// Effectivement...





Le circuit automobile était exceptionnellement fermé pour le week-end, à l'occasion de la grande exposition de vieilles voitures qui y était organisé. J'avais financé une partie du projet et j'avais donc mes tickets d'entrée. J'avais prévu d'y aller avec Mila, mais elle avait du partir à l'autre bout de la ville régler une question administrative au nom de la concession. J'étais donc seul... ou presque.

Bâti comme une armoire à glace, musculature imposante et regard menaçant, John Vosgan me suivait comme mon ombre. J'avais toujours été contre l'idée d'avoir un garde du corps. Je trouvais cela... arrogant. Et monstrueusement cliché. Je ne voulais pas renvoyer cette image et puis, je n'avais pas besoin de ça. Certes, je n'avais pas que des amis, du fait de ma position dominante dans le monde de l'automobile, mais j'avais pris des cours d'auto-défense, je savais me défendre. J'avais donc toujours refusé d'avoir un Monsieur Muscle collé aux basques. Seulement, depuis que j'avais eu... une altercation avec un de ces mutants incontrôlables, Mila insistait pour que je sois accompagné d'un protecteur, au moins lors de mes déplacements publics.

J'avais refusé net. Je ne voulais pas d'un garde du corps. Ce serait reconnaître ma faiblesse, et faire le jeu de Blake. Celui-là... Il n'avait du qu'à l'intervention de McKnight de ne pas se retrouver avec un procès au fesses. Et ça me démangeait encore. Seulement Mila avait rétorqué que Blake n'était pas la seule menace. Il y avait une multitude de mutants dans la ville, et tous n'étaient pas à découvert. N'importe lequel pouvait prendre une mauvaise initiative et l'éclat de Blake avait peut-être donné des idées à d'autres, plus dangereux que ce petit mécanicien. Bref, avoir un garde du corps servirait non seulement à me protéger, mais aussi de force de dissuasion. Après tout, j'étais le principal instigateur du mouvement anti-mutant, j'étais le visage même de cette cause. Donc, une cible toute désignée...

Je prenais donc mon mal en patience et laissait Vosgan me suivre bien gentiment.

J'avais donc retrouvé sur place Steven Alder, l'un des organisateurs, et il me faisait à présent faire le tour de l'expo, sous le regard vigilant de mon armoire à glace personnelle. Alder était un vrai passionné, il sillonnait le pays tout entier pour trouver de vieux modèles ou des pièces d'origine, et avec ses collaborateurs, il rénovait entièrement ses merveilles des temps passés. Seulement, cette passion avait un coût. Et depuis que j'avais accepté de financer une partie de l'expo, il me tournait autour dans le but d'obtenir des fonds pour ses activités. Je retins un sourire. J'avais compris depuis un moment qu'il espérait que je finance son projet, mais j'attendais qu'il aborde lui-même le sujet.

- Et voilà le clou de l'expo ! annonça fièrement Steven.

Il désignait une Triumph GT6, authentique et en parfait état ! Je laissai échapper un sifflement admiratif.

- Sacré bijou !
- La pièce maîtresse. Il nous as fallu 6 ans pour rassembler les pièces et la remettre en état.
- Elle roule ?
- Elle roule très bien. D'ailleurs, on organise un tirage au sort. Les deux gagnants auront droit à un tour de piste au voulant de cette petite merveille.

Je me tournai vers lui, un sourire de gamin aux lèvres.

- Où est-ce qu'on s'inscrit ?

Il éclata de rire avant de me guider vers le guichet adéquat. Je le suivis, sans remarquer, derrière moi, un mécano de campagne, qui bavait littéralement sur le sol.






// Je te laisse annoncer le résultat du tirage au sort ? =)

Une annonce diffusée à travers les haut-parleurs indiqua que le tirage au sort allait avoir lieu. Je m'avançais de l'estrade en compagnie de Steven Alder tandis que la majorité des personnes présentes se rassemblaient, sourire impatient aux lèvres.

- Vous avez eu beaucoup de participation ?
- Plus que je ne l'aurais imaginé, avoua Steven.

Tout le monde, ou presque, avait jeté un papier à son nom dans la grande urne. Le tour de piste offert était vraiment l'attraction du jour. Le présentation - un employé du circuit que je reconnus, un certain Olsen, ou Olden - rappela le prix offert avant de plonger la main dans l'urne et d'en ressortir un billet qu'il déplia consciencieusement. Jouant un peu du suspens mais sans en dire trop, il annonça le nom du premier vainqueur.

- Matthew Rover !

Un sourire surpris déchira mes lèvres alors que les applaudissements retentissaient. Sincèrement, je ne m'y attendais pas. Bon, même si je n'avais pas gagné, j'aurais certainement pu m'arranger avec Alder pour piloter quand même le bijou, mais j'étais tout de même heureux d'avoir gagné. Je n'étais pas un adepte des jeux de hasard. Et ça fait toujours du bien de voir qu'on a de la chance.

- Maintenant, monsieur Rover, voudriez vous s'il vous plait nous faire l'honneur de tirer et d'annoncer le second chanceux - ou la seconde chanceuse du jour ?
- Avec plaisir.

Je rejoignis le présentateur et saluai le public. Je me penchai vers l'urne et en tirai un billet que je dépliai. Oh Pu-Tain. Pas si chanceux que ça, en fait, Matt. Je dirais même, quelle poisse. Parmi toutes les personnes présentes, parmi tous les billets qu'il y avait dans cette urne, il avait fallu que je tire celui-là. Il avait fallu que ça tombe sur lui. J'étais peut-être maudit pour que le destin d'acharne ainsi sur moi.

- Allez-y, lisez le papier que vous venez de saisir.

La voix de Olsen - ou Olden - me tira de mes pensées. Ah oui, parce qu'en plus, il fallait que ce soit moi qui l'annonce ! Allez reprends tes esprits, Matthew, tu as l'habitude de dire ce que tu ne penses pas, de jongler entre vérité, sous-entendu et mensonge dans ton travail.

- William ... Blake... Jr.

Pourtant le nom était plus difficile à prononcer qu'il n'y paraissait.

- Est-ce que William Blake peut venir nous rejoindre au stand central ? Vous pouvez aussi l'applaudir.

Alors que les applaudissements retentissaient, j'aperçus sa silhouette se frayer un chemin jusqu'à nous. Il n'avais pas changé. Il affichait toujours cet air goguenard et arrogant. Ce type se croyait littéralement le centre du monde. Même s'il n'avait pas été un de ces mutants incontrôlables et dangereux, je crois que je n'aurais pas pu le voir en peinture. Je sentis Vosgan se raidir derrière moi. Ah, ça y est, il venait de s'apercevoir que le jeune Blake n'était pas inconnu au bataillon. Et pour cause, c'est à cause de lui que je suis contraint de me balader avec Mr Armoire A Glace aux basques.

Blake monta sur l'estrade, échangea quelques poignées de main, avant d'arriver devant moi, sourire crâneur, main tendue. Oh, comme je regrettai de ne pas avoir pu lui coller un procès au cul, la derrière fois. Je rêvais de voir disparaître ce sourire narquois. Mais ne laissant rien paraître, j'affichai à mon tour un sourire amusé et lui serrai la main.

- Sympa ton boy-scout. Il y avait une promo chez les men in black ?

Avant que j'ai pu trouver une répartie cinglante - ou lui broyer la main qu'il me tendait - Steven Alder vint se glisser entre nous, nous tenant chacun par une épaule.

- Alors les gars, prêts pour la piste ?

Il nous conduisit jusqu'à la ligne de départ, où la Triumph avait déjà été installée par ses collaborateurs.

- Bon alors, je vous explique. On va faire un premier tour tous les trois, je piloterai. Puis, Mr Blake, étant le plus jeune, vous aurez l'honneur de commencer. Et enfin, viendra le tour de Mr Rover. Prêt ?

J'acquiesçai avant de reculer un peu pour glisser quelques mots à Vosgan à l'abri des oreilles indiscrètes.

- Vous restez en dehors de ça.
- Mais monsieur...
- C'est un ordre.

Je me détournai avant qu'il ait pu protesté. J'étais furieux. Contre lui, contre Blake. Mais j'avais suffisamment d'expérience pour le masquer. Steven prit le siège du pilote, Blake se retrouva en passager avant et j'échouai sur le minuscule siège arrière. De mieux en mieux. Vraiment.

Alder démarra et fit son tour de piste. Mais je n'en profitai pas tellement, entre la position inconfortable dont j'avais écopé et le sourire crâneur de Blake à l'avant, qui semblait me poursuivre. Je masquai mon soulagement lorsque le tour fut terminé et que je pus sortir de là. Mais un léger sourire m'échappa. Ah, ça, la Triump était une voiture de course, pas un mini-bus de voyage. Il me tardait de l'avoir en main. Alors que Vosgan, parmi la foule, me fixait d'un air anxieux, je m'avançai vers Blake, qui s'apprêtait à prendre la place tant convoitée du pilote.

- Que dirais-tu de pimenter un peu la chose ? Une course ? A celui qui fait le meilleur score...

Steven Alder, qui m'avait entendu, vint précipitamment nous rejoindre.

- Ah, on est joueur, à ce que je vois ! Mais rappelez-vous, prudence avant tout ! Ce sont des pièces de collections...
- Ne t'inquiètes pas, Steve. Elle n'aura pas une seule égratignure, assurai-je.

Je me tournai vers Blake.

- Qu'en dis-tu ? Tu relève le défi ?

De la pure provoc. Une occasion de lui rabattre son claquet aussi, mais pas seulement. C'était aussi une manœuvre destinée à montrer à Alder les possibilités qu'il y avait à courir avec de telles voitures. Car j'avais bien l'intention de lui parler de mon idée de course "à l'ancienne"...

J'avais lancé un défi à Blake, souhaitant transformer ce simple tour de piste en course un peu plus... pimentée. Mais le but n'était pas seulement de remettre ce sale mutant à sa place, la manœuvre avait aussi pour but de montrer à Steven Alder les possibilités qu'il y avait à courir avec ses pièces de collection.

- Tu crois que je vais me dégonfler ?

Je retins un sourire. Regardez-le se gonfler comme un coq et démarrer au quart de tour. C'était presque trop facile.

- Etant donné que je n'ai jamais piloté sur circuit, on peut pas dire que tu prennes des risques.
- Tu peux toujours refuser...

Blake se tourna vers Steven Alder, qui nous observait, non sans une certaine anxiété.

- Vous faites le chrono ? Il nous faut un juge impartial.

Je haussai un sourcil. Il avait peur que je triche, ou que je désigne un juge à ma botte ? C'était puéril. Même si je ne pilotai qu'à titre d'amateur, je me refusais à la triche. Et je prenais un soin particulier à ce qu'aucune tricherie n'ai lieu eu sein de mon écurie. Cela gâcherait le sport.

Mais d'un autre côté, et même si l'ignorait, cela m'arrangeait qu'il demande à Alder de nous départager. Dans le rôle de juge, Steven aurait la meilleure place pour apprécier le spectacle.

Nous remontâmes dans la voiture et dès le top départ, Blake démarra sur les chapeaux de roues. Il avait une conduite brute, mal dégrossi mais il allait droit au but et atteignit la ligne d'arrivée plus vite que je ne l'aurais imaginé. Je grinçai des dents. Ce salopard ne conduisait pas comme un manche à balai, j'étais bien obligé de le reconnaître. Il stoppa dans un crissement de pneus... un brin excessif. Quel crâneur ! Il ne pouvait décidément pas s'en empêcher, un vrai gamin. On descendit de voiture.

- ça c'est un vrai bolide ! Waoh. Fait gaffe, ça patine un peu sur la 5ème.

Je ne l'écoutai que d'une oreille discrète, observant les alentours. Les stands avaient été désertés, les gens étaient tous regroupés autour de la piste. Si le tirage au sort avait été la principale attraction de la journée, notre petite course était la cerise sur le gâteau. Et le fait qu'elle m'oppose à Blake accentuait encore l'intérêt du public. Car bien évidemment, ces gens savaient qui j'étais, et étaient également au courant pour l'altercation que j'avais eu avec lui quelques temps plus tôt. Mon petit défi improvisé était en train de prendre des proportions insoupçonnées.

Je me notai mentalement de contacter mon attachée de presse dès la course achevée.

Mais le plus important, c'était Alder. Il observait l'enthousiasme du public avec un air mitigé, mi surpris, mi amusé. Bon signe, ça. Très bon signe. Un sourire satisfait m'échappa. Je remontai dans la Triumph, place du pilote, suivi de Blake. Je me mis en position sur la ligne de départ et attendis le signal de Steven. Au top départ, la voiture bondit en avant. C'était différent des voitures de mon écurie. La Triumph était plus... capricieuse, demandait plus de doigtée, mais après un ou deux virages, je la pris bien en main et en tirai le maximum. Bon sang, c'était encore mieux que d'habitude. Il fallait vraiment que je persuade Alder d'organiser cette course de vieilles voitures ! Je franchis la ligne d'arrivée sourire aux lèvres.

- Oh pu-tain !

On sortit de voiture et Steven se précipita vers nous.

- C'est de la folie, les gars ! s'exclama-t-il.

Le public attendait avec impatience les résultats de cette course improvisée, et je dois dire que moi aussi. Je n'étais pas certain du résultat. Blake s'en était tiré mieux que je ne l'avais escompté et il m'avait fallu un peu de temps avant d'avoir la Triumph en main. Le présentateur de tout à l'heure - Olsen ou Olden, je n'arrivais décidément pas à me souvenir - nous rejoignit avec un sourire impatient et un micro.

- Et bien, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, quelle course ! Quel spectacle ! Je vois que vous n'en avez pas raté une miette. Et je sais ce que tout le monde se demande : qui, du gérant de la plus grande concession de la ville, Matthew Rover, ou du jeune William Blake, a fait le meilleur score ?

Cris du public. Un peu trop tape à l'œil à mon goût, mais Alder semblait aux anges.

- Je laisse à l'organisateur de cette course, Steven Alder, l'honneur d'annoncer les résultats.

Bon, théoriquement, c'était moi qui avait lancé l'idée de la course, mais je ne fis aucune remarque. Au contraire, si Steve pouvait avoir le beau rôle, ça m'arrangeait. Le présentateur donna le micro au rénovateur de voiture, qui souriait jusqu'aux oreilles.

- Et bien, je dois d'abord vous annoncer que les résultats sont très serrés : à peine onze dixièmes de seconde d'écart entre nos deux coureurs ! Un écart si faible, que j'ai décidé... de déclarer Messieurs Rover et Blake ex-aequo !

La nouvelle me resta en travers de la gorge. J'avais certes très bien réussi mon coup vis-à-vis d'Alder, mais je dois avouer qu'une victoire écrasante sur Blake m'aurait fait encore plus plaisir. Tant pis, je me contenterais de cet écart de onze secondes.

- A titre d'information, Mr Blake, premier a avoir concouru a fait un score de 2 min 36 sec et 16 dixièmes. Quand à Mr Rover, il s'en tire honorablement avec un score de 2 min 36 sec et 27 dixièmes.

Je restai incrédule. Quoi ? Quoi ? Quoi ? J'avais... perdu...

Perdu. J'avais perdu contre cet abruti arrogant de Blake. Il m'avait battu. Sur mon terrain, sur mon territoire. Oh, le salopard. J'aurais du envoyer McKnight se faire foutre la dernière fois et coller à ce petit mécanicien de merde le plus grand procès de de l'Histoire. Oh putain de merde.

- Je partais avec un avantage, je roule en Camaro SS de 69, j'ai l'habitude des vieilles voitures, sans assistance d'aucune sorte. Et je t'avais prévenu que la cinquième patinait un peu.

Oh, épargnes-moi ta fausse modestie, du con. Ce minable exultait et prenait un plaisir malsain à me narguer. Mais il le regretterait. Oh ça, oui. Je ne savais pas encore comment je me débrouillerais, mais j'ôterais ce sourire crâneur de son visage.

Sourire goguenard aux lèvres, il se tourna vers Alder.

- Vous avez une voiture d'exception en excellent état. Si je peux me permettre, ne la laissez pas croupir dans un garage ou une expo... Un bolide pareil, ce n'est pas fait pour prendre la poussière, c'est fait pour déchainer les passions, comme vous avez pu le voir. Je pense que même en moto, je n'arriverais pas à égaler les sensations qu'on a au volant de la Triumph.

Alder eut un petit rire. Un brin forcé le rire.

- Allons, allons, ce sont des pièces de collections, avant tout !

Pourtant il avait répondu trop vite, trop précipitamment. Nerveux, il donna une tape dans le dos de Blake avant de s'en aller, prétextant devoir parler à ses collaborateur. Mais ça crevait les yeux que l'idée n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, même s'il en faudrait un peu plus pour lui faire sauter le pas.

De mon côté, je m'étranglai presque de rage. Je rêve ou ce minable de Blake vient de marcher sur mes plates-bandes ? Oh le con. Et il ne se doute même pas de l'enjeu de cette course improvisée. Il ne réalise même pas les conséquences possibles de ses paroles. Ce sale mutant était en train de m'aider à convaincre Alder de réaliser mon projet. Je ne sais pas ce qui était le pire. Qu'il m'aide ou qu'il le fasse sans même le savoir. C'était juste... enrageant.

Je me remémorais les paroles de Gregory, qui avait émit l'idée de coupler la course en faveur de White Lullaby et celle avec les voitures d'Alder. Et le concept prit soudain une toute autre dimension. Si je pouvais persuader Steven de rejoindre la cause anti-mutante et de participer à la course pour White Lullaby... Les entrées d'un tel évènement serait bien entendu filtrées, il serait absurde de laisser entrer des mutants alors que la Fondation cherche à réparer les dégâts qu'ils occasionnent. Ce serait parfait. Blake réaliserait alors qu'il avait participé à la réalisation d'un tel projet... auquel il n'aurait pas le droit d'assister.

Je me décrispai quelque peu et un petit sourire satisfait vint même déformer mes lèvres. Oh, oui. Ce serait le début de ma vengeance. Blake venait d'instaurer les bases de sa future chute.

- Savoure ta victoire, dis-je en glissant les mains dans les poches de mon pantalon de costume.

Elle ne durera pas.

Les gens commèrent à s'éparpiller et mon armoire à glace personnelle put enfin de frayer un chemin jusqu'à moi. Le colosse se plaça automatiquement entre moi et Blake, bras croisés, buste en avant, regard menaçant. Je levais les yeux au ciel.

- Bon sang, Vosgan, arrêtez votre petit numéro puéril. Vous vous ridiculisez...
- Mais Monsieur, c'est cet homme qui...

Ah non, il n'allait quand même faire à Blake le plaisir de lui apprendre que c'était sa faute si je me coltinais un garde du corps obtus et stupide.

- Allez donc vérifier que la loge est bien réservée à mon nom, coupai-je d'une voix tranchante. Vous vous rendrez utile pour une fois...

Il me regarda d'un air ahuri, puis finit par s'éloigner. Bon, c'était décidé, je le renvoyais dès la fin de la journée, tant pis pour les inquiétudes de Mila.

Blake m'avait battu. De quelques centièmes de seconde à peine, mais il m'avait battu. Seulement sa joie ne durerait pas, je m'en assurerais personnellement. Aussi lui conseillai-je de savourer sa victoire. Elle était condamnée à être éphémère.

- Parce qu'en plus, il me faut ta permission.
- Ce n'est pas une permission.

J'étais hautain. Mais ce gars me tapait vraiment sur le système. Pour couronner le tout, voilà que mon armoire à glace de service se la ramenait en jouant le petit rôle minable du garde du corps consciencieux. Je le rembarrait d'un ton sec, l'envoyant faire une tâche inutile juste pour qu'il me lâche deux minutes.

- Dressé au poil. Il te donne aussi la papatte si tu lui demandes ?
- Plus pour longtemps, laissai-je échapper malgré moi.

Il était hors de question que je garde un abruti pareil à mon service. Et puis, je n'avais pas besoin d'un garde du corps, n'en déplaise à Mila.

- En tout cas, c'était plutôt fun.

Je serrais les dents. Vas-y profite de ta victoire, profite. Tu n'imagines même pas à quel point tu vas déchanter. Mais avait que j'ai pu trouver une répartie subtile, un rouquin dégingandé qui se déplaçait comme s'il était saoul, ou ostensiblement gay - ou les deux, allez savoir - arriva droit vers Blake.

- Nom de Dieu, Billy, où t'as appris à conduire comme ça ? Pas étonnant que ton frère ne te laisse pas sa voiture très souvent.

Il lui flaqua un coup de poing sur l'épaule, façon "viril", c'était pitoyable. Je le reconnus enfin. Il bossait avec Blake dans ce petit garage de Elm Street, mais je ne retrouvais pas son prénom. C'était sans importance.

- Joli course, vous avez assuré.

Je me contentais d'un sourire hypocrite comme réponse.

- Vous m'excuserez, mais j'ai à faire...

J'avais suffisamment perdu de temps en leur compagnie. Il était plus que temps que je rejoigne Alder. Nous avions à parler, lui et moi.




HJ : Pas fantastique, comme réponse, mais tu auras compris que j'étais pas très inspirée...