Incoming...
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

Partagez
 

 Au Commissariat

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Jeyne E. Swann
Jeyne E. Swann


Messages : 140
Date d'inscription : 22/04/2013

Au Commissariat Empty
MessageSujet: Au Commissariat   Au Commissariat EmptyJeu 26 Sep - 18:54

Le Commandant McKnight était finalement passé me chercher. Je l'avais attendu, frissonnante dans ma cabine téléphonique pas étanche, et avais finalement aperçu sa voiture. Prenant mon courage à deux mains, j'étais allé le rejoindre en courant sous la pluie battante. Une fois au sec dans son automobile, j'avais été incapable de soutenir son regard, alors que je le sentais peser sur mon coquard, ma lèvre fendue et mes vêtements déchirés. Je m'étais recroquevillée sur moi-même, serrant mes genoux contre ma poitrine, tant pour me protéger du froid que pour chasser les souvenirs encore frais dans ma tête.

Nous étions à présent en route vers le Commissariat de Daytona. Et tout le courage qu'il m'avait fallu pour prendre la décision de porter plainte était déjà en train de se dissoudre comme neige au soleil. Je me mordis la lèvre. J'étais devenue tellement prévisible... le verre partagé avec Billy, l'intervention en plein cours devant McKnight... Des impulsions soudaines et spontanées, mais qui ne duraient bien longtemps. Mais cette fois, il ne fallait pas que je laisse tomber. Aussi, pris-je une grande inspiration, perçant le silence qui commençait à devenir pesant.

- Commandant, vous pouvez me faire une promesse ? Forcez-moi à aller jusqu'au bout.

Je me sentis rougir, et mes bégaiements revinrent au grand galop.

- Enfin, je veux dire... Je... Je me connais. Je sais qu'une fois le choc passé, j'aurais tendance à me rétracter, à vouloir retirer la plainte et à laisser Sébastian gagner.

Ma gorge se noua et ma voix baissa d'un ton.

- J'ai toujours agi comme ça. Je ne vais jamais jusqu'au bout quand il s'agit de me défendre, par lâcheté, par peur. Mais cette fois c'est différent. Cette fois, je veux... Non, il faut que j'aille jusqu'au bout. Je ne peux plus me laisser faire comme ça. Alors...

Je soupirai et j'osai relever les yeux vers lui.

- Alors, lorsque ce moment arrivera, le moment où je voudrais tout abandonner... Rappelez-moi de ne pas le faire. Rappelez-moi d'aller jusqu'au bout. Quoi qu'il arrive.

J'avais conscience de beaucoup lui demander et un peu honte de me reposer autant sur lui. J'étais incapable de prendre ces responsabilités toute seule, alors je les faisais reposer sur lui. Je me comportais comme une égoïste.

Mais je préférai être égoïste qu'être une victime.
Revenir en haut Aller en bas
Terrence L. McKnight
Terrence L. McKnight

To Protect and to Serve

Messages : 78
Date d'inscription : 22/05/2013

Au Commissariat Empty
MessageSujet: Re: Au Commissariat   Au Commissariat EmptyJeu 26 Sep - 20:50

A peine mon téléphone raccroché, j'avais bondi hors de mon siège et attrapé mes clés. Juste avant de sortir du bureau, je pensais à prendre ma veste - vu ce qu'il tombait dehors, c'était un coup à chopper une pneumonie.

- Calvin, je dois m'absenter un petit instant. Quand je reviendrais, je veux que personne ne me dérange.
- Bien, Commandant.


Je lui fis un bref sourire avant de filer. Je démarrais en trombe, presque tenté de mettre les gyrophares, heureusement, le gros du flot de la circulation était passé. J'arrivais assez vite au lieu indiqué par l'adolescente. Elle courut vers la voiture et se glissa à l'intérieur sans me regarder. Elle était repliée sur elle-même, mais ça ne m'avait pas empêché de voir les dégâts. J'augmentais la chaleur du chauffage, elle était complètement trempée.  Je démarrais et pris la direction du commissariat. J'attendis qu'elle prenne la parole, pour ne pas la brusquer.

- Commandant, vous pouvez me faire une promesse ? Forcez-moi à aller jusqu'au bout.

Je la fixais un peu... surpris par sa demande. Elle rougit.

- Enfin, je veux dire... Je... Je me connais. Je sais qu'une fois le choc passé, j'aurais tendance à me rétracter, à vouloir retirer la plainte et à laisser Sébastian gagner.

Elle baissa encore un peu la voix.

- J'ai toujours agi comme ça. Je ne vais jamais jusqu'au bout quand il s'agit de me défendre, par lâcheté, par peur. Mais cette fois c'est différent. Cette fois, je veux... Non, il faut que j'aille jusqu'au bout. Je ne peux plus me laisser faire comme ça. Alors...

Elle soupira et leva les yeux timidement vers moi. Je lui fis un sourire amical.

- Alors, lorsque ce moment arrivera, le moment où je voudrais tout abandonner... Rappelez-moi de ne pas le faire. Rappelez-moi d'aller jusqu'au bout. Quoi qu'il arrive.
- Je te le promet.  Et je te promet aussi que ce petit con n'échappera pas aux conséquences de ses actes.


Je n'étais pas quelqu'un de très grossier, mais il m'arrivait de perdre mon sang  froid dans ce genre de situation. Nous étions arrivés.

- Viens, on va aller dans mon bureau, on sera plus tranquilles.

Je la guidais à travers le bâtiment, jusqu'à mon bureau. Ce dernier visait plus la fonctionnalité que l'esthétique. Il était juste décoré de quelques photos - une du lycée, une de l'armée, une avec le sénateur, une en famille à Hawaï et une photo de mon fils et de moi, prise par Helen.

- Bien, il va falloir que tu me racontes en détail tout ce qu'il s'est passé. Les coups, les injures, il ne faudra rien oublier. Il faudra aussi que tu voies un médecin. Si tu es encore mineure, il va falloir que je prévienne tes parents.

Je vis de l'appréhension dans son regard.

- C'est la procédure, Jeyne. Je suis désolé.

Elle eut l'air de douter un instant, avant sans doute que sa détermination prenne le dessus.

- Tu veux quelque chose à boire ? Un thé ou un chocolat chaud, peut-être ?

Elle me répondit et j'allais lui chercher sa boisson. Et un de ces sweats plutôt informe qu'on avait. Histoire qu'elle se réchauffe un peu.

- Prend ton temps, je sais que ce n'est pas facile. Si tu veux, j'appellerai tes parents un peu plus tard et je leur parlerais.

Je préparais ce qu'il me fallait pour prendre sa déposition. Normalement, c'étaient les officiers qui prenaient les dépositions, mais je me voyais mal la laisser avec un inconnu. Même si mes collaborateurs étaient compétents. Il suffisait de tomber sur un officier comme Joshua Flynn et ça serait... problématique. Même si par ailleurs c'était un bon flic.
Revenir en haut Aller en bas
Jeyne E. Swann
Jeyne E. Swann


Messages : 140
Date d'inscription : 22/04/2013

Au Commissariat Empty
MessageSujet: Re: Au Commissariat   Au Commissariat EmptyLun 30 Sep - 8:51


- Je te le promet. Et je te promet aussi que ce petit con n'échappera pas aux conséquences de ses actes.

Je le fixai un moment, puis parvins à faire un maigre sourire. Le Commandant McKnight était le genre d'homme qui inspire confiance, et qui redonne courage. Je me sentais rassurée de l'avoir à mes côtés. Je devinai qu'il saurait m'aider et m'épauler, tout en se montrant assez ferme pour me pousser à aller jusqu'au bout. Une fois au Commissariat, il me guida jusqu'à son bureau, où nous serions plus tranquilles.

Ce dernier était fonctionnel, mais le militaire en avait fait son espace à lui. Mon regard glissa sur plusieurs photos, où il souriait en compagnie de proches ou de frères d'armes. Dans un cadre en bois, on le voyait en compagnie d'un petit garçon qui lui ressemblait. Sûrement son fils, qu'il avait mentionné, je crois, lors de son intervention au lycée.

- Bien, il va falloir que tu me racontes en détail tout ce qu'il s'est passé. Les coups, les injures, il ne faudra rien oublier. Il faudra aussi que tu voies un médecin. Si tu es encore mineure, il va falloir que je prévienne tes parents.

La simple idée de revenir sur l'incident n'était pas vraiment pour m'enchanter, et lorsqu'il mentionna mes parents, je me raidis un peu. En fait, ce n'était pas vraiment que j'avais peur d'eux, c'est que je redoutais de leur annoncer que j'avais été persécutée toutes ces années sans jamais rien leur dire.

- C'est la procédure, Jeyne. Je suis désolé.

Je restai hésitante, puis me rappelai que je voulais aller jusqu'au bout cette fois, ce qui incluait de parler à mes parents. J'inspirai un grand coup puis hochai la tête.

- Tu veux quelque chose à boire ? Un thé ou un chocolat chaud, peut-être ?
- Je veux bien un chocolat.

Il s'absenta. Mon regard revint vers les photographies, et je reconnus le Sénateur sur l'une d'entre elles. C'est vrai qu'ils devaient bien se connaître ces deux-là. Ils étaient tous les deux les instigateurs du Projet Chimère. Le Commandant revint bientôt, une tasse fumante dans une main et un sweat usé dans l'autre. Je me lovais dans le pull et me pelotonnais sur ma chaise avant de prendre la tasse et de tremper mes lèvres dans le liquide brûlant.

- Prend ton temps, je sais que ce n'est pas facile. Si tu veux, j'appellerai tes parents un peu plus tard et je leur parlerais.

Je hochai distraitement la tête avant de boire une autre gorgée. Il me fallait raconter ce qu'il s'était passé, et cela ne me plaisait pas vraiment. Mais j'étais venu précisément pour cela. Alors, je me lançai...

- Sébastian ne m'avait adressé ni un seul regard, ni un seul mot depuis que... depuis que je me suis opposée à lui en cours. Mais je pouvais facilement deviner son ressentiment. Ce soir, je suis sortie de cours, j'ai pris la route vers mon arrêt de bus, qui se situe à côté du McDonald's. Il m'a suivie et il m'a interpellée, avec ce ton condescendant qu'il prend souvent avec moi. Il m'appelle « Jenny », c'est le surnom que ma mère me donnait quand j'étais petite, mais qui dans sa bouche sonne... faux.

Je me tus un instant avant d'entrer dans « le vif du sujet ».

- Il a dit que je faisais moins la maligne maintenant, sans mes amis mutants pour me défendre. Il m'avait plaquée contre le mur...

Ma voix se mit à trembler et je retins un sanglot. Je dus serrer les doigts autour de ma tasse pour ne pas la laisser tomber. J'entendais encore sa voix haineuse, je voyais encore la lueur mauvaise dans son regard. J'avais l'impression de sentir le sang pulser autour de mon coquard et de ma lèvre fendue, comme si les blessures s'étaient subitement mises à clignoter.

- Il ne s'était jamais montré violent, avant. Il se contentait d'injures et de moqueries. Une fois ou deux, il était allé jusqu'à déchirer mon sac et abîmer mes affaires... Mais il ne m'avait encore jamais frappé. J'ai pas vu le coup venir...

Ma voix s'était réduite à un murmure. Il me fallut rassembler tout mon courage pour poursuivre.

- Il a commencé par me cogner au visage. Il m'insultait en même temps. Il me traitait de... de sale mutante, la honte de l'humanité, contre-nature... ce genre de chose. Il disait que je n'avais pas le droit de vivre, pas le droit d'exister. Que je méritais ses coups. Que je devrais mourir, carrément me suicider, pour faciliter la vie des gens normaux... Et il continuait de me frapper. Je suis tombée, et il m'a donné des coups de pieds.

Je tremblais de tous mes membres, mais les mots avaient commencé à sortir et je ne pouvais plus les arrêter. Ma voix était hachée et saccadée, au rythme des paroles qui cascadaient dans ma gorge, qui dévalaient de ma bouche à un rythme soutenue, sans que je ne puisse rien stopper. Mais c'était trop. Trop dur, trop récent, trop horrible. Ma voix se brisa, les mots disparurent au milieu des sanglots, et je fondis en larmes.
Revenir en haut Aller en bas
Terrence L. McKnight
Terrence L. McKnight

To Protect and to Serve

Messages : 78
Date d'inscription : 22/05/2013

Au Commissariat Empty
MessageSujet: Re: Au Commissariat   Au Commissariat EmptyLun 7 Oct - 20:42

J'attendis que Jeyne commence à parler. Je ne voulais pas lui forcer la main. Elle but un peu de sa boisson avant de se lancer.

- Sébastian ne m'avait adressé ni un seul regard, ni un seul mot depuis que... depuis que je me suis opposée à lui en cours. Mais je pouvais facilement deviner son ressentiment. Ce soir, je suis sortie de cours, j'ai pris la route vers mon arrêt de bus, qui se situe à côté du McDonald's. Il m'a suivie et il m'a interpellée, avec ce ton condescendant qu'il prend souvent avec moi. Il m'appelle « Jenny », c'est le surnom que ma mère me donnait quand j'étais petite, mais qui dans sa bouche sonne... faux.

Je terminais de consigner ce qu'elle disait dans le procès verbal.

- Il a dit que je faisais moins la maligne maintenant, sans mes amis mutants pour me défendre. Il m'avait plaquée contre le mur...

Sa voix se mit à trembler sous le coup de l'émotion.

- Il ne s'était jamais montré violent, avant. Il se contentait d'injures et de moqueries. Une fois ou deux, il était allé jusqu'à déchirer mon sac et abîmer mes affaires... Mais il ne m'avait encore jamais frappé. J'ai pas vu le coup venir...

Sa voix n'était plus qu'un murmure. Je restais silencieux, mais je bouillais intérieurement.

- Il a commencé par me cogner au visage. Il m'insultait en même temps. Il me traitait de... de sale mutante, la honte de l'humanité, contre-nature... ce genre de chose. Il disait que je n'avais pas le droit de vivre, pas le droit d'exister. Que je méritais ses coups. Que je devrais mourir, carrément me suicider, pour faciliter la vie des gens normaux... Et il continuait de me frapper. Je suis tombée, et il m'a donné des coups de pieds.

Son corps était parcouru de tremblements. Une fois qu'elle eut finit de parler, elle éclata en larmes. Je cessais de remplir le rapport et lui tendis une boite de mouchoirs. Et dire que mon intervention au sein du lycée avait pour but d'éviter ce genre de situation. C'était comme qui dirait, un échec cuisant. Rien de ce qui me passait par l'esprit n'aurait sur réconforter l'adolescente. Je devais rester distant et professionnel, même si la situation faisait ressortir mon instinct paternel.

- Tu es sûre à 100% qu'il s'agit de Sebastian ?... Il me faut une identification formelle. Il était seul, ou bien quelqu'un d'autre était avec lui ?

Elle répondit à mes questions, une fois le sujet exploré en long en large et en travers, je mis le point final à la déposition, la relut brièvement avant de la tendre à Jeyne.

- Il faut que tu la relises, si tout est correct, tu peux signer au bas de la feuille.

Ce qu'elle fit après quelques minutes de relectures. Je lui fis un sourire encourageant.

- C'est bientôt fini.

J'appelais ensuite Calvin pour qu'il l'accompagne voir le médecin légiste - qui contrairement aux croyances populaires ne s'occupe pas uniquement des autopsies. Une fois seul dans mon bureau, je soufflais un coup et donnais un léger coup de poing sur le meuble en bois. Puis je téléphonnais aux parents de la jeune fille.

// comme ça tu peux les faire débarquer quand tu remontes... x)
Revenir en haut Aller en bas
Jeyne E. Swann
Jeyne E. Swann


Messages : 140
Date d'inscription : 22/04/2013

Au Commissariat Empty
MessageSujet: Re: Au Commissariat   Au Commissariat EmptyDim 13 Oct - 13:06

Le Commandant McKnight m'avait écouté parler sans rien dire, et lorsque, secouée et sous le choc, je fondis en larmes, il se contenta de poser son stylo et de me tendre un paquet de mouchoir. Ses gestes étaient nets, précis, professionnels. Et cela me fit mal. Je me sentais seule et perdue dans ce bureau strict et sans âme. Sans chaleur, sans couleur. Je froissai pas mal de mouchoirs avant que mes larmes ne se tarissent, plus par lassitude que par réconfort.

- Tu es sûre à 100% qu'il s'agit de Sebastian ?... Il me faut une identification formelle. Il était seul, ou bien quelqu'un d'autre était avec lui ?

Si j'étais sûre qu'il s'agissait de Sébastian ? Quelle question ! Cela faisait des mois qu'il me harcelait. Alors bien sûr que j'étais sûre. Le policier me parut froid et dur à cet instant, et j'en étais presque à regretter de l'avoir appelé lorsque je m'entendis répondre, de la même voix faible et malheureuse.

- Je suis sûre. C'était Sébastian. Et il était seul.

Maintenant que j'avais commencé à parler, il fallait que j'aille jusqu'au bout. Même pas à cause de la promesse que je m'étais faite, c'était physique. L'abcès était crevé, tout le pus devait sortir. Même si je l'aurais voulu, j'aurais été incapable de m'arrêter. Peu importe le ressentiment que je pouvais ressentir à l'égard de l'ancien policier, je répondais à toutes ses questions avant même de savoir si j'en avais envie. Il fallait que je me purge de cette expérience avant de pouvoir espérer m'en relever. Je prenais tut juste conscience de cette évidence lorsque le Commandant me tendis la déposition qu'il avait rédigé en fonction de mon témoignage.

Je baissai les yeux sur son écriture fine et droite et gorge nouée, commençai ma lecture. Mon estomac se contracta à certains passages mais mes larmes s'étaient taries. Une fois arrivée en bas de la page, je pris le stylo que me tendait McKnight. J'hésitai un bref instant avant d'apposer ma signature sur le document. Ça y est. C'était fait. Je ne pouvais plus revenir en arrière. Mais loin de me paniquer, cette perspective me soulagea, comme si un poids énorme venait de quitter mes épaules.

Après m'avoir affirmé que tout serait bientôt terminé, le Commandant désigna un de ses collègues pour m'accompagner chez le médecin du commissariat. Le trajet se fit en silence jusqu'à une petite pièce munie d'un bureau, d'un lit et d'une armoire. Le médecin était un petit homme au crâne dégarni et au sourire facile. Il me mit instantanément en confiance et commença à m'examiner tout en parlant. Mais pas une fois il ne me questionna sur la raison de ma présence ou sur la cause des bleus qui maculaient mon ventre.

Le docteur s'absenta un instant pour répondre au téléphone et je pris le temps de réfléchir au comportement du Commandant, quelques minutes plus tôt, qui m'avait paru si dur et froid. Je réalisai que c'était sa position qui exigeait de lui cette droiture, ce quasi-stoïcisme. Dans sa profession, il ne pouvait pas se permettre de s'impliquer intimement, il représentait après tout l'ordre et la loi, et se devait donc de rester neutre et objectif, quoiqu'en dise son cœur. Le boulot de flic demandait des nerfs solides, et une forte détermination, on était bien loin de l'image véhiculée dans toutes ces séries télés à la mode qui pullulaient sur les ondes télé.

Le médecin revint finalement et me ramena dans le bureau du Commandant. Lorsque la porte s'ouvrit, j'eus la surprise de découvrir mes parents à l'intérieur. Mon père était blafard et ma mère semblait au bord des larmes. J'eus à peine le temps de m'angoisser de leur présence que ma mère se précipita vers moi et me serra dans ses bras. Elle n'avait pas eu un geste aussi spontané avec moi depuis bien longtemps.

- Oh, Jenny... Ma petite Jenny... bredouillait-elle entre ses larmes.

Je sentis mon cœur se serrer. Depuis quand ne m'avait-elle pas appelée ainsi ? Je retrouvais dans ce petit surnom la douceur de mon enfance et tout l'amour qu'elle me portait. Je lui rendis son étreinte. Dans sa bouche, ce surnom était tellement plus agréable que dans celle de Sébastian. Je sentis la main de mon père, protectrice, se poser sur mon épaule. Doucement, mais fermement, il me dégagea des bras de ma mère et tourna face à moi. Ses doigts effleurèrent timidement mon œil au beurre noir et ma lèvre blessée. Il tremblait.

- Pardon, Jeyne... Nous aurions du voir que... Nous aurions du être là pour toi...

Il n'acheva pas sa phrase et je me jetai dans ses bras.
Revenir en haut Aller en bas
Terrence L. McKnight
Terrence L. McKnight

To Protect and to Serve

Messages : 78
Date d'inscription : 22/05/2013

Au Commissariat Empty
MessageSujet: Re: Au Commissariat   Au Commissariat EmptyDim 19 Jan - 17:26

Je bouillais de rage intérieurement, mais j'offrais une façade de marbre. Ne pas céder à la colère, quelque soit l'infamie contre laquelle on se révolte. Ne jamais perdre son sang-froid. Une leçon que j'avais apprise chez les Seals. Je confiais la jeune Jeyne à Calvin une fois qu'elle eut signé la déposition. J'en profitais pour souffler un coup et cogner légèrement le bureau avant de téléphoner à ses parents. C'était là toute l'implication que je pouvais me permettre. Ce coup de fil sembla leur faire l'effet d'un électrochoc, comme si ce n'était absolument pas possible que ça arrive. Au moins n'en rejetaient-ils pas la faute sur Jeyne. Ils arrivèrent, affolés, une poignée de minutes plus tard.

Je leur expliquais la situation, ce qui venait de se passer et ce qui allait à présent se passer, puisque Jeyne avait décidé de porter plainte. Je ne leur cachais rien et je les "malmenais" suffisamment de façon à ce qu'ils se rendent compte de l'ampleur de la situation et le fait qu'ils devaient impérativement soutenir leur fille, peu importe qu'elle soit différente. Je venais de terminer mon petit laïus lors qu'elle fut ramenée par le Doc. Sa mère se jeta littéralement dans ses bras. En larmes.

- Oh, Jenny... Ma petite Jenny...

Puis, plus timidement, le père alla se joindre à l'étreinte.

- Pardon, Jeyne... Nous aurions du voir que... Nous aurions du être là pour toi...

Je m'autorisais à faire un petit sourire à Jeyne lorsqu'elle me regarda.

- Bien, la plainte va être enregistrée et je convoquerais le mis en cause. Pour le moment, il vous faudra vous contenter d'attendre. Mais je pense que cette histoire ne va pas s'éterniser.

A moins de vouloir déclencher un cataclysme politico-journalistique... Ce qui était loin d'être mon intention.

- Monsieur et Madame Swann, je n'ai pas à vous dire quoi faire, seulement, dans l'intérêt de votre fille, vous devriez la soutenir même si sa particularité peut vous mettre mal à l'aise. Vous êtes ses parents, et elle va avoir besoin de vous aujourd'hui plus que jamais.

Je leur fis un petit sourire.

- Mon bureau vous est ouvert, ici autant qu'à l'Academy, si jamais vous avez des questions.
Revenir en haut Aller en bas
Jeyne E. Swann
Jeyne E. Swann


Messages : 140
Date d'inscription : 22/04/2013

Au Commissariat Empty
MessageSujet: Re: Au Commissariat   Au Commissariat EmptyDim 19 Jan - 18:04

J'avais retrouvé mes parents. Mes vrais parents. Pas les adultes aveugles et sourds qu'ils étaient devenus. Bien sûr, il nous faudrait du temps pour nous reconstruire, pour effacer ces années de silence et d'ignorance commune, mais je voulais y croire. Les bras chaleureux de ma mère m'incitaient à y croire. Je n'étais plus seule. J'avais mes parents, avec moi.

Lorsque le croisai le regard du Commandant McKnight, il m'adressa un petit sourire, que je lui rendis à travers mes larmes.

- Bien, la plainte va être enregistrée et je convoquerais le mis en cause. Pour le moment, il vous faudra vous contenter d'attendre. Mais je pense que cette histoire ne va pas s'éterniser.

Mon ventre se noua brièvement. Je n'osai imaginer la réaction de Sébastian lorsqu'il apprendrait que j'avais osé porter plainte contre lui. Je n'étais pas très pressée de retourner au lycée lundi.

- Monsieur et Madame Swann, je n'ai pas à vous dire quoi faire, seulement, dans l'intérêt de votre fille, vous devriez la soutenir même si sa particularité peut vous mettre mal à l'aise. Vous êtes ses parents, et elle va avoir besoin de vous aujourd'hui plus que jamais.

Ma mère laissa échapper un hoquet de douleur et mon père me serra plus fort contre lui.

- Vous... Vous avez raison. Nous n'avons jamais rejeté sa différence, nous l'avons juste... ignoré. Ce qui est encore pire. Pardon Jenny.

Rendue muette par le déluge d'émotions qui faisait palpiter mon cœur, je me contentai de lui rendre son étreinte.

- Mon bureau vous est ouvert, ici autant qu'à l'Academy, si jamais vous avez des questions.

Je me dégageai doucement des bras de mon père et me tournai vers le policier.

- Merci, dis-je, sincère. Et j'accepte volontiers votre offre, aujourd'hui.

Contrairement à la fois où, à la fin du cours de Deno, il m'avait donné sa carte, et où j'avais été bien peu réceptive à ses propositions d'aide.

- Merci pour tout, ajouta encore mon père.

Puis McKnight nous raccompagna à la sortie et je m'engouffrai dans la voiture avec mes parents. Ma mère ne me lâcha pas jusqu'à ce que nous arrivions à la maison.



// Je coupe court avant que ça ne s'éternise trop...
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Au Commissariat Empty
MessageSujet: Re: Au Commissariat   Au Commissariat Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Au Commissariat

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Projet Chimère :: 
Daytona Beach
 :: Lieux Privés :: Commissariat
-