait de la jurisprudence aussi.

J'eus un léger sourire en coin. C'était comme "See something, say something". Enfin, pas directement, mais ça pouvait le devenir, s'il était question de sécurité nationale. En revanche, avec réalisme, je fis remarquer que je pouvais aider mais pas plaider, étant donné mon passé, et Matthew était d'accord avec moi sur ce point.

- La question de savoir qui choisir pour présenter un tel dossier devant un juge est épineuse. Comme tu l'as fait remarqué, nous ne pouvons nous adresser à quelqu'un ayant déjà eu un tord avec les mutants. Ce serait ouvrir en grand une porte de sortie à nos réfractaires. On pourrait penser que l'idéal serait de trouver un avocat pro-mutant, mais il faudrait le convaincre de changer de bord. Et même si nous y parvenions, l'opinion publique penserait que nous l'avons soudoyé pour avoir une meilleure image médiatique et nous serions complètement discrédités.

Elementaire, mon cher Rover.

- Dans un monde parfait, il nous faudrait une personne médiatiquement neutre, ni pro, ni anti-mutant. Mais dans la situation actuelle, ce sera difficile, voire même impossible. La question mutante est sur toutes les lèvres, alors la neutralité n'est pas tenable. Ou alors, elle est feinte. Nous avons retourné le problème dans tous les sens avec Mila. En vain, pour le moment.

Une idée commençait à germer dans mon esprit.

- Nous avons le temps, mais tu pourrais également nous aider sur ce point. J'ai des relations, mais le monde du barreau peut être assez fermé par moments. Tu pourrais éventuellement nous conseiller sur les personnages juridiques. A qui faire confiance ? De qui se méfier ? C'est vrai que tu es nouveau dans le métier, mais tout avis est bon à prendre en considération.

Je me frottais le menton.

- J'ai bien une idée de porte parole... Il y a quelque temps, on a eu un jeune stagiaire prometteur. Le genre très droit dans ses bottes, un peu idéaliste sur les bords. Le hic, c'est que s'il a eu son diplôme avec mention, il est entré à l'école de police juste après.

Donc, pas avocat.

- L'officier Tyler Norton. Son frère est lieutenant chez les pompiers, affecté à la caserne 51. Leur paternel est un ancien flic de la brigade des stups. Une famille respectable sous toutes les coutures. Aucun casier, aucun blâme. Engagés dans diverses oeuvres de charité.

La famille parfaite, ou peu s'en faut.

- En revanche, ne cherche même pas du côté de Lindberg. Il est un peu trop proche de la mafia. Et c'est un sale con.

J'étais même persuadé que dans le genre, il devait bien être ripoux.

- L'idéal serait de tomber sur le procureur Evans. Il pourrait avoir inventé l'expression "raide comme la justice", mais il ne rend jamais un verdict à la va-vite, et prend très à coeur le vécu des victimes. Peut-être parce qu'il a vécu son lot de coups durs.

Je n'en voyais pas d'autres pour le moment. Il fallait dire que j'étais un peu nouveau.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

J'avais parlé à Gregory de l'objectif final de White Lullaby, prenant le risque de lui confier ce secret qui pouvait être l'équivalent d'une bombe atomique dans le monde politique et journalistique. Seulement intenter un procès à l'Academy ne serait pas forcément facile. Et pas sans danger non plus. Nous devions être prudents, et trouver des gens de confiance à intégrer au projet.

- J'ai bien une idée de porte parole... Il y a quelque temps, on a eu un jeune stagiaire prometteur. Le genre très droit dans ses bottes, un peu idéaliste sur les bords. Le hic, c'est que s'il a eu son diplôme avec mention, il est entré à l'école de police juste après.

Un flic. Je n'aimais pas trop ça. Les policiers étaient trop liés à l'autorité gouvernementale. Et à l'Academy, par le biais de McKnight. Je sais parfaitement qu'il ne faut jamais mettre tous les œufs dans le même panier, mais... Je devais rester prudent.

- L'officier Tyler Norton. Son frère est lieutenant chez les pompiers, affecté à la caserne 51. Leur paternel est un ancien flic de la brigade des stups. Une famille respectable sous toutes les coutures. Aucun casier, aucun blâme. Engagés dans diverses oeuvres de charité.

La famille parfaite. Sauf que tout le monde a des secrets. Mais qu'importe.

- Norton, le nom m'est familier...

Je ne pensais pas avoir jamais eu de lien avec les stups. Je me tenais loin de la drogue, avec raisons. Je réfléchis en silence. En revanche, le frère pompier... Un léger sourire me titilla les lèvres. Oui, ce devait être ça...

- Je ne suis pas certain de mes souvenirs, mais il est possible que le frère ait déjà assisté à une ou plusieurs de mes courses automobile. Les pompiers envoient toujours un détachement lors des événements publics.

Et j'avais pour habitude d'aller serrer la main à chacun d'eux. On ne plaisante pas avec la sécurité. Je notais mentalement le nom du policier. S'il avait attiré l'attention de Gregory, ce n'était sans doute pas sans raisons. Et j'avais pour habitude de ne laisser aucune opportunité de côté.

- En revanche, ne cherche même pas du côté de Lindberg. Il est un peu trop proche de la mafia. Et c'est un sale con.

« Un peu » était un euphémisme si ce que j'avais entendu à son sujet était vrai. Les rumeurs étaient nombreuses dans les coulisses des grands commerciaux de la ville. Mais ça n'était que des rumeurs justement, et je n'y accordais qu'un intérêt modéré, les gardant en tête sans trop y prêter d'importance.

- Je sais. Sans me défier de lui, je ne lui accorde pas de confiance, précisai-je à Gregory.
- L'idéal serait de tomber sur le procureur Evans. Il pourrait avoir inventé l'expression "raide comme la justice", mais il ne rend jamais un verdict à la va-vite, et prend très à coeur le vécu des victimes. Peut-être parce qu'il a vécu son lot de coups durs.

Je hochai la tête. Le nom du procureur Evans était revenu à plusieurs reprises lors de mes discussions avec Mila à ce sujet.

- Merci Gregory. Ton opinion m'est utile.

Je vidai mon verre.

- Sinon, comment ça se passe au bureau ? Webster ne t'exploite pas trop ?

/// Sorry, j'ai pas trop d'inspiration...

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

- Norton, le nom m'est familier... Je ne suis pas certain de mes souvenirs, mais il est possible que le frère ait déjà assisté à une ou plusieurs de mes courses automobile. Les pompiers envoient toujours un détachement lors des événements publics.
- Le Lieutenant Christopher Norton. C'est possible qu'il soit déjà venu, oui.

Mais je connaissais plus son frère cadet. Pour le peu qu'on s'était fréquentés. Cela étant, je comprenais assez bien la réticence de Matthew à choisir un policier comme porte-parole. Je lui dis d'oublier Lindberg mais ça, il connaissait déjà le bonhomme. Et que le mieux serait de tomber sur le procureur Evans. Il hocha la tête.

- Merci Gregory. Ton opinion m'est utile.
- De rien. Je suis content de pouvoir aider.

Il vida son verre.

- Sinon, comment ça se passe au bureau ? Webster ne t'exploite pas trop ?

J'eus un petit rire.

- Tu connais Webster. Il veut tellement éviter toute possibilité de conflit qu'il en devient paranoïaque et qu'il relit plusieurs fois les rapports et autres documents qu'on est amenés à faire.

Je levais les yeux au ciel.

- Il est pas mal sur mon dos, mais ces derniers temps il me file les "gros dossiers". J'ai parfois l'impression de me noyer dans toute cette paperasse, mais ça prouve qu'il me fait confiance puisque j'ai des dossiers qu'habituellement, il donne aux anciens. Je crois que du coup, je me suis mis un ou deux collègues à dos.

J'eus de nouveau un petit rire. ça prouvait que j'étais bon, non ? Je n'avais pas encore atteint le seuil d'incompétence, c'est à dire, le moment où toute promotion serait impossible parce que je n'aurais pas les compétences requises.

- Je ne te demande pas la même chose, Harley m'a dit qu'il avait du travail par dessus la tête et qu'il ne s'en plaignait pas... T'es certain que c'est un être humain ou alors c'est potentiellement un robot ?

Même dans ses loisirs il y avait une part de mécanique. Affolant, des fois.

- Enfin, je me plains pas de mon travail, je suis en train de me faire une sacrée réputation. Je te parie que d'ici quelques mois, mon procureur de père va m'appeler parce qu'il aura entendu parler de mon travail et là, ce sera la consécration.

Même si pour lui un avocat, ce n'était pas aussi bien qu'un procureur, naturellement.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

Je remerciai Gregory pour son aide, présente et à venir, puis changeai de sujet - histoire de détendre un peu l'atmosphère et de permettre à mon ami d'encaisser la nouvelle atomique que lui avait annoncé - en lui demandant si Maître Webster ne l'exploitait pas trop.

- Tu connais Webster. Il veut tellement éviter toute possibilité de conflit qu'il en devient paranoïaque et qu'il relit plusieurs fois les rapports et autres documents qu'on est amenés à faire.

Gregory leva les yeux au ciel. J'esquissai un sourire. Webster était un acharné, prêt à tout pour mener son affaire. Et redoutable lorsqu'il se lançait sur un dossier épineux. Un peu comme moi.

- Il est pas mal sur mon dos, mais ces derniers temps il me file les "gros dossiers". J'ai parfois l'impression de me noyer dans toute cette paperasse, mais ça prouve qu'il me fait confiance puisque j'ai des dossiers qu'habituellement, il donne aux anciens. Je crois que du coup, je me suis mis un ou deux collègues à dos.

Il ricana.

- La réussite attire toujours des envieux. Plus tu réussiras, et plus tu trouveras de frustrés pour s'opposer à toi. Un conseil, ne leur tourne jamais le dos. Tu ne travailles que depuis peu, mais tu as du talent et plus tu te feras un nom, plus ça t'attireras d'ennemis.

Je souris.

- Bienvenue dans la fosse aux requins, mon ami.

Je lui tapai dans le dos.

- Je ne te demande pas la même chose, Harley m'a dit qu'il avait du travail par dessus la tête et qu'il ne s'en plaignait pas... T'es certain que c'est un être humain ou alors c'est potentiellement un robot ?
- J'avoue me poser la question.

Je ris.

- Mais tant qu'il fait de l'aussi bon boulot, je m'en fiche. Et puis, qui de mieux qu'un robot peut assurer l'entretien mécanique des mes bolides ?

Je souris. Harley était le meilleur. Je prenais toujours les meilleurs. C'est comme ça que j'en était arrivé là où j'étais aujourd'hui. En m'entourant de l'élite.

- Enfin, je me plains pas de mon travail, je suis en train de me faire une sacrée réputation. Je te parie que d'ici quelques mois, mon procureur de père va m'appeler parce qu'il aura entendu parler de mon travail et là, ce sera la consécration.

Je hochai doucement la tête. Je n'avais jamais trop apprécié le paternel de Gregory. Je ne l'avais jamais rencontré mais ce que m'en racontait Gregory ne me ravissait pas exceptionnellement. Un père devrait toujours être fier de son fils. Peu importe qu'il soit, avocat, procureur ou serveur.

- En tout cas, moi, je suis fier de toi. Je connais Webster. Pour avoir su gagner sa confiance, tu mérites toutes les félicitations. Il ne s'entoure que des meilleurs.

Je me levai et marchai jusqu'à la baie vitrée. Sur la piste, les voitures de courses filaient à toute allure.

- Sans compter que tu es un excellent pilote. Avec de l'entraînement, tu pourrais facilement passer pro, tu sais. Si un jour, tu en as marre de Webster et du barreau, viens me voir.

Je me frottais le menton.

- En tout cas, rappelle-moi de prendre plus souvent le temps d'aller faire un tour de piste. Je ne me lasserais jamais de la course.

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

Je fis une réponse un peu cinglante à Matthew, j'avais du boulot par dessus la tête et ce n'étaient pas de bêtes querelles de voisinage. Ce qui faisaient que pour être le dernier arrivé du cabinet d'avocat, j'étais potentiellement le plus détesté par mes collègues, ce qui fit sourire Matt.

- La réussite attire toujours des envieux. Plus tu réussiras, et plus tu trouveras de frustrés pour s'opposer à toi. Un conseil, ne leur tourne jamais le dos. Tu ne travailles que depuis peu, mais tu as du talent et plus tu te feras un nom, plus ça t'attireras d'ennemis. Bienvenue dans la fosse aux requins, mon ami.

Il me tapa dans le dos. J'eus un sourire désabusé, ça ne changeait pas des "coups de pute" de la fac, à toujours chercher un moyen de plomber les autres. En parlant de bosser, je sortis à mon ami que je n'avais pas besoin de lui retourner la question, étant donné que j'avais parlé à Harley. Je demandais mi-figue mi-raisin si le mécano était réellement humain. Des fois, il me faisait penser à un robot. Bon, un robot qui boit de la bière.

- J'avoue me poser la question.

Il rit.

- Mais tant qu'il fait de l'aussi bon boulot, je m'en fiche. Et puis, qui de mieux qu'un robot peut assurer l'entretien mécanique des mes bolides ?

Il n'avait pas tort.

- Un robot avec le talent de ce bon vieux Harley ?

Je finis par dire que je prenais le comportement des autres avocats comme un compliment t qu'à force, mon procureur de père allait entendre parler de moi. Matt hocha la tête.

- En tout cas, moi, je suis fier de toi. Je connais Webster. Pour avoir su gagner sa confiance, tu mérites toutes les félicitations. Il ne s'entoure que des meilleurs.
- Merci.

Si ça ce n'est pas l'art de savoir caresser les gens dans le sens du poil ! Mais bon, pour une fois, je n'avais rien contre la flatterie. Il se leva et marcha jusqu'à la baie vitrée.

- Sans compter que tu es un excellent pilote. Avec de l'entraînement, tu pourrais facilement passer pro, tu sais. Si un jour, tu en as marre de Webster et du barreau, viens me voir.
- J'y songerai.

Il se frotta le menton.

- En tout cas, rappelle-moi de prendre plus souvent le temps d'aller faire un tour de piste. Je ne me lasserais jamais de la course.
- Tu devrais éviter de trop tourner, tu pourrais mal prendre la défaite à force, fis-je avec humour.

Cela étant, c'était toujours agréable de se mesurer à lui. Etant donné que nous avions le même mécanicien, tout se jouait surtout à la concentration et à la dextérité.

- Non, je plaisante. C'est toujours un plaisir de se mesurer à toi.

Pour deux "bureaucrates" nous n'étions vraiment pas mauvais sur un circuit.

- Et Mila, comment va-t-elle ? ça fait un moment que je ne l'ai pas croisée.

// tiens, je suis sensé savoir pour ta liaison avec Mila ou bien ?

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

// Ma relation avec Mila est "officielle", mais on reste discret là-dessus. (Comprendre qu'on ne fait pas la une des journaux tous les quatre matins).

- Tu devrais éviter de trop tourner, tu pourrais mal prendre la défaite à force.

Je ricanai. Oui, j'étais plutôt mauvais perdant. Mais pas du genre à exploser publiquement. Non, je prenais mon mal en patience et j'attendais le meilleur moment pour prendre ma revanche. J'avais la rancune tenace. Et, comme dit l'adage, la vengeance est un plat qui se mange froid. Mais en ce qui concernait les courses amicales avec Gregory... C'était seulement un loisir et je n'y accordais pas trop d'importance. Si je perdais, cela froisserait bien sûr mon ego, mais je ne partirais pas pour autant en vendetta contre lui.

- Non, je plaisante. C'est toujours un plaisir de se mesurer à toi.
- Le plaisir est partagé, Gregory.

Et c'était vrai.

Nos petites courses entre amis me changeait des "requins" auxquelles j'avais habituellement à faire. Je n'avais pas à mes méfier des coups bas et des désirs mal placés. En somme, la relation que j'avais avec Gregory - ainsi qu'avec Mila - étaient les seules à être parfaitement "saines". Désintéressées. Les autres n'étaient que relations d'affaires, questions de gros sous et de privilèges.

- Et Mila, comment va-t-elle ? ça fait un moment que je ne l'ai pas croisée.
- Elle est pas mal occupée en ce moment, avec la création de White Lullaby. Elle se donne à fond dans ce projet, comme toujours quand elle entreprend quelque chose.

Ah ça, on pouvait le dire. Elle était déterminée.

- On a moins le temps de se voir, mais elle comme moi savons que c'est nécessaire.

J'eus un petit sourire.

- N'empêche, j'ai parfois envie de l'emmener avec moi à l'autre bout du monde pour pouvoir être un peu seul avec elle, plaisantai-je.

Cela faisait longtemps que nous n'avions pas pris de vacances ensemble, rien que tous les deux. Elle me manquait. Mais pour rien au monde elle n'abandonnerait White Lullaby. Et si elle le faisait... elle ne serait plus vraiment la femme dont j'étais tombé amoureux. Elle irait jusqu'au bout. Quoiqu'il en coûte. Et je la suivrais. Toujours.

- Et toi, toujours pas de femme en vue ? Quand est-il de cette petite assistante dont tu m'avais parlé ?

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

Je taquinais Matthew sur ses performances de pilote, mais sans vraiment vouloir me montrer méchant. Après tout, un pilote qui n'aurait pas la rage de vaincre n'a pas sa place sur une piste. Je lui demandais des nouvelles de Mila. Je la croisais plutôt rarement.

- Elle est pas mal occupée en ce moment, avec la création de White Lullaby. Elle se donne à fond dans ce projet, comme toujours quand elle entreprend quelque chose.

J'acquiesçai. C'était sûr que Mila n'était pas le genre de femme à s'en laisser conter ou à lâcher prise.

- On a moins le temps de se voir, mais elle comme moi savons que c'est nécessaire.
- Les retrouvailles n'en seront que plus... chaleureuses, fis-je avec une pointe d'humour.

Même si leur vie privée était bien à la place où elle était. Je n'étais pas une commère.

- N'empêche, j'ai parfois envie de l'emmener avec moi à l'autre bout du monde pour pouvoir être un peu seul avec elle

Mais oui, il était amoureux, le petit Matthew. Je ne pus m'empêcher de sourire. Voilà qui aurait fait taire ses détracteurs. Ce n'était pas un connard sans coeur comme voulait le faire croire certaines personnes.

- Louez une petite cabane du côté de la plage, pour un week-end, non ?

Mais c'était compréhensible, après tout, lancer une fondation était un vrai travail qu'on pouvait difficilement poser de côté. Même pour un week-end.

- Et toi, toujours pas de femme en vue ? Quand est-il de cette petite assistante dont tu m'avais parlé ?

Je mis un moment à comprendre.

- Alyson ?

Je me sentis rougir, ce qui m'arrivait assez souvent quand il était question de la gent féminine.

- J'ai prévu de l'inviter à sortir vendredi. On devrait clôturer un dossier et comme les soirées de Webster en ces occasions-là sont assez ennuyeuses, on a prévu de s'esquiver discrètement.

J'eus un petit sourire.

- Enfin, j'espère qu'elle n'a pas de petit copain.

Allez savoir pourquoi, la drague était le seul domaine où ma confiance en moi ne fonctionnait pas. Vraiment pas. Mon cousin prenait un malin plaisir à me rappeler épisodiquement certains râteaux mémorables que je m'étais pris.

- Mais sinon... rien de durable en prévision.

J'eus une légère grimace.

- Tu as du connaitre ça : une grosse charge de travail et être soi-même un acharné du travail... C'est rarement supportable et compatible avec la vie de couple.

C'était parfois agaçant, mais je me disais que j'avais encore pas mal de temps devant moi, d'ici à ce qu'il soit "urgent" que je me case. Et je ne parlais même pas d'avoir des enfants !

- Au pire du pire, je parie que mon cousin serait capable d'organiser un speed dating juste pour moi.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

La création de White Lullaby occupait la majeure partie de l'emploi du temps de Mila, associé à ses activités habituelles au sein de la Concession, et résultat, nous n'avions plus tellement le temps de nous voir, tous les deux. Je savais bien entendu que c'était nécessaire, ce qui ne m'empêchait pas d'avoir envie de l'emmener avec moi à l'autre bout du monde, disons sur une île déserte où nous aurions la paix et du temps pour nous. Mais il ne s'agissait que d'un rêve éveillé...

- Louez une petite cabane du côté de la plage, pour un week-end, non ?

J'eus un petit rire.

- Trop près. Nos associés et nos employés nous retrouveraient en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, plaisantai-je.

Je haussai les épaules.

- C'est temporaire, de toute façon. Juste le temps que la Fondation prenne ses marques.

J'interrogeai ensuite Gregory sur ses amours, et son air surpris m'arracha un sourire lorsque je mentionnai la petite assistance dont il m'avait parlé une fois. J'avais très bonne mémoire.

- Alyson ?

Il piqua un far. Il était toujours un peu... maladroit lorsqu'il était question de femmes. Envolé la belle assurance qu'il affichait devant le juge. Pourtant il n'était pas sans charmes et c'était un gentil garçon. Je m'étonnais parfois qu'il n'ait pas une foule d'admiratrices collées aux basques.

- J'ai prévu de l'inviter à sortir vendredi. On devrait clôturer un dossier et comme les soirées de Webster en ces occasions-là sont assez ennuyeuses, on a prévu de s'esquiver discrètement.

Il eut un léger sourire à cette perspective.

- Un rencart est toujours plus intéressant qu'un pot en fin de réunion de travail.
- Enfin, j'espère qu'elle n'a pas de petit copain.
- Elle t'en aurait parlé non ?

Sauf si c'était une salope.

- Mais sinon... rien de durable en prévision.

Il grimaça.

- Tu as du connaitre ça : une grosse charge de travail et être soi-même un acharné du travail... C'est rarement supportable et compatible avec la vie de couple.
- Pourquoi crois-tu que je me sois trouvé une femme qui soit aussi acharné que moi, question travail ?

Je ricanai. Mila était un bourreau de travail. Parfois même plus que moi. Il m'arrivait parfois de lui dire d'arrêter, de poser ses dossiers et de souffler un peu. Et lorsqu'il était question du mouvement anti-mutant, il était encore plus difficile de la faire décrocher.

- Au pire du pire, je parie que mon cousin serait capable d'organiser un speed dating juste pour moi.

Je fronçai les sourcils, amusé par l'idée.

- S'il le fait, préviens-moi, je veux y assister, rigolai-je.

Je retournai m'asseoir.

- T'en fais pas. Tu es jeune, tu as le temps pour trouver celle qu'il te faut. Ceci dit, j'espère que ça se passera bien vendredi. Tu me raconteras ? fis-je avec un sourire espiègle.

Je ne m'attendais pas réellement à ce qu'il le fasse - même si j'aurais toujours une oreille pour lui - c'était plus une plaisanterie qu'autre chose.

- Qui sait, tu pourrais lui proposer d'être passagère lors d'un tour de piste ? Elle découvrirait alors le deuxième visage de Gregory Campbell, avocat à la cour et pilote de talent.

Je souris.

- Un moyen infaillible de la faire craquer.

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

Matt était d'accord avec moi : sortir avec une fille valait mieux que se coltiner le "pot" de Webster. Je grimaçais ensuite une fois que j'eus annoncé que je n'avais rien de sérieux en prévision, surtout vu la charge de travail que j'avais... Et ça, Matthew pouvait bien comprendre.

- Pourquoi crois-tu que je me sois trouvé une femme qui soit aussi acharné que moi, question travail ?

Il ricana.

- C'est vrai.

Mais je ne me voyais pas vraiment casé. Je plaisantais en disant que mon cousin allait finir par m'organiser un speed dating. Et le pire, c'était qu'il en était capable. L'idée amusa mon ami.

- S'il le fait, préviens-moi, je veux y assister
- Quoi, tu veux me draguer, ironisai-je.

Taquinerie puérile, certes.

- T'en fais pas. Tu es jeune, tu as le temps pour trouver celle qu'il te faut. Ceci dit, j'espère que ça se passera bien vendredi. Tu me raconteras ?

Je me mis à rire. Matthew qui jouait les... commères. Ah ben oui. C'était bien drôle.

- Tu voudras les détails croustillants aussi ?

J'en doutais un peu quand même. ça ne collait pas vraiment au personnage.

- Qui sait, tu pourrais lui proposer d'être passagère lors d'un tour de piste ? Elle découvrirait alors le deuxième visage de Gregory Campbell, avocat à la cour et pilote de talent.

Il sourit. Je rêve où il joue les agence matrimoniale ? En plus de me flatter un tantinet.

- Un moyen infaillible de la faire craquer.

Je souris.

- Ou de la faire fuir si c'est une trouillarde.

Enfin, si elle arrivait à supporter de bosser pour Webster, ce n'était pas un tour de piste qui allait l'effaroucher.

- Eh bien, si ça se passe bien vendredi, je l'inviterais à faire un tour.

Il y avait des chances plutôt raisonnables.

- Et Mila, il lui arrive de monter avec toi sur la piste ? C'est comme ça que tu l'as séduite et du coup, le maitre Jedi transmet sa sagesse au jeune Padawan ?

Même si Matt était loin d'être un nain vert... Enfin, c'était une gentille petite blague.

- Au fait, il va y avoir des courses prochainement ? Ce n'est pas la meilleure période en général, mais il me semble qu'il devait y en avoir assez prochainement.

Chassez le naturel, il revient au galop. J'avais hâte de courir de nouveau et de me mesurer à d'autres pilotes. Pas juste pour flatter mon égo. Juste parce que j'avais soif de vaincre et pas uniquement un ami. Peut-être qu'effectivement, j'avais envie d'en mettre plein la vue à Alyson, après tout, je ne suis qu'un homme.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

Gregory ayant admis la possibilité que son cousin organise un speed dating pour arriver à le caser, je lui demandait de me prévenir. Je ne voudrais pas rater un tel spectacle.

- Quoi, tu veux me draguer ? ironisa-t-il.
- Y assister, Gregory. Pas y participer. Désolé de te décevoir, mais tu ne tiens pas la concurrence face à Mila.

Nous échangeâmes encore quelques plaisanteries, puis je lui proposai d'amener son Alyson faire un tour de piste. Histoire de conclure l'affaire.

- Ou de la faire fuir si c'est une trouillarde.
- Quitte ou Double. Il faut savoir prendre des risques dans la vie.

Je n'aurais pas accompli la moitié de ce que j'avais fait si je n'avais jamais pris de risques. Bien sûr, j'avais foiré à quelques reprises, mais ça n'était rien face aux réussites qui s'en étaient suivies.

- Eh bien, si ça se passe bien vendredi, je l'inviterais à faire un tour. Et Mila, il lui arrive de monter avec toi sur la piste ? C'est comme ça que tu l'as séduite et du coup, le maitre Jedi transmet sa sagesse au jeune Padawan ?
- En fait c'est Mila qui m'a offert mon premier tour de piste dans une voiture de course.

Je souris.

- C'était il y a quelques années, déjà. Ma petite chaîne de garages automobile venait officiellement de devenir une concession et pour fêter ça, Mila nous a offert une demi-heure d'accès au circuit, avec à notre disposition les voitures récupérées par le DI Speedway. Pas de la grande automobile, mais des voitures de courses tout de même. C'était la première fois que je pilotais. Et ce jour-là, je me suis juré d'ouvrir ma propre écurie avec la Concession.

Un souvenir qui m'était cher. A l'époque, je sortais déjà avec Mila, même si notre relation n'était pas encore officielle. La plus belle surprise qu'elle m'ai jamais faite.

- Mila ne pilote pas, repris-je. Mais elle m'accompagne parfois comme passagère. Et au passage, c'est elle qui m'a séduite, pas le contraire...

Elle avait débarqué, un beau jour, avec ses gros sabots dans mon petit bureau de garagiste indépendant, pour m'annoncer que je devais absolument l'embaucher parce qu'elle ferait de moi l'homme le plus puissant du monde automobile. Et le pire, c'est qu'elle y était quasiment arrivée. Au début, notre relation était seulement professionnelle, mais... comment résister à son charme, hein ?

- Au fait, il va y avoir des courses prochainement ? Ce n'est pas la meilleure période en général, mais il me semble qu'il devait y en avoir assez prochainement.
- La saison devrait bientôt reprendre. Mais cette année, il y aura peut-être une ou deux nouveautés...

Je me tus un instant, faisant durer le suspens.

- Rien n'est encore sûr, mais il y a de grande chances pour qu'on organise une course amicale en faveur de White Lullaby. C'est une idée de Mila. Organiser l'évènement pour les familles que nous aidons. Récolter des fonds. J'aimerais également inviter quelques pointures internationales, histoire de corser un peu le jeu. Et puis...

J'hésitai un bref instant avant de continuer :

- C'est une confidence que je te fais là : mais j'ai bien envie de négocier une course avec Steven Alder. Tu as sûrement entendu parler de lui. Il rénove de vieilles voitures et il est l'un des principaux exposants qui se réuniront le week-end prochain. Comme j'ai financé une partie de l'expo, je vais pas mal le côtoyer et j'aimerais en profiter. Tu imagines, une course avec des voitures des années 70-80 parfaitement rénovées ?

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

- En fait c'est Mila qui m'a offert mon premier tour de piste dans une voiture de course.

Il sourit et je fronçais légèrement les sourcils, étonné de la réponse. Mais après tout, je ne connaissais pas très bien Mila.

- C'était il y a quelques années, déjà. Ma petite chaîne de garages automobile venait officiellement de devenir une concession et pour fêter ça, Mila nous a offert une demi-heure d'accès au circuit, avec à notre disposition les voitures récupérées par le DI Speedway. Pas de la grande automobile, mais des voitures de courses tout de même. C'était la première fois que je pilotais. Et ce jour-là, je me suis juré d'ouvrir ma propre écurie avec la Concession.
- Eh bien, on peut dire mission accomplie.

Ce n'était certes pas une écurie internationale, mais ça finirait par venir connaissant le bonhomme.

- Mila ne pilote pas. Mais elle m'accompagne parfois comme passagère. Et au passage, c'est elle qui m'a séduite, pas le contraire...
- Moi que te pensais être un grand séducteur romantique !

Mais en même temps... je n'avais aucun mal à imaginer Mila lancer les festivités, si je pouvais me permettre l'expression. Je lui demandais s'il allait y avoir d'autres événements car on entrait dans la période un peu calme de la saison sportive.

- La saison devrait bientôt reprendre. Mais cette année, il y aura peut-être une ou deux nouveautés...
- Tu m'intéresses, là.

Et il prenait un malin plaisir a faire durer le suspens.

- Rien n'est encore sûr, mais il y a de grande chances pour qu'on organise une course amicale en faveur de White Lullaby. C'est une idée de Mila. Organiser l'évènement pour les familles que nous aidons. Récolter des fonds. J'aimerais également inviter quelques pointures internationales, histoire de corser un peu le jeu. Et puis... C'est une confidence que je te fais là : mais j'ai bien envie de négocier une course avec Steven Alder. Tu as sûrement entendu parler de lui. Il rénove de vieilles voitures et il est l'un des principaux exposants qui se réuniront le week-end prochain. Comme j'ai financé une partie de l'expo, je vais pas mal le côtoyer et j'aimerais en profiter. Tu imagines, une course avec des voitures des années 70-80 parfaitement rénovées ?

Je le fixais, légèrement bouche bée.

- Non mais t'es sérieux là ?

Ouais, très éloquent. Je sais, je me surpasse.

- Mais c'est GENIAL ! La course pour lever des fonds, c'est parfait, si en plus tu réussis à faire venir des pointures, il y aura foule, même pas besoin de mettre un tarif élevé, les gens viendront. Et pour la courses avec des vieilles voitures... C'est génial aussi. J'ai eu l'occasion de voir les bolide d'Alder, il y a de quoi en avoir et en mettre plein la vue.

Je souris largement.

- Où vas-tu pécher de telles idées ? Je crois que de moi-même, ça ne me serait jamais venu à l'esprit.

Il fallait dire que je ne jouais pas non plus dans la même catégorie que lui. J'étais à des années lumières de l'univers mondain.

- Pourquoi ne pas coupler les deux ? Quoi que ça serait peut-être un peu difficile à mettre en place. Enfin, les négociations avec Alder détermineront tout ça. Il est, parait-il, du genre très dur en affaire... Mais te connaissant, je parie que tu arriveras à te le mettre dans la poche en moins de deux.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

Je fis part à Gregory des projets que je nourrissais pour la prochaine saison et il demeura un instant bouche-bée, ce qui m'arracha un sourire.

- Non mais t'es sérieux là ?

Je ricanai. Voici donc toute l'éloquence d'un des meilleurs avocats de la ville.

- Mais c'est GENIAL ! La course pour lever des fonds, c'est parfait, si en plus tu réussis à faire venir des pointures, il y aura foule, même pas besoin de mettre un tarif élevé, les gens viendront. Et pour la courses avec des vieilles voitures... C'est génial aussi. J'ai eu l'occasion de voir les bolide d'Alder, il y a de quoi en avoir et en mettre plein la vue.

Il sourit comme un gamin et j'eus du mal à ne pas l'imiter.

- Alder est une pointure dans son domaine. Et surtout, un passionné. On s'est déjà croisé à quelques reprises, mais sans plus. J'ai un peu suivi son parcours et je compte bien profiter de l'expo pour faire vraiment connaissance avec lui. Et négocier, naturellement.

Je le soupçonnai d'avoir des vues sur mon capital. Vu que j'avais financé une partie de l'expo, il devait se dire que je pouvais également financer ses autres activités. Ce qui me donnerait de la matière pour négocier cette fameuse course. Il me tardait ce fameux week-end.

- Où vas-tu pécher de telles idées ? Je crois que de moi-même, ça ne me serait jamais venu à l'esprit.

J'éclatai de rire.

- La course en faveur de la Fondation est une idée de Mila - après tout, White Lullaby est son bébé à elle - et il est courant d'organiser des évènements sportifs à but caritatif. Quand à la course avec Alder... C'est le gamin fou de bagnoles en moi qui parle !

Rien qu'à voir la façon dont j'attendais avec impatience l'expo de ce week-end... J'avais toujours mon âme d'enfant. Surtout en ce qui concernait les voitures.

- Pourquoi ne pas coupler les deux ? Quoi que ça serait peut-être un peu difficile à mettre en place. Enfin, les négociations avec Alder détermineront tout ça. Il est, parait-il, du genre très dur en affaire... Mais te connaissant, je parie que tu arriveras à te le mettre dans la poche en moins de deux.
- Ne me surestimes pas, mon ami.

Je secouai la tête.

- Alder est dur en affaires, c'est vrai. Mais ce n'est pas ça qui me fait peur. J'ai connu pire requin que lui. Non, je sais déjà ce qu'il me rétorquera quand je lui exposerai le projet : "trop dangereux". Pas pour les coureurs. Mais pour ses voitures. Il y tiens comme à la prunelle de ses yeux. Ce qui peux se comprendre vu le temps et l'argent qu'il met pour les remettre en état. C'est sur ce point-là qu'il sera difficile de le convaincre, et je cherche encore l'idée de génie.

Je réfléchis un instant...

- Quand à coupler les deux... Je ne sais pas... Mais c'est une idée. Cependant, je ne suis pas certain qu'Alder accepte. Les peu de fois où je l'ai rencontré, il s'est montré rétif aux manifestations anti-mutantes. Ne t'y trompe pas, il n'est pas de ceux qui soutiennent le Projet Chimère. Il m'a avoué une fois craindre les mutants, mais je ne suis pas certain qu'il soit prêt à s'engager dans une cause aussi tranchée. Il me fait l'impression de vouloir rester en dehors du débat. Quoique... c'est peut-être l'occasion de le convaincre. White Lullaby n'est pas catégoriquement "anti-mutante", pour le moment, et ça peut être un argument de poids.

Je levais les yeux vers lui.

- Tu m'as donné matière à réfléchir, Gregory.

*Live Fast, Ride Hard* Messages : 61 Date d'inscription : 14/08/2013

Je me laissais un peu aller à mon enthousiasme. En même temps, j'avais beau être un (brillant) avocat, ma passion était entièrement automobile. Oui, d'accord, ça fait le cliché du mec qui pense qu'aux voitures puissantes, mais quand on en a connu une fois l'ivresse de la puissance d'une voiture de course... On ne peut plus s'en passer.

- Alder est une pointure dans son domaine. Et surtout, un passionné. On s'est déjà croisé à quelques reprises, mais sans plus. J'ai un peu suivi son parcours et je compte bien profiter de l'expo pour faire vraiment connaissance avec lui. Et négocier, naturellement.

Je ne m'inquiétais pas vraiment, ce que Matt veut, généralement, il l'obtient. Je lui demandais d'où il tirait ses idées, parce que personnellement, ça ne m'aurait sans doute jamais effleuré l'esprit. Il éclata de rire.

- La course en faveur de la Fondation est une idée de Mila - après tout, White Lullaby est son bébé à elle - et il est courant d'organiser des évènements sportifs à but caritatif. Quand à la course avec Alder... C'est le gamin fou de bagnoles en moi qui parle !

J'acquiesçai en souriant. Matthew et Mila... Si deux personnes pouvaient ne faire qu'un assurément, c'était ces deux-là ! Je lui parlais de "coupler" les deux, histoire d'attirer encore plus de monde. Voir des gars se tirer la bourre en grosses sportives était une chose. Les voir se tirer la bourre avec des vieilles voitures sportives en était une autre.

- Ne me surestimes pas, mon ami.

Il secoua la tête.

- Alder est dur en affaires, c'est vrai. Mais ce n'est pas ça qui me fait peur. J'ai connu pire requin que lui. Non, je sais déjà ce qu'il me rétorquera quand je lui exposerai le projet : "trop dangereux". Pas pour les coureurs. Mais pour ses voitures. Il y tiens comme à la prunelle de ses yeux. Ce qui peux se comprendre vu le temps et l'argent qu'il met pour les remettre en état. C'est sur ce point-là qu'il sera difficile de le convaincre, et je cherche encore l'idée de génie.
- Tu vas bien finir par trouver quelque chose.

Il finirait forcément par trouver une idée quelconque, non ?

- Quand à coupler les deux... Je ne sais pas... Mais c'est une idée. Cependant, je ne suis pas certain qu'Alder accepte. Les peu de fois où je l'ai rencontré, il s'est montré rétif aux manifestations anti-mutantes. Ne t'y trompe pas, il n'est pas de ceux qui soutiennent le Projet Chimère. Il m'a avoué une fois craindre les mutants, mais je ne suis pas certain qu'il soit prêt à s'engager dans une cause aussi tranchée. Il me fait l'impression de vouloir rester en dehors du débat. Quoique... c'est peut-être l'occasion de le convaincre. White Lullaby n'est pas catégoriquement "anti-mutante", pour le moment, et ça peut être un argument de poids.

Il leva les yeux vers moi.

- Tu m'as donné matière à réfléchir, Gregory.

Je souris.

- Vends lui White Lullaby comme tu me l'as présentée au départ. Une fondation qui est là pour épauler l'entourage de ceux qui ont des "dons" - ou qu'importe le nom qu'ils y donnent - et qui sont laissé pour compte par le Projet Chimère qui est axé sur les mutants.

Je me frottais le menton.

- Tout le monde sait que tu ne portes pas les mutants dans ton coeur. Mais tu présentes bien et tu sais parler. Je pense qu'en travaillant légèrement ton discours, tu peux faire croire que ton problème n'est pas fondamentalement les mutants, mais le fait que les autres personnes touchées par ce... phénomène... ne soient pas prises en compte et accompagnées.

Je souris.

- En plus, tu es un enfant de la ville, une bonne partie des habitants ont du connaitre ton père et ont du te voir grandir. Ceux-là sont possiblement ceux qui t'accorderont le plus de crédit. McKnight est une pièce rapportée, il n'est pas né en Floride. Je suis sur qu'on peut en tirer quelque chose.

J'étais tout autant une pièce rapportée, mais ce n'était pas le plus important.

Messages : 38 Date d'inscription : 02/12/2013

- Vends lui White Lullaby comme tu me l'as présentée au départ. Une fondation qui est là pour épauler l'entourage de ceux qui ont des "dons" - ou qu'importe le nom qu'ils y donnent - et qui sont laissé pour compte par le Projet Chimère qui est axé sur les mutants.

Il se frotta le menton et je hochai la tête.

- Oui, c'est toute la subtilité de l'idée de Mila. White Lullaby, à l'heure actuelle, n'est pas "anti-mutante", même si sur le long terme, le but est de servir notre cause. Une façon d'agir en douceur...

Nous avions bien d'autres idées et projets, plus... radicaux, que nous mettrions en œuvre au moment voulu, et pas avant. Mila était particulièrement douée pour savoir quand passer son tour et quand avancer ses pions pour jouer un coup décisif.

- Tout le monde sait que tu ne portes pas les mutants dans ton coeur. Mais tu présentes bien et tu sais parler. Je pense qu'en travaillant légèrement ton discours, tu peux faire croire que ton problème n'est pas fondamentalement les mutants, mais le fait que les autres personnes touchées par ce... phénomène... ne soient pas prises en compte et accompagnées.

Je partageai son sourire. Il avait bien saisi l'enjeu. Tout était dans la formulation et le sous-entendu. Il fallait être assez fin et tacticien pour influencer en douceur l'avis populaire. Si j'étais passé maître dans l'art de la négociation commerciale, je cherchais encore mes marques dans les guerres d'influences et d'idées. Car il s'agissait bien de cela, convaincre l'autre de son point de vue, et vu l'enjeu, on pouvait sans erreur parler de bataille.

- En plus, tu es un enfant de la ville, une bonne partie des habitants ont du connaitre ton père et ont du te voir grandir. Ceux-là sont possiblement ceux qui t'accorderont le plus de crédit. McKnight est une pièce rapportée, il n'est pas né en Floride. Je suis sur qu'on peut en tirer quelque chose.

Je ricanai à l'expression "pièce rapporté". Voilà qui convenait prodigieusement bien à ce borné de militaire. Il n'avait pas sa place à Daytona.

- C'est vrai que j'ai pas mal de contacts dans la ville. Mais militer contre les mutants, ce n'est pas la même chose que de gérer une Concession. L'enjeu est bien plus important. Ca ne se limite pas qu'à Daytona. Même si je m'estimerai déjà heureux d'arriver à bouter tous les mutants hors de la ville. Mais ce qui est vraiment important, c'est de faire comprendre aux gens que les mutants ne sont pas comme les super-héros qu'on retrouve dans les comic's. Cette fascination morbide que les gens ont pour les mutants... C'est ça le cœur du problème. C'est à cause de cette fascination malsaine que l'Academy et le Projet Chimère existent. White Lullaby a aussi pour but de démanteler cette fascination, en montrant les revers de l'Academy.

Je me frottais le menton.

- Quand à Alder... Il n'est pas né à Daytona mais il a de la famille par ici, maintenant que j'y pense. Il ne connait pas très bien la ville puisqu'il a passé la majeure partie de sa vie à voyager à travers le pays à la recherche d'épaves à ressusciter, mais ses racines sont ici. Cela peut me fournir un levier supplémentaire...

Je croisai le regard de Gregory.

- Décidément, discuter avec toi a de quoi faire fructifier mes affaires !

Bon, pas autant qu'avec Mila. Mais ses idées étaient bonnes et pertinentes. J'avais souvent besoin de me confronter à l'avis des autres pour développer des idées. La plupart du temps, en compagnie de Mila. Je n'avais aucun secret pour elle.