Catastrophe, c’était le mot qui convenait pour qualifier cette journée. Les murs du conservatoire contenaient un peu la boue confuse du dehors, mais dedans je trouvais la blancheur d’une angoisse terrifiante qui suintait des murs. L’angoisse d’échouer, l’angoisse d’être exclu, l’angoisse qui va de pair avec l’excellence, l’angoisse que je connaissais bien. Et il m’était d’autant plus difficile de la tenir au dehors. J’avançais comme dans un champ de mines en rasant les murs.

Le professeur me hurla après lorsque j’arrivais, interrompant le cours pour m’humilier publiquement de ses remarques blessantes. Ce n’était pas la première fois que j’étais absente ou en retard, à cause de ma dépression d’avant, il y avait des matins ou je ne pouvais pas sortir de mon lit. La seule chose que je compris à travers la terreur des autres filles, figées les mains sur la barre de travail fut cette phrase :

« Nous avons déjà été beaucoup trop cléments à votre égard Miss James. Au travail ! »

Sans attendre je rejoignis les autres et je donnais le meilleur de moi-même comme chaque jour, mais j’étais si envahie que je peinais à respirer. Peu à peu les choses empirèrent dans la journée. On n’imagine pas le nombre de gens qui souffrent, et qu’on croise tous les jours sans rien en savoir. On n’imagine pas combien cache les pires horreurs derrière un sourire, on n’imagine pas le nombre de deuils qui se déroulent ensemble dans un même lieu, le nombre d’abandons, de peines. Je découvrais l’envers du décor, que dans ces murs, j’étais une des seules à vraiment souhaiter être là, une des seuls à aimer chanter et danser. Toutes les autres y étaient pour le prestige ou presque. Il y avait au milieu de tout cela des émotions positives aussi, des espoirs des joies, des amours… Mais le mélange était insoutenable, parce que trop vif, trop fort, tout simplement trop.

Tout le monde me regardait de travers, parce que n’ayant rien pour me changer, j’étais toujours en tenue de danse.

Interrompant le cours d’analyse la directrice entra en trombe. L’aura de terreur qui planait autour d’elle m’atteignit en plein coeur, lorsque ses yeux fous se tournèrent vers moi. Je ne compris pas les mots qui sortirent de sa bouche, mais je compris que tout le monde ici savait désormais ce que j’étais, mon propre père m’avait dénoncée, il m’avait répudiée, reniée. On me jeta dehors, purement et simplement, comme une malpropre, comme une indésirable. J’étais virée. J’avais tout perdu. Tout le monde me regardait.

Tout perdu ? Non pas tout. Comme si j’étais poursuivie par la mort elle-même je me mettais en route pour le Croco Deal serrant dans ma main la note qu’Elena m’avait donnée.

Je m’arrêtais devant l’entrée pourtant. Pauvre Elena, dans ma tenue de danse, avec mes cheveux ébouriffés sortant de mon chignon défait, mes yeux ruisselants de larmes, j’allais la couvrir de ridicule. Mais je me sentais si misérable. J’avais besoin de son aide encore. Un jour dans ma vie, pourrais-je seulement me débrouiller sans nuire, sans rien demander ? Si seulement… Je poussais la porte, sous le regard des curieux, les joues rougis de larmes et de gène.

Je lançai à Elena que si sa copine était empathe, il valait mieux pour elle qu'elle ne se pointe pas à une heure d'affluence, parce que ce pourrait être plutôt compliqué pour elle. Déjà que les heures de pointes, sans être empathe, ça peut vous refiler un sacré mal de crâne quand ça commence à brailler dans tous les sens ! J'ajoutais que Elena ne couperait quand même pas à la "corvée" de monter sur scène. Oui, ce serait ma vengeance...

- En tout cas, il faudra que ta copine apprenne à se contrôler si elle compte chanter sur scène, parce que sinon... T'as bien vu comment sont les soirées ici. Et l'empathie... c'est genre... pas mon rayon.

Elle allait répondre lorsque Sammy, un serveur, entra.

- Hé, Shakkey, j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un pour toi, dans la salle !
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça quand je suis dans ma cuisine !
- La rançon de la gloire, fis-je, narquois.

Elle laissa donc son travail en cours pour aller voir. Ce devait être son amie. Je jetai un coup d'oeil à ma montre. Bah, on était quand même dans les temps. Pas de quoi s'affoler, donc. Je retournais au comptoir, servir un ou deux verres tout en gardant un oeil sur Elena et la nouvelle venue. Quand je les vis s'éloigner en direction des vestiaires, j'appelais Sammy pour qu'il me remplace cinq minutes. Il s'empressa de s'exécuter, préférant le relatif calme du comptoir au fait de devoir courir en salle.

Je me dirigeais vers les vestiaires, mais restait dans l'encadrement de la porte, jusqu'à ce que Shakkey me capte et finisse par me faire signe de venir.

- Hum, j'te présente Chad, mon patron. Il n'a pas toujours l'air très sympathique, mais il est pas méchant, dans le fond. Enfin, dans le fond, du fond, du fond...
- Tu veux rire ? Je ne suis qu'amour et gentillesse...

Je lui retournais un grand sourire avant de faire semblant de réfléchir cinq secondes et hausser les épaules d'un air fataliste.

- Mais c'est surtout quand je dors.

Elena aussi souriait largement.

- C'est l'amie dont je t'ai parlé, Lyra.
- Enchanté. Tu peux m'appeler Hook, ou Chad, comme tu préfères.

Je mis un point d'honneur à ne pas la mettre mal à l'aise, va-t-en s'avoir ce que Elena avait bien pu lui dire sur moi, en plus du fait que j'étais le tyran qui la forçait à monter sur scène. Je m'appliquais à rester aussi neutre que possible, étant donné la situation.

- Elena m'a dit pour ton petit soucis. ça fait longtemps que ton don s'est déclaré ?

Je lui fis un sourire amical.

- ça peut être difficile de répondre. J'ai mis du temps à me rendre compte que je générais malgré moi des illusions. Il faut dire que j'ai toujours adoré les tours de passe passe...

-Lyra ! appela soudain Elena. Elle m’avait vu, heureusement parce que j’aurais eu du mal à faire un pas de plus. Tout le monde avait peur de moi ici, et comme un miroir j’avais peur d’eux à mon tour. Je cherchais la lumière de son esprit parmi la foule, mais elle avait peur elle aussi. Peu pour moi sans doute. Qu’est ce que j’espérais avec mon allure minable? La terreur ne m’avait pas quittée tout ce temps. Elle me prit par les épaules, et heureusement sans quoi je n’aurais sans doute pas eu la présence d’esprit de mon soustraire enfin à la fronde des regards des curieux. Elle croisa mon regard, mais je n’y trouvais qu’inquiétude.

-Ça va ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

J’aurais voulu lui répondre, mais je ne pouvais parler de ça, ici devant tous ces gens qui avaient déjà peur de moi et de mes larmes. Il y avait une chose qui effrayait les gens autant que les mutants: les émotions. Moi j’étais la combinaison exacte de ces deux choses.

Attends, viens avec moi. poursuivit-elle. Elle m’entraina dans les vestiaires. Une fois à l’abri la peur qui m’avait pourchassée depuis le conservatoire se calma un peu, mais je prenais de plein fouet l’inquiétude d’Elena. Je cherchais en elle sa joie, et je la retrouvais, cela m’aida un peu à calmer. Je me retrouvais assise sur un banc sans trop savoir comment.

-Ça s'est mal passé au Conservatoire ? demanda-t-elle doucement. C'est à cause de ton pouvoir ?

Oui, oui et non, répondis-je à travers mes larmes qui se tarissaient peu à peu. Je crois que mon père a appelé la direction, pour leur dire… ce que je suis. Alors ils m’ont viré, ils m’ont mise dehors… Devant tout le monde… Et les gens, les gens avaient peur…Je l’ai prise en plein visage. Je suis venue ici avec l’impression d’avoir un monstre à mes trousses, mais le monstre, c’est moi tu comprends?

Quelqu’un d’autre approchait, je sentais son attention tournée vers moi.

Hum, j'te présente Chad, mon patron. Il n'a pas toujours l'air très sympathique, mais il est pas méchant, dans le fond. Expliqua Elena Enfin, dans le fond, du fond, du fond... Elle avait l’air de trouver ça drôle, mais pour moi c’était plutôt triste comme blague en fait, je ne saurais dire pourquoi.

Je levais les yeux. Je trouvais qu’au contraire l’esprit de Chad se donnait beaucoup de mal pour avoir l’air sympathique précisément. Son apparence semblait soigneusement négligée. Son monde était un pétard mouillé, une fête ratée où les sifflets meurent dans le silence, comme un mariage célébré dans l'ivresse folle de l’alcool parce que sans amour. Par derrière tout cette agitation se cachait quelque chose que je ne pouvais pas voir, ou plus précisément que je n’avais pas envie de voir. Le fond, du fond, du fond… très peu pour moi.

Tu veux rire ? Je ne suis qu'amour et gentillesse... répondit-il avec un sourire en coin.

Je n’étais pas plus convaincue qu’Elena. Je ne voulais plus voir ses émotions, alors je me concentrais sur celles de ma nouvelle amie. Non pas que je pensais qu’il puisse me nuire, mais mais avait l’air de cacher quelque chose.

-Mais c'est surtout quand je dors. Ajouta-t-il encore. Elena sourit, je restais impassible, son humour sonnait faux, tombait à plat, je ne savais dire pourquoi. Lui même ne devait pas s’en rendre compte.

-C'est l'amie dont je t'ai parlé, Lyra. expliqua Elena.
- Enchanté. Tu peux m'appeler Hook, ou Chad, comme tu préfères. Cela m’avait tout l’air d’une phrase répétée, sortie toujours identique, comme au cours d’un spectacle.

-Enchantée aussi. Parviens-je à dire à travers le brouillard de la peur que je n’avais pas encore entièrement chassé. Après tout, il ne me paraissait pas antipathique non plus.

-Elena m'a dit pour ton petit soucis. ça fait longtemps que ton don s'est déclaré ? poursuivit-il encore. Je baissais les yeux. Malgré le fait qu’Elena avait l’air de ne pas s’en soucier, je trouvais toujours difficile de parler de cela, j’avais toujours honte.

-C’est depuis hier soir… répondis-je pas très sûre de moi. Il me sourit et cette fois cela me sembla sincère.


-ça peut être difficile de répondre. Poursuivit-il J'ai mis du temps à me rendre compte que je générais malgré moi des illusions. Il faut dire que j'ai toujours adoré les tours de passe passe...

Comme j’en avais pris l’habitude, je me cachais derrière l’esprit d’Elena et son espèce de joie de vivre qui luisait toujours quelque part. Ainsi seulement je pouvais faire diversion par rapport à ce que je vivais et parler de tout cela sans fondre en larmes. Ils avaient du trouver mon changement d’humeur un peu soudain, mais peu importait, lui aussi semblait se soucier réellement de moi tout à coup.

Oui… en fait c’est un peu pareil. J’ai toujours été comme ça, j’ai toujours été un peu comme une éponge, très sensible… Mais je ne me rendais pas compte que ce que je vivais n’était pas à moi. Hier soir, j’ai enfin compris et là… on va dire que cela s’est amplifié. Vraiment beaucoup. C’est arrivé tout à coup, j’ai cru que j’allais devenir folle. Heureusement Elena m’a trouvée… En tout cas… je suis contente de rencontrer un autre mutant… Je me sens moins seule. Elena ne m’avait pas dit…

Un mutant capable de produire des illusions. Vraiment, le destin n’aurait pas pu trouver un don plus à propos. Je me disais que c’était un peu la même chose pour moi.

HJ: N'hésitez pas à me le dire si je fais les choses de travers, ou si je trahis trop les personnages en lisant leurs émotions. J'ai peur d'en avoir fait un peu trop...

HJ : Aucun soucis Lyra, c'est génial

// C'est juste génial, Lyra ce que tu sors sur mon personnage n'était pas un truc auquel je m'attendais, mais ça m'offre une super occasion d'approfondir mon perso, donc c'est nickel

Je m'imposai un peu dans la situation, avec l'accord d'Elena - comme s'il me fallait la permission de quiconque pour mener rondement mon monde dans MON café... - afin d'essayer d'aider la jeune et déboussolée Lyra. Et en larmes surtout. J'ai toujours détesté les pleurnicheries. Enfin, passons.

- C'est depuis hier soir...

ça c'était quand même assez peu probable pour que ça mette autant la panique... Je souris et lui expliquait que ça pouvait apparaître de façon assez ténue dans un premier temps puis que ça prenait de la force avec "l'âge". ça sembla la calmer un peu. Ouf. Par pitié pas de crise de chialerie devant moi !

- Oui… en fait c’est un peu pareil. J’ai toujours été comme ça, j’ai toujours été un peu comme une éponge, très sensible… Mais je ne me rendais pas compte que ce que je vivais n’était pas à moi. Hier soir, j’ai enfin compris et là… on va dire que cela s’est amplifié. Vraiment beaucoup. C’est arrivé tout à coup, j’ai cru que j’allais devenir folle. Heureusement Elena m’a trouvée… En tout cas… je suis contente de rencontrer un autre mutant… Je me sens moins seule. Elena ne m’avait pas dit…

Je retins une grimace au mot "mutant". A croire que Jordana avait déteint sur moi. Elena haussa les épaules d'un air de dire que c'était tellement naturel chez moi qu'on y faisait plus attention.

- Faudrait trouver un moyen pour que tu puisses différencier les émotions des autres des tiennes, et les tenir à l'écart lorsqu'elles sont trop présentes, avant que ça ne te bouffe complètement.

Et ça, visiblement, c'était un peu le cas présentement. Puis soudain Elena sursauta, comme si elle venait de s'asseoir sur une punaise...

- Attends, tu as dit que tu avais été renvoyée... Mais ils ont quand même pas fait ça à cause de ton don ? Parce qu'ils ont pas le droit de faire ça. Quand le Projet Chimère a ouvert, une loi est passée en même temps. La "mutation" n'est pas une raison valable pour un renvoi ! C'est illégal !

Je roulais des yeux.

- Elena, bordel, on est pas au pays des bisounours ! Il faut un permis pour porter une arme dans la plupart des Etats américains, tu sais dans combien cette législation est réellement respectée ? Les gens trouveront toujours une solution pour se débarrasser de ceux qui font "tâche" dans le décor.

Leçon n°1 dans le monde réel. Je ne fis même pas semblant de cacher mon dégoût pour ce genre de personnes-là. Moi, au moins, j'avais du cran pour dire clairement les choses, illusionniste ou pas. Je me tournais vers Lyra.

- Primo, oublie le mot "mutant". Ils s'en servent pour dépeindre des... tares - à leurs yeux. Trouve un autre mot pour dépeindre que nous sommes... Ce que tu es. Secundo, ne les laisse jamais te faire avoir honte de ça. Et tertio... J'ai pas encore de troisième point, mais ça pourrait venir.

J'eus un sourire en coin.

- Cela étant, Elena n'a pas tout à fait tort. Il faut que t'apprenne à contrôler ton don. Il faut que tu parviennes à créer une sorte de "mur" entre toi - tes émotions - et le reste du monde. Un mur qui cependant doit pouvoir être "abaissé" de temps à autres. Ton don peut te permettre beaucoup de choses, tu finiras par le découvrir. Ce que tu comptes en faire ne concerne que toi. Ne laisse personne t'utiliser pour parvenir à ses fins.

Sur le dernier point, j'étais plus que certain : il y aurait toujours des profiteurs pour s'accaparer son talent, en quelque sorte. Bienvenue dans le monde joyeux des "super-héros" et affilié...

- Maintenant, tu peux toujours essayer d'intenter un procès au Conservatoire pour motif de renvoi illégal. Ou bien tu peux devenir maître de ta destinée.

Je suis le maître de mon destin, le capitaine de mon âme

-Lyra, tu n'as rien d'un monstre. M’affirma Elena. Je savais qu’elle le pensait, mais il était difficile de la croire, alors que la frayeur que ma nature inspirait était toujours gravée sur ma chair. Il fallait que je l’écoute elle, ses mots, son esprit, ses émotions, ses sensations.

J’avais fait la connaissance de son patron, Chad, un mutant lui aussi. Je lui avais expliqué de quoi il s’agissait. Je crois que prononcer cette phrase avait été une erreur:

“En tout cas… je suis contente de rencontrer un autre mutant…”

Il avait eu un mouvement de recul, une sorte de frémissement, mais son esprit me renvoyait presque de la colère, comme si je venais de proférer une insulte. Je me maudissais intérieurement. Lui aussi avait peut-être souffert de sa nature je n’en savais rien. Et si c'était ça, cette chose noirâtre que je sentais grouiller en arrière fond? De quel droit lui là renvoyais-je au visage ainsi, sous prétexte qu’il avait souhaité la partager avec moi ? J’étais décidément maladroite, méchante même. Je baissais les yeux, attendant la suite avec appréhension. Mais il laissa Elena parler avant d’intervenir.


-Faudrait trouver un moyen pour que tu puisses différencier les émotions des autres des tiennes, et les tenir à l'écart lorsqu'elles sont trop présentes, avant que ça ne te bouffe complètement.

Je hochais la tête. Je ne pouvais faire que ça. Comment diable étais-je sensée parvenir à un tel miracle ? Comme elle formulait cette possibilité, je me sentais d’autant plus incapable, et je craignais de la décevoir en n’étant pas capable de faire ce qu’elle me conseillait. Une incapable j’étais, une incapable je restais, pas besoin de la mutation pour cela.

- Attends, tu as dit que tu avais été renvoyée... Mais ils ont quand même pas fait ça à cause de ton don ?. Parce qu'ils ont pas le droit de faire ça. Quand le Projet Chimère a ouvert, une loi est passée en même temps. La "mutation" n'est pas une raison valable pour un renvoi ! C'est illégal !

Changeant brusquement de sujet, Elena s’insurgeait. C’était comme si brusquement son esprit se renversait pour se mettre en colère à nouveau contre son gré. Elle luttait contre du moins c’était ce qui me semblait, mais je recevais maintenant la mascarade étrange de son parton à pleine force.

-Peu importe…répondis-je au nouveau au bord des larmes, dans tous les cas mon père ne payera plus les frais de scolarité maintenant... Et comme je prononçais ces mots, je sentais combien j’étais triste, combien c’était sans espoir. C’était les portes d’un monde difficile qui se refermaient, mais surtout, celle du seul monde où je m’étais sentie bien, valorisée parfois. C’était fini à présent. Il me fallait en faire le deuil.

Juste comme je retrouvais mon calme. Chad se mit en colère lui aussi, et laissée sans barrière je me ruais à l’autre bout du banc comme si un ballon de baudruche avait explosé à quelques centimètres de moi. Il vomissait sa noirceur brusquement, comme l’homme ivre rend le mauvais alcool sur le trottoir, après la fête. Du dégoût… je crois que c’était du dégout oui.


-Elena, bordel, on est pas au pays des bisounours ! Il faut un permis pour porter une arme dans la plupart des Etats américains, tu sais dans combien cette législation est réellement respectée ? Les gens trouveront toujours une solution pour se débarrasser de ceux qui font "tâche" dans le décor.

Je ne répondais rien. Je n’étais pas sûre d’avoir compris et de toute façon ça n’avait aucune importance. C’était sans espoir. Je devais juste faire mes adieux au conservatoire. C’était tout. J'aurais aimée ne pas avoir à vivre de la colère qui n'était pas à moi, cela me semblait d'une inutilité profonde. Je n’étais pas sûre que je serais capable d’y retourner avec la peur que j’y rencontrerais de toute façon.

Il retrouva son sang froid, aussi vite qu’il l’avait perdu, alors que la parade recommençait, cachant la misère. Il reprit et son ton me semblait agressif même s’il ne devait pas l’être, dans la réalité.

- Primo, oublie le mot "mutant". Ils s'en servent pour dépeindre des... tares - à leurs yeux. Trouve un autre mot pour dépeindre que nous sommes... Ce que tu es. Secundo, ne les laisse jamais te faire avoir honte de ça. Et tertio... J'ai pas encore de troisième point, mais ça pourrait venir.

Ignorant la blague qui a mes yeux n’avait pas de sens je bredouillais :

-Je suis désolée, je ne voulais pas vous…. Mais je ne pu pas terminer. Le temps que je me réfugie à nouveau derrière l’esprit d’Elena pour prendre un peu de courage, il poursuivait déjà.

- Cela étant, Elena n'a pas tout à fait tort. Il faut que t'apprenne à contrôler ton don. Il faut que tu parviennes à créer une sorte de "mur" entre toi - tes émotions - et le reste du monde. Un mur qui cependant doit pouvoir être "abaissé" de temps à autres. Ton don peut te permettre beaucoup de choses, tu finiras par le découvrir. Ce que tu comptes en faire ne concerne que toi. Ne laisse personne t'utiliser pour parvenir à ses fins.

Je doutais fortement que mon don puisse me permettre de faire quoique ce soit de mieux. Cela me paraissait fou, de croire une chose pareille. La suite du discours de Chad me semblait tout aussi faux. « Ce que tu comptes en faire ne concerne que toi ». Sauf que quand on maîtrise rien, on a besoin d’aide, un point c’est tout.

- Maintenant, tu peux toujours essayer d'intenter un procès au Conservatoire pour motif de renvoi illégal. Ou bien tu peux devenir maître de ta destinée. Reprit Chad.

Malgré moi, je versais encore une larme, malgré le fait que je sentais qu’il détestait ça autant que mon père, les larmes… Devenir maître de ma destiné. Tissus de mensonges. On n’était maître de rien. Je voulais qu’on m’enlève cette chose, qu’on me soigne n’importe quoi. J’étais fatigue de me battre contre, j’aurais voulu retrouver les barrières de mon corps, juste pour une seconde, j’essayais de toutes mes forces, mais rien ne vint.

-De toute façon, je pense que je ne pourrais pas retourner là bas sans devenir folle… alors je n’a pas vraiment le choix. me contentais-je de répondre, la voix tremblante.


Je réfléchissais... Au fond un « mur » j’en possédais bien un… Peut-être qu’il était temps que je rende cela plus clair aux yeux d’Elena. Je n’avais pas le droit d’habiter son esprit de la sorte, sans même le lui faire savoir.

-En fait… je sais que ça va paraître étrange, mais si je peux vous parler, si je ne suis pas complètement noyée, c’est parce que je suis dans ta tête Elena. Il y fait meilleur que dans la mienne. Ton esprit est plus calme que celui de la plupart des gens et j’ai tissé avec une sorte de… une sorte de lien je crois… Il me sert de bouclier… Je baissais les yeux un peu honteuse, réalisant, que si précisément en ce moment je ne m’appuyais pas sur elle, comme un vieillard qui a besoin d’une béquille je n’aurais pas été capable de confier tout ça. Je… je crois que j’aurais du t’en parler avant…Je l’ai fait sans m’en rendre compte…je crois…En fait c’est moi…qui t’utilise… c’est pour ça que je trouve ça si monstrueux…

Je m'emballais un peu dans ma réponse. Il fallait dire que je n'étais pas du genre à m'appitoyer sur mon sort. Mon ressenti fit faire un bond à la jeune femme, ce qui aurait pu être comique dans une autre situation. Elles ne semblaient pas croire qu'on puisse être maitre de son propre destin. Dommage pour elle !

- De toute façon, je pense que je ne pourrais pas retourner là bas sans devenir folle… alors je n’a pas vraiment le choix, dis finalement Lyra, la voix tremblante.
- C'est vrai. Laissons cette histoire de Conservatoire pour plus tard. Il y a plus important : que tu apprennes à maîtriser ce don.

Je me contentais d'un hochement de tête comme réponse.

- En fait... Je sais que ça va paraître étrange, mais si je peux vous parler, si je ne suis pas complètement noyée, c’est parce que je suis dans ta tête Elena. Il y fait meilleur que dans la mienne. Ton esprit est plus calme que celui de la plupart des gens et j’ai tissé avec une sorte de… une sorte de lien je crois… Il me sert de bouclier…

Je fronçais légèrement les sourcils. Ce n'était sans doute pas la meilleure solution à long terme, mais ça avait l'air efficace.

- C'est bien la première fois qu'on me fait un tel compliment.

C'était sur que ce n'était pas à moi qu'on allait faire ce genre de compliments.

- Je… je crois que j’aurais du t’en parler avant…Je l’ai fait sans m’en rendre compte…je crois…En fait c’est moi…qui t’utilise… c’est pour ça que je trouve ça si monstrueux…

Ouh, là, y avait du boulot, clairement. Elena s'assit à côté d'elle. Je m'appuyais contre le mur, les bras croisés.

- ça n'a rien de monstrueux. Dans le fond, ce n'est pas si différent que de rechercher la compagnie d'une amie quand on ne va pas bien. Tout au contraire, c'est un réflexe naturel.

Elle eut un petit rire.

- Et puis, j'ai rien à cacher, donc ça me dérange pas plus que ça. Mon père me dit toujours que je suis un livre ouvert, qu'on lit toutes mes émotions sur mon visage. Alors que tu sois "dans ma tête" ou pas, ne change pas grand chose.

Je pensais plutôt que ça changeait un certain nombre de choses.

- Mais il ne faudrait pas que ça devienne une habitude. Je dis ça pour toi, hein. Te servir de mon ... "esprit"... comme bouclier n'est qu'une solution temporaire. En un sens, c'est bien que tu l'utilise, si ça t'évite d'être noyée, mais ce n'est pas suffisant. Il faut vraiment que tu apprennes à te dissocier des émotions des autres, toute seule. Tu ne pourras pas rester H24 à mes côtés. Et ce ne serait peut-être pas très sain que tu te reposes trop sur moi. Bien sûr, je ferais tout ce que je peux pour t'aider à contrôler ce don. Je ne vais pas te lâcher maintenant.
- Il faudrait que tu rencontres quelqu'un avec un don proche du tiens.

Malheureusement, je ne connaissais aucun empathe. Des boute-feu, des détecteurs de mensonges, oui, mais des empathes, aucun. En même temps, je préférais grandement garder un certain nombre de choses pour moi, donc, je n'allais pas non plus leur courir après. Mais je n'allais pas non plus jeter Lyra dans l'Academy. En fait... Ce n'était absolument pas mon problème, si on y réfléchissait. Je restais donc contre mon mur, en silence.

Chad et Elena se disputaient. Devant moi. Pour la première fois de ma vie, je voyais des gens se disputer. Les bras autour des genoux, j’étais terrorisée. Est-ce que tous les gens de ce monde faisaient cela aussi? Qu’est ce que ça voulait dire? A quoi ça servait? Est-ce que mon père aurait du se disputer avec ma mère au lieu de boire ? Chad envoyait son dégoût et Elena sa colère, et je n’y comprenais plus grand chose. Je ne crois pas que ces émotions étaient connues de moi. Si je n’avais pas eu mon don, je ne les aurais jamais expérimentées, et j’aurais préféré. En même temps, je savais que ce n’était pas grave, que je ne risquais rien et eux non plus. Mais c’était tellement fort. Je priais pour ne jamais me retrouver en présence de deux personnes qui veulent vraiment s’entretuer.

Lorsque le calme fut de retour, je pus enfin expliquer qu’il était vain de tergiverser à propos du conservatoire, puisque la simple pensée d’y retourner me terrorisait. Puis j’avouais à Elena que depuis le départ, son esprit me servait de protection contre le reste du monde. J’aurais cru qu’elle m’en voudrait, mais ça ne fut pas le cas.

-C'est bien la première fois qu'on me fait un tel compliment, sourit-elle. Et je me sentis rassurée. C’était vrai au fond. C’était un compliment. Si je n’avais pas été mal à l’aise je lui en aurais sans doute dit plus, j’aurais essayé de décrire vainement ce que je voyais dans sa tête.


-Et puis, j'ai rien à cacher, donc ça me dérange pas plus que ça. Mon père me dit toujours que je suis un livre ouvert, qu'on lit toutes mes émotions sur mon visage. Alors que tu sois "dans ma tête" ou pas, ne change pas grand chose.

Au contraire ça changeait bien des choses. Elle n’avait pas idée d’à quel point c’était différent de lire simplement sur le visage.


-ça n'a rien de monstrueux. Dans le fond, ce n'est pas si différent que de rechercher la compagnie d'une amie quand on ne va pas bien. Tout au contraire, c'est un réflexe naturel.

Je n’avais pas perçu les choses sous cet angle. J’avais plus l’impression de faire preuve de voyeurisme. Mais pour le moment je préférais me taire. Attendant la suite avec appréhension, je savais que le “mais” n’allait pas tarder.


-Mais il ne faudrait pas que ça devienne une habitude. Je dis ça pour toi, hein. Te servir de mon ... "esprit"... comme bouclier n'est qu'une solution temporaire. En un sens, c'est bien que tu l'utilise, si ça t'évite d'être noyée, mais ce n'est pas suffisant. Il faut vraiment que tu apprennes à te dissocier des émotions des autres, toute seule. Tu ne pourras pas rester H24 à mes côtés. Et ce ne serait peut-être pas très sain que tu te reposes trop sur moi.

Je savais qu’elle avait eu raison d’ajouter cela, mais cela m’attristait. Au fond son esprit n’était pas juste un bouclier, il me tenait compagnie, grâce à ce lien je me sentais enfin proche de quelqu’un j’avais enfin confiance en quelqu’un. Je n’avais pas envie de perdre ça.

-Je sais bien… mais c’est tout ce que j’ai trouvé pour le moment. Répondis-je baissant les yeux à nouveau.


-Bien sûr, je ferais tout ce que je peux pour t'aider à contrôler ce don. Je ne vais pas te lâcher maintenant. dit-elle encore.

A nouveau je sentais son esprit briller sur le mien, et j’avais l’impression qu’elle avait fait cela, de son propre chef. Je souris légèrement.

-Je sais. soufflais-je un peu honteuse. J'avais l'impression d'être une gamine à qui on disait qu'il était temps de se séparer de son doudou.

Chad avait écouté tout ce temps, les bras croisés. Je me disais qu’il était peut-être jaloux, après tout, j’avais complimenté Elena sur son esprit, et pas lui. Derrière le feu d’artifice, le ciel noir me regardait d’un oeil mauvais. Contrairement à celui d’Elena son esprit se faisait discret, tentant d’échapper à ma vision. Mais il n’en était que plus bruyant encore. J’évitais de croiser son regard, j’avais la sensation qu’il valait mieux que j’évite d’attirer l’attention sur cette chose noire que je voyais en lui ou ce serait une guerre qu'il me déclarerait. C’était une chose qui lui et moi devions garder pour nous. Ce n’était pas hasard qu’il mettait tant d’énergie à la cacher. Voulant sans doute éviter de rester silencieux trop longtemps, il dit soudain.

-Il faudrait que tu rencontres quelqu'un avec un don proche du tiens.

La simple idée me terrorisait. Je n’avais aucune envie qu’on puisse lire dans mon esprit à moi. Aucune vraiment. Parce que j’en avais honte. Parce que contrairement à Chad, j’étais même incapable de cacher la misère. Pitoyable.

-Je ne sais pas…Je ne saurais pas où chercher. soufflais-je hésitante… Et puis soudain il me vint une idée. Vivre à fond, sans se soucier de ce que pensent les autres, profiter… Pourquoi n’en étais-je pas capable après tout. On m’avait tout pris, j’avais tout perdu je partais de zéro avec en plus mes mauvais souvenirs. Il était urgent que je change. Je me tournais vers Elena contemplant son esprit et je lui souris. C’était cela que je voulais, je voulais me sentir comme elle, je jalousais cette lumière qu’elle possédait. J’avais bien conscience que cette joie n’était pas à moi, comme si je la voyais à travers une vitre et cela m’attristait. Mais personne n’avait dit qu’elle ne pouvait pas partager.

- Je crois que j’ai surtout besoin… j’ai surtout besoin de me construire une vie. Si j’essaye de me concentrer sur ce que je ressens moi il me reste quoi? Je me sens triste parce que j’ai laissé ma famille derrière moi, je me sens mal parce que je n’irais sans doute plus jamais au conservatoire, j’ai l’impression d’être devenue une bête de foire, je me souviens trop fort de combien les gens me détestent. Tout ce que j’ai pour le moment, c’est toi Elena. Il me faut une nouvelle vie, quelque chose en quoi croire. Apprends moi à devenir comme toi, à faire tout ce que tu m'as conseillé, hier soir tu te souviens? Quand mon esprit sera aussi lumineux que le tien, il ne craindra plus le mal porté par celui des autres et alors je n’aurais plus besoin de bouclier.

- Je ne sais pas…Je ne saurais pas où chercher.

Elle n'avait pas l'air très assurée.

- Tu as deux ... non trois solutions : chercher par toi-même, aller voir à l'Academy ou faire un tour au O'Sullivan voir si là-bas l'un d'entre eux n'ai pas un don semblable au tiens.

Pour deux des trois options, je pouvais bien faire un effort, pour la dernière... c'était mort. Je ne m'approcherais pas de l'Academy, même pour tout l'or du monde. Lyra fit ensuite un énorme sourire à Elena.

- Je crois que j’ai surtout besoin… j’ai surtout besoin de me construire une vie. Si j’essaye de me concentrer sur ce que je ressens moi il me reste quoi? Je me sens triste parce que j’ai laissé ma famille derrière moi, je me sens mal parce que je n’irais sans doute plus jamais au conservatoire, j’ai l’impression d’être devenue une bête de foire, je me souviens trop fort de combien les gens me détestent. Tout ce que j’ai pour le moment, c’est toi Elena. Il me faut une nouvelle vie, quelque chose en quoi croire. Apprends moi à devenir comme toi, à faire tout ce que tu m'as conseillé, hier soir tu te souviens? Quand mon esprit sera aussi lumineux que le tien, il ne craindra plus le mal porté par celui des autres et alors je n’aurais plus besoin de bouclier.

Ouatch. Pour un peu, je me serais cru à l'église un dimanche matin. Un esprit lumineux, excusez moi le cynisme, mais non, j'avais du mal à l'imaginer... Elena sourit à son tour. Ouais, conversations de filles...

- Excellent idée ! C'est un bon état d'esprit !

Elena regarda ensuite sa montre.

- Mais en attendant, il faut que je retourne bosser. Qu'est-ce que tu veux faire ? Tu peux rentrer à l'appart ou attendre ici ...

Elle se tourna vers moi.

- Si elle reste dans un coin de la cuisine, ça ira ?

Je haussais les épaules.

- ça ne me gêne pas. Mais si elle a une "crise", tu penses pouvoir la calmer... Et assurer ton job, ou bien je devrais me tenir prêt à mettre les mains à la patte ? Jimmy sera au bar avec moi, il a suffisamment d'ancienneté pour gérer si j'ai besoin de m'éclipser.

Surtout qu'un groupe devait venir jouer pour la soirée, ce qui promettait une ambiance plutôt rock'n'roll.

- Mais si tu veux rester au calme, c'est pas ici que tu trouveras ton bonheur. Ce sera le feu, ce soir.

Je n'aurais su mieux dire. Maintenant, c'était à Lyra de choisir.

J’avais finis par parler à Elena de son esprit, de ce qu’il me faisait vivre, d’à quel point il me faisait du bien. Elle et son patron avaient à présent la gentilesse de réfléchir ensembles à une solution plus durable pour moi. Ils s’étaient un peu disputés, mais le calme était revenu. Chad avait suggéré que je recontre des gens avec des dons proches des miens. L’idée me faisait frémir mais je sentais qu’il avait raison. Alors je m’efforçais d’écouter ce qu’il avait à me dire. Il était temps que je me débarasse de mes peurs, de ma honte. Cela faisait parti de ce que les mots d’Elena voulaient dire pour moi.

-Tu as deux ... non trois solutions : chercher par toi-même, aller voir à l'Academy ou faire un tour au O'Sullivan voir si là-bas l'un d'entre eux n'ai pas un don semblable au tiens.

Je me giflais intérieurement. L’Académy mais oui ! En réalité si je n’y avais pas pensé c’est parce que chez moi, on appellait ce lieu « Trou à mutos. » où pour les conversations plus polies l’ « Asile des dégénérés. ». Je devais changer de point de vue, aussi. Tant de choses qu’il fallait revoir. Quand au O’Sullivan j’imaginais qu’il s’agissait d’un bar, mais j’en avais jamais entendu parlé.

-Je n’avais pas pensé à l’Academy… je suis bête… Quand au O’Sullivan je ne connais pas… il faut dire que je ne suis pas beaucoup sortie de chez moi avant… enfin…
Je chassais bravement les mauvaises pensées de mon esprit et poursuivais.

-Elena ? Tu penses que tu pourrais m’accompagner à l’un ou l’autre, si tu en as le temps ? Sinon j’irais seule quand je me sentirais un peu mieux…

Malgré tout je restais convaincue que la meilleure chose pour moi était de devenir plus forte en dedans. D’acquérir des émotions positives pour faire face à tout ce qu’il y avait d’horrible au dehors. Je rappelais donc à Elena notre conversation de la vieille et lui expliquais que pour moi, la solution à mon problème était toute trouvée même si évidemment la route serait longue. Comme je m’y attendais elle fut d’accord avec moi.

-Excellente idée ! C'est un bon état d'esprit ! commenta-t-elle. Je lui souris en retour, avec l’impression délicieuse que la force de sa lumière était encore augmentée.

En revanche, si Chad ne fit aucun commentaire, il semblait trouver mon discours proprement ridicule. C’était evident, logique, lui depuis la boue où il se débattait, il n’avait aucune idée qu’un tel prodige puisse exister. Moi non plus je n’en savais rien avant mon don. Soudain je remerciais le ciel de m’en avoir fait cadeau. J’aurais voulu lui montrer ou lui dire, mais c’était impossible.

-Mais en attendant, il faut que je retourne bosser. Qu'est-ce que tu veux faire ? Tu peux rentrer à l'appart ou attendre ici ...

Elena m’avait tirée brusquement de mes pensées. J’attendis la réaction de Chad avant de répondre. Plus le temps passait, et plus j’avais l’impression qu’il ne m’appréciait guerre, moi et mes grands discours qui sonnaient faux dans ses oreilles.

-Si elle reste dans un coin de la cuisine, ça ira ? demanda Elena. J’attendis avec appréhension. Rentrer à l’appartement seule ne me disait rien. Seule j’allais rester à ressasser ma peine. Mais je reconnaissais son droit de me mettre dehors.

-ça ne me gêne pas. Mais si elle a une "crise", tu penses pouvoir la calmer... Et assurer ton job, ou bien je devrais me tenir prêt à mettre les mains à la patte ? Jimmy sera au bar avec moi, il a suffisamment d'ancienneté pour gérer si j'ai besoin de m'éclipser.

Je savais qu’il n’avait pas pensé à mal, qu’il s’occupait tout naturellement du bon fonctionnement du Croco Deal. Il pensait même à quoi faire pour m’aider. Je savais aussi qu’il avait pris les premiers mots tombés sous sa main, sans y penser. Mais ces mots m’avaient fait mal.  « Crise » on m’avait trop collé ce mot au visage, comme une discréditation de mes souffrance comme « elle fait sa crise, encore…». Il y avait une chose que j’avais appris la vieille : je n’étais plus une malade mentale, et je ne faisais plus de « crise. » Mais au fond il avait raison, qu’est ce qu’il y avait de différent ? Cet après midi j’avais été complètement hors de contrôle, même mes souvenirs étaient flous comme au moment de mes plus profondes dépressions. Je m’efforçais de garder mon calme. Je me répétais que j’allais changer, que je le pouvais, que tout cela allait finir. Je décidais de rester sincère. Parmi le mensonge ou j’avais grandi, c’était une valeur précieuse à mes yeux.

-Je préfèrerais rester ici. Je ne causerais pas d’ennuis c’est promis. Le pire qui puisse m’arriver c’est de me mettre à pleurer recroquevillée dans un coin. Si ça ne se produit pas, je pourrais peut-être me rendre utile ?

Je me tournais vers Elena, à la recherche d’une aide, quelque chose…

-Mais si tu veux rester au calme, c'est pas ici que tu trouveras ton bonheur. Ce sera le feu, ce soir.  Dit-elle encore. Je m’efforçais d’avoir l’air réjouie même si au fond j’étais un peu effrayée.

-Ce n’est pas grave. Je crains les gens tristes ou en colère. Mais avec un peu de chance l’amusement général les masquera.

Je souriais à Elena essayant d’éviter les yeux de Chad.

Lyra demanda l'aide à Elena. La solution idéale, à vrai dire. Je manquais légèrement de tact en parlant de crise, à voir la tête de Lyra, mais je n'avais pas pour habitude de ménager mon monde.

- Je préfèrerais rester ici. Je ne causerais pas d’ennuis c’est promis. Le pire qui puisse m’arriver c’est de me mettre à pleurer recroquevillée dans un coin. Si ça ne se produit pas, je pourrais peut-être me rendre utile ?
- La cuisine, c'est le royaume de Shakkey, voit ça avec elle.

Cette dernière hocha la tête.

- Je gérerai Chad

Parfait.

- Pour le coup de main, pourquoi pas. Mais quand ce sera vraiment le rush, il vaudrait mieux que tu restes à l'écart, comme tu n'as pas d'expérience. C'est carrément la folie en cuisine à l'heure de pointe.

C'était peu dire. Encore que ce soir, le bar tournerait sans doute plus que la cuisine. C'était souvent ça avec les soirées concert.

- Ce n’est pas grave, affirma-t-elle. Je crains les gens tristes ou en colère. Mais avec un peu de chance l’amusement général les masquera.
- Comme tu veux.

L'affaire semblait donc réglée.

- Alors c'est décidé ! Au boulot !

Un claquement de mains plus tard et elle semblait prête à courir à son poste.

- Ah, au fait, tu veux peut-être te changer, Lyra ? Je dois avoir un vieux jean qui traîne dans mon casier, si tu veux.

Je me tournais et attrapais un t-shirt à l'effigie du bar. D'ordinaire, c'était l'équipe qui en portait. Je le tendis à la jeune femme.

- C'est pas de la haute couture, mais si tu dois bosser en cuisine, vaut mieux que tu changes de t-shirt, des fois que tu te tâches.

// Je vous laisse entre vous en cuisine, vous n'aurez qu'à m'appeler si vous avez besoin de moi

Chad avait parlé des autres lieux où on pouvait trouver des mutants. Je demandais à Elena de m’y accompagner. Elle acceptait et j’étais contente. Nous avions parlé de comment réglé mon problème. Chad nous avait trouvé ridicules mais peu importait. Puis avait été évoquée la question de savoir ce que j’allais faire, maintenant que j’étais ici. Bientôt ce serait le coup de feu, mais je ne voulais pas rentrer à l’appartement et me morfondre toute seule.

Chad avait employé le mot « crise » pour me décrire alors je serrais les dents, me battant contre les mauvaises pensées.

-La cuisine, c'est le royaume de Shakkey, voit ça avec elle. conclut-il

- Je gererais Chad. répondit Elena. J’étais soulagée, j’allais rester ici c’était décidé.

- Pour le coup de main, pourquoi pas. Mais quand ce sera vraiment le rush, il vaudrait mieux que tu restes à l'écart, comme tu n'as pas d'expérience. C'est carrément la folie en cuisine à l'heure de pointe. expliqua encore Elena.

Je me sentais moins contente tout à coup, je redoutais l’idée d’être un poids pour elle, de l’encombrer encore une fois. Alors je décidais que je ferais rien qui puisse la gêner dans son travail. Je songeais aussi que de l’expérience j’en avais de l’époque ou mon père estimait que je ne pouvais rien faire d’autre que préparer les repas pour ses convives. Mais c’était quatre ou cinq personnes qui attendaient patiemment, pas un plein restaurant.

-Compris. fis-je en hochant la tête. J’ai ravie de pouvoir me rendre utile enfin, même si ça ne rembourserait rien de ce qu’elle avait fait pour moi.

Chad et Elena me mirent encore en garde quand à l’agitation qui allait régner ce soir. Je leur répondis que les gens joyeux en train de s’amuser ne pouvaient pas me faire de mal.

-Alors c’est décidé au boulot ! fit Elena en claquant des mains. Elle était heureuse et je l’étais aussi par procuration.

Elena me proposa un jean de son casier, Chad me tendit un T-shirt du Croco’. Le Jean d’Elena m’allait bien, mais je nageais littéralement dans le T-shirt. Je songeais en observant mes bras sortir des manches comme des brindilles que maintenant que je n’allais plus au conservatoire, j’allais pouvoir prendre un peu de poids.

Quand Chad quitta la pièce, je levais les yeux au ciel sans le vouloir. Je souris pour moi-même. A présent que sa présence un peu sombre avait cessé de peser discrètement sur moi, je me rendais compte que tous ces efforts vains pour amuser la galerie et faire croire que tout allait bien avaient quelque chose d’attendrissant. Je me reprenais vite, me souvenant qu’Elena n’allait sans doute pas tarder à me donner des instructions.

Vaguement anxieuse j’attendais. Elle remis en place son chignon et sa tenue, semblant réfléchir un instant puis elle me dit tout en montrant un plan de travail vide.

-Tiens, tu n'as qu'à t'installer ici. Tu peux commencer par découper le pain. On fait toujours les tranches à l'avance, c'est plus pratique. Et ensuite, il y a des légumes à éplucher.

C’était dans mes cordes, heureusement. Rassurée je commençais d’emblée à faire ce qu’elle me demandait. Elle était retournée à sa tâche et nous étions à présent dos à dos chacune les mains occupées. Mais dans mon esprit, j’avais constamment l’impression que nous étions face à face.

- Tu t'y connais beaucoup en cuisine ? demanda-t-elle soudain à travers les bruits des couteaux.

-Un peu… Quand mon père organisait des repas d’affaire à la maison, je faisais la cuisine à partir des recettes de ma mère et j’étais chargée de faire le service. Mais c’était cinq ou six convives pas un plein restaurant.

J’omettais de dire qu’évidemment c’était la seule chose qu’on m’estimait capable de faire, tant que je suivais la recette scrupuleusement sans jamais prendre aucune initiative. Faire la cuisine avait quelque chose de dégradant chez moi. C’était différent ici. Elena était la cuisinière elle était donc investie d’un certain pouvoir et tout le monde lui faisait confiance.

Nous parlâmes un peu de tout et de rien et l’espace de ce moment je me sentis vraiment bien. Peu à peu les choses s’accélérèrent. J’eus du mal à lâcher prise, je ne sentais pas que peu à peu mes pensées s’embrouillaient. A côté la musique avait commencé à raisonner et la foule compacte grondait comme le chant de la marrée qui s’approche lentement. Elle me plaisait ou elle plaisait à la foule je ne savais plus vraiment. J’étais bien, euphorique même. Bien avant qu’Elena ne me demande de la laisser travailler je n’étais déjà plus en état de faire quoique ce soit. J’avais attrapé un espèce de fou rire incontrôlable, je voyais trouble. Un peu paniquée je cherchais l’esprit d’Elena mais il était complètement enseveli dans le flot. Ou peut-être s’amusait-elle aussi. Je la trouvais soudain face à moi.

-Il vaudrait mieux que tu restes sur le côté, maintenant. me dit-elle.

Ne parvenant pas à me sentir coupable par dessus le trouble de mon esprit, je me collais contre un mur. Rester au mur. Ce fut la seule chose que j’avais à faire maintenant mais c’était devenu presque impossible. J’avais envie de sautiller, de rire, de chanter à tue-tête de crier, de pleurer, de bouger, de danser, de courir dans tous les sens. Je me sentais comme dans un train à pleine vitesse, vitre ouverte, comme en chute libre. Dos au mur je me tordais les doigts, un grand sourire aux lèvres.

Heureusement Elena ne me remarquait pas. C’était tant mieux parce que sinon, j’aurais eu un peu honte. Vraiment honte en réalité. Mais la partie de moi qui se disait tout cela était loin, loin derrière le vacarme de cette émotion que je rencontrais pour la première fois. L’amusement.

Peu à peu le ballon joyeux qui se débattait dans ma poitrine se dégonfla. J’étais à la fois soulagée et désorientée. Je me souvenais brusquement que j’étais dans la cuisine. J’avais des traces sur les bras parce que j’avais poussé mon corps contre les carreaux.

Brusquement quelqu’un entra, prenant soudain conscience que pendant ce temps, le monde avait continué de tourner, j’essayais de reprendre contenance sans y parvenir.

-C'est quasiment terminé ! annonça-t-il. Le plus gros est passé. Sur le moment, je n’eus aucune idée de ce dont il parlait.
-Cool. Je vais pouvoir souffler un peu. commenta Elena. Effectivement elle avait l’air épuisée. Elle s’écroula littéralement sur le tabouret.

-Comment ça va ? me demanda-t-elle tout à coup. Je fus prise de court, un peu honteuse.

-Euh… je… j’ai l’impression d’avoir fait un grand huit cent fois de suite mais à part ça, ça va… J’essayais de lui sourire pour ne pas qu’elle s’inquiète. Mais avec le peu de recul que je commençais à prendre, cela me faisait un peu peur.

-Au fait, je te présente, Samuel, l'un de nos serveurs. poursuivit Elena

- Enchanté. Tu peux m'appeler Sammy. Enchaina-t-il sur un ton joyeux.
Son esprit, était simple, éclairé, tranquille. Il restaurait en moi un semblant de normalité.

-Je suis Lyra.  Répondis-je comme je pus, pas encore complètement remise de mes émotions.

- Le groupe de ce soir a bien marché ? demanda encore Elena.

Je savais déjà que oui. Mais je me taisais. Peut-être ne savait-il pas encore ce que j’étais. Si c’était le cas il valait mieux qu’il continue de l’ignorer. De toute façon, ils continuaient de parler, sans se soucier de ma présence.

-Du tonnerre de dieu. Le patron est aux anges. M'est avis qu'il va s'arranger pour les faire revenir un autre soir.

- Il est doué pour ce genre de chose. répondit Elena avec une moue étrange.

Samuel éclata de rire et je manquais de rire aussi. Ce frémissement qui passa à travers elle à ce moment, je le connaissais bien : le trac. J’étais attendrie.

-Je vais nous préparer de quoi manger. Je meurs de faim. T'as envie de quelque chose de particulier ? dit encore Elena en remuant un peu. Elle avait l’air de peiner à se relever.

-Peu importe, du moment que tu me laisses t’aider. Répondis-je. Je réalisais que moi aussi j’étais affamée. J’avais peu de souvenir de mon repas de midi après tout…

J’expliquais à Elena que j’avais été un peu secouée. Un grand huit cent fois de suite… c’était une assez bonne métaphore. C’était tout ce que j’avais pour essayer de parler de ce que je vivais : la métaphore.

Et puis nous résolûmes de faire à manger, pendant qu’Elena finissait avec les dernières commandes de la soirée. Les serveurs entrèrent et sortirent une dernière fois et j’essayais d’avoir l’air le plus normal possible. Sans grand succès.

-A nous maintenant. J’ai une de ces faims. S’exclama soudain Elena.
Elle nous sorti deux tabourets, fit un peu de place. Je compris qu’on mangerait directement dans le plat. Je souris. J’aimais cette convivialité, cette façon qu’elle avait de ne pas se prendre la tête avec les détails.

-Bon appétit ! me lança t-elle de nouveau joyeuse.
-A toi aussi. Répondis-je un peu confuse.

-Alors, qu'est-ce que ça t'as fait d'être confrontée à tant d'émotions en même temps? Pas trop chamboulée? Me demanda-t-elle tout en enfournant un morceau omelette.

-Je ne sais pas… En fait je me suis sentie vraiment bien, complètement euphorique… Tu m’avais demandé de ne pas rester au milieu mais ça été difficile pour moi de ne pas bouger. J’ai perdu la notion du temps, j’étais complètement envahie je ne pouvais plus penser mais j’étais bien. Je crois que je ne percevais plus vraiment ce qu’il y avait autour de moi, comme cet après-midi au conservatoire. Je me souviens juste que tu m’as demandé de ne pas rester au milieu. C’est comme faire le tour d’un manège où on aurait pas choisit de monter. C’est tellement rapide que tu ne vois plus le décors ni les gens qui t’attendent en bas. C’est assez…indescriptible.

Je marquais une pause pour commencer à manger moi aussi. Je me rendais compte maintenant que j’étais affamée.

-Tu sais… avec le recul tout ça est un peu effrayant. Cette fois je ne te sentais plus du tout. Tu étais noyée dans la masse. Ce qui veut dire que même si tu es là avec moi, tu ne peux pas me protéger de tout.

Je m’arrêtais de nouveau mesurant mes propos.

-Je crois que toi et Chad avez raison. Il faut que je trouve des gens… des gens qui vont pouvoir m’aider à… vraiment faire face… C’est tellement fort que… je commence à me demander ce que je peux faire d’autre…

Je baissais les yeux. A cet instant j’aurais aimé que le groupe et la foule reviennent pour me plonger à nouveau avec eux, hors de moi-même, pour faire un autre tour sur le grand-huit.

Nous étions à présent devant une bonne omelette. Le rush était passé et j’avais l’impression redescendre sur terre après un long voyage je ne savais où. Je commençais à réaliser que mon don était dangereux, pour moi-même et qui savait, peut-être pour les autres. Comme toujours je comptais sur Elena. Je lui parlais de tout cela lorsqu’elle me demanda comment je me sentais.

Elle m’écouta patiemment, avec attention, sans rien dire, attendant que je termine.

-C'est sûr que tu peux pas rester comme ça. On trouvera bien quelqu'un. Demain, je ne bosse qu'à partir de quinze heures. On pourrait aller faire un tour au Sullivan ? Et pourquoi pas à l'Academy, si on a le temps … finit-elle par dire après un temps de reflexion.

-C’est une bonne idée, même si ça m’inquiète un peu. En tout cas merci. Encore une fois, c’est toi qui t’occupe de moi.

Je baissais les yeux. Elle avala une tomate et repris.

-Et puis, il faudrait te trouver une occupation à côté de ça. Histoire que tu ne restes pas uniquement focalisée sur ton pouvoir. Il faut que tu sortes, que tu vois des gens, que tu ais quelque chose à faire.

-Je ne demande que ça. Simplement je ne vois pas vraiment quoi. Tu sais je ne sais rien de ces petits boulots que font les gens qui sont en galère. Je ne pensais pas me retrouver un jour dans cette situation.

Elle poursuivit.

-Je me doute que ça doit te faire peur. Surtout à l'heure actuelle, parce que tu contrôles rien. Mais tu ne peux pas te cloîtrer dans ma cuisine tous les jours, à vibrer au rythme des coups de rushs. Bien sûr, on va pas te balancer dans un centre commercial à l'heure de pointe. Faudrait trouver un coin au calme, où tu pourrais être à ta place …

Elle marqua une pause, réfléchissant.

-Genre, distribuer des journaux au petit matin … je sais pas, moi …

Je posais mon menton sur ma main, levant les yeux au ciel. Je ne me voyais pas du tout faire ce genre de choses. En même temps je détestais rester comme cela. Inutile, un poids pour les autres. C’était une chance d’apprendre à me débrouiller.

- Je ne sais pas si j’en serais capable. Enfin distribuer les journaux ça oui je sais faire. Mais par contre, déjà le matin il y a du monde… Enfin je n’en sais rien. Il faudrait que j’essaye je pense…

HJ: Comment les choses vont-elle se passer ensuite? Si tu n'as rien de spécial à ajouter je pense qu'on pourrait ouvrir un nouveau sujet au Sullivan ou à l'Academy. Je te laisse le faire? Après comment ça se passe, pour les autres personnages avec qui je vais interagir?

HJ : Okay pour changer de sujet. Pour les autres personnages avec lesquels tu vas interagir, si tu les invente de toutes pièces, tu es libre de faire ce que tu veux. S'il s'agit d'un PV non utilisé, tu peux le faire agir du moment que tu respectes les pistes données dans la description du PV. Et il vaut peut-être mieux ne pas leur donner un rôle trop important, ou alors il faudra le préciser dans la fiche de PV. Et s'il s'agit d'un personnage "utilisé", on l'invite dans le post (comme avec Chad).



EDIT : On pourrai ouvrir au Sullivan ? Et y croiser Billy ?

HJ: Oui j'aimerais bien. Je te laisse ouvrir?

Dac, ça marche.